Sans capital risque, point de salut pour l'économie française

Les industries du siècle dernier ne peuvent rien changer au marasme économique actuel. Seules les entreprises innovantes sont susceptibles de relancer l'économie. Sans politique volontaire en matière de capital risque la France restera engluée dans la crise.

La mondialisation des marchés est une menace pour les jeunes pousses et une opportunité pour les entreprises de croissance.
Exposées dès leur création à la concurrence internationale, les créateurs d’entreprises innovantes françaises  s’époumonent  à trouver les aides et fonds permettant de financer leur R&D et leur besoin en fonds de roulement.

Sans modèle économique avéré, point de salut !

Quelle aurait été la probabilité de réussite d’Amazon, Google, Facebook, YouTube ou Twitter, dans l’hexagone ? La plupart de ces sociétés ont peiné à atteindre le seuil de rentabilité avant leur cinquième anniversaire et certaines n’ont toujours pas de modèle économique lisible; au sens où l’entendent les fonds d’investissements tricolores.
Inversement, combien parmi les 50% d’entreprises françaises qui rendent les armes avant d’avoir soufflé leurs cinq premières bougies, poursuivraient l’aventure si elles voyaient le jour sous de meilleurs auspices.
Coincées entre des concurrents gonflés aux subventions à l’Est et dopés au capital risque à l’Ouest, nos jeunes entreprises innovantes ont bien peu de chance de devenir des entreprises de croissance. 

Pourquoi la France doit encourager massivement le capital risque ?

Le salut de notre économie ne réside pas dans notre capacité à ralentir l’inexorable déclin des filières industrielles du siècle dernier ; il est en germe dans les start-ups qui inventent les métiers de demain.
Outre atlantique, au cours des vingt dernières années, les start-ups ont créé dix fois plus d’emplois chaque année que toutes les autres entreprises âgées de plus de deux ans. Dans les nouvelles technologies, la vitesse d’exécution est au moins aussi importante que l’innovation elle-même et l’accès au capital risque constitue un formidable accélérateur. Sans politique volontaire en la matière, nous pénalisons nos talents sur l’échiquier mondial et privons notre économie de toute chance de rebond.
Une politique ambitieuse en matière de capital risque traduit la confiance d’un pays dans la capacité de sa jeunesse à faire fructifier les richesses créées par la génération précédente. Force est de constater que cette confiance nous fait cruellement défaut et que nous préférons indemniser chichement l’inactivité de notre jeunesse que de subventionner son travail.

Comment mettre en place une politique audacieuse de capital risque ?

Le premier défi, dans un pays plus obsédé par le nombre de gens riches que par celui des pauvres, est politique. Il faut accepter de rémunérer le risque à un taux extrêmement attractif, permettre aux entrepreneurs et capitaux risqueurs de défalquer les pertes enregistrées sur leurs investissements malheureux de leurs gains actuels, mais surtout, à venir, pour les encourager à multiplier les opérations.
Le second défi est culturel. Il faut accepter un taux d’échec élevé et encourager les créateurs à récidiver. Leur expérience est un gage de réussite pour leur prochain projet. C'est pourquoi, le terme de « serial entrepreneur » ne devrait plus être l’apanage des entrepreneurs à succès. Il devrait réunir tous ceux qui n’ont de cesse d’essayer car ils incarnent l’espoir dont notre pays a grandement besoin.