Spendesk lève 18 millions de dollars pour gérer les dépenses d'entreprise

Spendesk lève 18 millions de dollars pour gérer les dépenses d'entreprise La fintech française compte recruter près de 100 personnes d'ici juin 2021 et trouver le bon modèle aux Etats-Unis. Ce nouveau financement provient entièrement d'Eight Road Ventures, fonds backé par l'américain Fidelity.

Il y a toujours de l'argent disponible pour les start-up. La preuve avec la nouvelle levée de fonds de 18 millions de dollars de la fintech française Spendesk, qui porte son montant total levé à 68,5 millions de dollars. Ce nouveau financement provient entièrement d'Eight Road Ventures, fonds d'investissement backé par le gestionnaire d'actifs américain Fidelity. La société de gestion, qui a une antenne à Londres, injecte des tickets compris entre 10 et 30 millions de dollars. Et les Français sont de plus en plus nombreux à en recevoir. "Les entreprises françaises arrivent enfin sur des tailles qui nous intéressent, c'est très nouveau. En termes de volumes de transaction chez nous, la France est passée devant l'Allemagne", raconte Lucile Cornet, principal chez Eight Road Ventures. Les fintech font partie des start-up les plus en vue chez ce VC. "Une des tendances qui nous intéresse concerne les entreprises qui offrent du paiement, combiné avec une plateforme logicielle. C'est un modèle vertueux car il y a deux sources de revenus : le pourcentage sur l'utilisation de la carte et l'abonnement au logiciel", souligne l'investisseuse.

"Pendant le confinement, notre business s'est accéléré même si les dépenses professionnelles de voyage ont diminué"

C'est justement ce que fait Spendesk. Créée en 2016 au sein du start-up studio eFounders, cette fintech a développé une solution de gestion des dépenses opérationnelles pour les entreprises de 10 à 250 salariés. Elle comprend notamment des modules de gestion de notes de frais, d'émission de cartes virtuelles et physiques ou encore de paiement des factures fournisseurs. Il est possible de suivre toutes les transactions en temps réel, définir des politiques de dépenses, déterminer des flux de validation et automatiser des tâches de reporting et de comptabilité.

Trouver le bon modèle américain

Aujourd'hui, plus de 2 000 entreprises utilisent Spendesk, dont des noms connus comme Algolia, Doctolib ou encore Sézane. Plus de 50% de ses clients sont étrangers. La start-up est implantée à Berlin et Londres et depuis un an à San Francisco, où la jeune pousse est en phase exploratoire. "Nous ne sommes pas encore lancés. Une équipe est basée aux Etats-Unis pour mieux comprendre le marché car les problématiques sont les mêmes mais la culture, les moyens de paiement et la concurrence sont différents", souligne Rodolphe Ardant, CEO de Spendesk. La levée de fonds va d'ailleurs lui permettre d'accélérer sur ses marchés européens, et d'explorer d'autres pays, sans qu'il ne précise lesquels. En Europe, deux autres acteurs se sont imposés : le danois Pleo et l'italien Soldo. "Spendesk est plus adaptée pour les entreprises de grandes tailles. Elle pourra facilement croître avec ses clients", indique Lucile Cornet.

Côté produit, Spendesk travaille sur de nouveaux systèmes de contrôle, de suivi de dépenses et la mise en place de budgets financiers, sans en dire plus. Elle met également la priorité sur l'intégration de sa solution au sein des logiciels comptables.

100 nouveaux clients par mois

Cette levée de fonds est aussi là pour supporter la croissance connue depuis le début de la crise liée au Covid-19. "Pendant le confinement, notre business s'est accéléré même si les dépenses professionnelles de voyage ont diminué. Les salariés ont toujours eu besoin d'effectuer des dépenses pour leur travail mais se sont souvent retrouvés à distance sans moyen de paiement. Ils se sont rendus compte qu'en télétravail la récupération des justificatifs de dépenses ou encore le traitement des factures, encore beaucoup en papier, ne pouvaient plus fonctionner", raconte Rodolphe Ardant. "Les équipes financières ont aussi porté davantage leur attention sur le cash et rationnalisé les dépenses. Spendesk, qui trace les dépenses de bout en bout et en temps réel leur apporte une vraie valeur", ajoute-t-il. En juin et juillet dernier, Spendesk enregistrait plus de 100 nouveaux clients par mois, un record d'après le cofondateur. Et les revenus issus des abonnements ont augmenté de 4 à 5% par mois.

Pourtant, la start-up avait encore beaucoup de cash en banque, suite à sa levée de 35 millions d'euros en septembre 2019, à en croire le dirigeant. "Nous n'avions pas vraiment besoin de lever mais on pense qu'il ne faut pas forcément lever quand on en en a besoin. Et on ne sait pas comment va être le marché du capital investissement dans les prochains mois", élude Rodolphe Ardant, qui investira aussi une partie des 18 millions de dollars dans les équipes. Aujourd'hui forte de 215 salariés, la jeune société compte passer à 300 d'ici juin prochain.