La Fintech n'a pas besoin d'une énième application bancaire, mais de software

Nous avons assisté à une explosion des fintech dédiées aux besoins spécifiques des PME et freelances (ex : Qonto, Tide, October…) mais où sont les logiciels et/ou les fintech dédiés aux corporates.

Au cours des dernières années, nous avons assisté à une explosion des fintechs dédiées aux besoins spécifiques des PME et freelances, à l’image de Qonto, Tide, October ou encore de Market Invoice. Mais les fintechs dédiées aux grandes entreprises ou corporates ont été beaucoup moins nombreuses dans ce domaine, alors que ces sociétés représentent, à titre d’exemple, 50% de l’économie au Royaume-Uni. 

Et contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, celles-ci ne sont pas nécessairement mieux outillées. Au contraire, elles disposent souvent d'un système SAP personnalisé complexe à utiliser et à mettre à jour (Oracle, Microsoft...), et souvent coûteux. En somme, un écosystème qui nécessiterait d’être modernisé. 

Un besoin d’innovation au service des grandes entreprises

De par leur conception quelquefois tentaculaire, ces entreprises utilisent de nombreux comptes bancaires différents, sans agrégation et avec une authentification incohérente des utilisateurs, les privant d'une connaissance en temps réel de leur trésorerie. De plus, si l'entreprise a réalisé des acquisitions, celles-ci fonctionnent probablement encore sur des systèmes financiers distincts mal intégrés. 

Cette complexité et ce manque d'intégration peuvent entraîner d'énormes problèmes au fil du temps. L'effondrement de Greensill et de sa relation complexe avec GFG Alliance n'est qu'un exemple récent des dangers d'une telle opacité.

Les entreprises contournent généralement ce problème en y consacrant du personnel et des process dédiés, se traduisant par des périodes lourdes d’audits mensuels et annuels. Et l'augmentation rapide des exigences réglementaires en matière de reporting ne fait qu'ajouter à la charge.

Nous avons donc désormais besoin d’un nouvel écosystème de fintechs pour concevoir des logiciels qui aident les entreprises à mieux gérer leur trésorerie, à améliorer leur rendement, à effectuer des paiements, et enfin à accéder à des solutions de financement fiables. C'est là que des équipes d’entrepreneurs aguerries - avec la ténacité nécessaire pour résoudre des problèmes complexes et une connaissance maîtrisée des questions liées aux fintech d'entreprise - doivent intervenir. 

Une opportunité de niche, mais très rentable

Les cycles de vente sont longs et il peut être difficile de gagner ses premiers gros clients lorsque l’on est une jeune startup, en particulier dans un domaine aussi sensible que la gestion de la trésorerie des entreprises.  

Cependant, ce n'est pas impossible. On peut notamment voir le succès de sociétés de logiciels d'entreprise dans des domaines clés comme UiPath dans l'automatisation des processus d'entreprise, ou encore Unqork dans les logiciels no-code. De plus, une nouvelle génération de start-ups dans ce domaine se lance progressivement dans la bataille, avec notamment Treasury Spring et Flagstone, pour un marché adressable chiffrable en centaines de milliards. Une taille de marché idéale pour que plusieurs acteurs des logiciels et des fintechs se développe tout en ciblant différents domaines comme:

  • La banque ouverte pour les entreprises : Agrégation de tous les comptes bancaires d'une entreprise pour comprendre et gérer la position de trésorerie et les paiements en temps réel. Par exemple, Treasury Intelligence Solutions est une entreprise européenne de grande envergure qui relève ce défi, mais le marché reste essentiellement nouveau.
  • Les paiements B2B : Les systèmes d'automatisation des paiements et les paiements transfrontaliers de base B2C ont également vu une forte demande de la part du B2B. L'open banking et la réglementation DSP2 semblent encore plus avantageux pour les paiements B2B que pour les paiements B2C, en raison des faibles coûts et de la sécurité élevée.
  • La comptabilité : Au-delà d’une certaine taille, l'utilisation d'un outil comme Xero ne suffit plus et Microsoft Dynamics ou Oracle Netsuite sont souvent adoptés, même s’ils ne sont pas particulièrement populaires. 
  • L'assurance : La plupart des insurtechs se sont attaquées aux consommateurs ou aux PME. Cependant, l'assurance pour les entreprises est un segment de marché énorme mais encore très inefficace. Il y a bien quelques entreprises dédiées, mais malheureusement elles n'en sont qu'à leurs débuts.
  • Facturation électronique et financement de la chaîne d'approvisionnement : Ce domaine a probablement connu le plus d'activité, avec des sociétés de facturation électronique telles que Taulia et Basware qui ajoutent des financements, ainsi que des acteurs du financement tels que Orbian, Tradeshift, C2FO, Modifi et Previse. Cependant, c’est encore un secteur émergent et les nouvelles réglementations (en particulier, la déclaration en temps réel des factures aux autorités fiscales) ont créé de nouvelles opportunités.

Pour tout entrepreneur cherchant à innover dans le secteur de la Fintech, je l’encourage à échanger directement avec les responsables financiers de grandes entreprises et à comprendre et analyser leurs problématiques. Le momentum est parfait pour créer des logiciels financiers dédiés aux entreprises de plus de 250 employés. Et la récompense sera à la hauteur du défi sur un marché actuel, et en constante évolution, de plusieurs centaines de milliards.