Epargne salariale : Epsor lève 6 millions d'euros pour s'attaquer aux ETI

Epargne salariale : Epsor lève 6 millions d'euros pour s'attaquer aux ETI La fintech, qui a collecté plus de 40 millions d'euros d'encours en moins d'un an, prévoit de recruter 35 personnes d'ici janvier prochain.

Après les comptes courants pour les particuliers et les professionnels, les prêts aux entreprises ou encore le paiement international, les banques sont attaquées sur l'épargne salariale. Epsor a été la première fintech française à dévoiler une offre 100% en ligne en septembre 2018. Deux mois après son lancement, la start-up réalisait une première levée de fonds de 1,3 million d'euros. Elle remet déjà le couvert avec un tour de table de 6 millions d'euros auprès de BlackFin Tech et de son investisseur historique Partech.

Ce financement va lui permettre d'attaquer le marché des ETI. "Nous avons actuellement des prospects qui ont 4 000 à 5 000 collaborateurs", indique Julien Niquet, cofondateur et CEO d'Epsor. A l'origine, Epsor s'adressait aux PME, qui sont seulement 20% à proposer de l'épargne salariale à leurs salariés contre 93% des entreprises de plus de 1 000 salariés, d'après la jeune pousse. Un marché trusté par trois grands acteurs : Amundi (groupe Crédit Agricole), Natixis Interépargne (groupe BPCE) et CM-CIC ES (groupe Crédit Mutuel Alliance fédérale).

Epsor se différencie de ces établissements traditionnels par la simplicité de sa plateforme et de son application mobile, une grande transparence sur les frais prélevés et les frais d'entrée et assure être "trois fois moins cher" sur le segment TPE-PME. Epsor propose également des fonds en direct et pas une structure qui investit dans des fonds. Epsor ne gère donc pas directement l'épargne mais collabore avec des sociétés de gestion dont Fidelity et la Financière de l'Echiquier. Elle s'appuie également sur l'agrément de teneur de compte de Société Générale. Aujourd'hui, la fintech revendique une centaine d'entreprises clientes, dont le cabinet AT Kearney, et plus de 4 000 salariés bénéficiaires. L'encours total collecté s'élève à 40 millions d'euros. Objectif : 100 millions d'euros d'ici la fin d'année et le milliard en 2021.

Devenir un conseiller sur l'épargne

La levée de fonds va aussi servir à transformer Epsor en conseiller sur l'ensemble des problématiques de l'épargne. "Il y a un déficit dans le conseil financier en général et ceux qui ont accès à ces conseils le font forcément via leurs banques privées", fait remarquer Benjamin Pedrini, cofondateur et COO d'Epsor, qui détient un statut de conseiller en investissements financiers (CIF). Aujourd'hui, la jeune société conseille à titre individuel les salariés bénéficiaires de sa plateforme sur l'allocation de leurs actifs via un robo-advisor maison. La fintech assure que 90% des utilisateurs suivent leurs conseils. Pour l'avenir, la start-up réfléchit notamment à un service d'agrégation de compte.

"Nous avons actuellement des prospects qui ont 4 000 à 5 000 collaborateurs"

 

Le tour de table permettra également à Epsor de sortir de nouveaux produits. En octobre prochain, elle proposera une solution d'épargne retraite en ligne, suite à la loi Pacte qui crée un PER (plan épargne retraite). L'épargne retraite en France représente aujourd'hui, en individuelle et en collective, un encours de 200 milliards d'euros.

Pour soutenir ces développements, Epsor a pour objectif d'atteindre les 60 salariés d'ici janvier 2020 (contre 25 aujourd'hui) en recrutant un tiers de commerciaux et de profils marketing, un tiers de profils produits et tech et un tiers sur l'accompagnement des entreprises. 

La start-up, qui ne communique ni son chiffre d'affaires ni une prévision, assure que l'année 2019 sera un succès car elle "ressent déjà les bénéfices de la loi Pacte", confie Julien Niquet. Le texte, adopté par le Parlement le 11 avril dernier, pousse les entreprises à s'équiper d'un plan épargne salariale et propose des incitations fiscales pour pousser les épargnants individuels à se constituer une épargne retraite. Il a aussi supprimé le forfait social à 20% pour les entreprises de moins de 250 salariés (ce volet a été voté dans la loi de financement de la sécurité sociale en décembre 2018 pour une entrée en vigueur le 1er janvier 2019). Avec ces mesures, Bercy veut doubler le nombre de bénéficiaires dans les PME. Et Epsor compte bien en profiter.