Le private equity ne sait plus quoi faire de sa pile d'argent

Le private equity ne sait plus quoi faire de sa pile d'argent La fameuse poudre sèche, l'argent collecté par les fonds mais pas encore investi, atteint un niveau record de 862 milliards de dollars. Mais il est difficile de trouver des deals à des prix raisonnables et les options de sortie se font rares.

Avoir trop d'argent serait-il paradoxalement le plus gros problème à avoir pour un fonds de private equity? C'est le dilemme auquel la classe d'actifs semble bien confrontée, dans un environnement surliquide où les rendements sont au plus bas. Selon Preqin, la poudre sèche du private equity – les capitaux levés par les fonds mais qu'ils n'ont pas encore investis - atteint 862 milliards de dollars, un montant en hausse de 14% sur un an et qui représente un record depuis 2008, selon les données de Preqin. Tandis qu'en parallèle, les dépenses totales de M&A dans le monde on reculé de 13% depuis l'an passé, selon Bloomberg.

De nombreuses firmes aux poches pleines se disputent les meilleurs actifs, ce qui tire les prix à la hausse

Résultat : de nombreuses firmes aux poches pleines se disputent les meilleurs actifs, ce qui tire les prix à la hausse. Sans compter que d'autres acteurs, comme les investisseurs chinois et les fonds souverains, viennent de plus en plus les concurrencer sur les mêmes cibles. Cela se ressent déjà sur les prix des transactions : les fonds de LBO paient une prime moyenne de 31% selon Bloomberg, soit un record depuis huit ans. Les multiples s'envolent et certains actifs vendus par des fonds de private equity sont mis à prix autour de 12-13 fois l'Ebitda alors que le reste du secteur est valorisé autour de 9 fois. De quoi inciter les fonds à la plus grande prudence, comme la firme 3i vient de le rappeler lors de la présentation de ses résultats trimestriels : "avec autant de poudre sèche amassée dans les dernières années, il est très important de maintenir une discipline de process et de prix". Un véritable challenge lorsqu'il s'agit de créer de la valeur et de revendre le même actif au bout de cinq à huit ans.

D'autant que la demande s'est de son côté renforcée, avec la multiplication des acteurs. Les investisseurs chinois ont par exemple dépensé 230 milliards de dollars cette année, soit plus du double par rapport à l'an passé, selon Bloomberg. En France, ils ont mis la main sur l'aéroport de Toulouse-Blagnac, le Club Med, Pierre et Vacances, le groupe Sandro Maje, Claudie Pierlot mais aussi les hôtels Campanile et Kyriad en l'espace de quelques mois. Par ailleurs, les fonds de pension canadiens et les fonds souverains, traditionnels investisseurs dans la classe d'actifs, investissent de plus en plus en direct. Selon Marco de Benedetti, managing director chez Carlyle, "En règle générale, c'est une bonne chose d'avoir plus d'acteurs. D'un côté, c'est un concurrent de plus, comme les corporates, mais c'est aussi une nouvelle solution de sortie".

Cela pourrait être salutaire, surtout qu'une autre option de sortie, les IPO, est plus difficile à réaliser à l'heure actuelle. Les sorties du private equity par introductions en Bourse ont levé 18,3 milliards de dollars cette année, selon Bloomberg, soit moitié moins que l'an passé à la même époque. Cela est lié à la volatilité due au vote sur le Brexit et aux élections américaines, et la voie pourrait être plus favorable l'an prochain. En attendant, faute d'alternative sur les marchés, ce cas de figure a aussi l'avantage de ramener les prix des transactions privées à la raison.

Article originel publié sur WanSquare le 25/11/2016.

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