Le bâtiment modulaire : l'avenir des infrastructures de santé ?

La crise sanitaire a mis en lumière le manque d'infrastructures de santé, et plus précisément d'infrastructures hospitalières, et la nécessité de s'adapter dans des temps très courts, pour soulager les professionnels de santé, s'adapter aux besoins et sauver des vies. Paradoxalement, le bâtiment modulaire est encore trop peu envisagé comme solution pour remédier à ces enjeux. Il est temps de dépasser les clichés qui ne correspondent plus à la réalité et aux besoins du marché.

Nous avons tous en tête les images impressionnantes des hôpitaux construits à travers le monde dans des temps record pour faire face à l’ampleur du désastre sanitaire. En France, un même besoin de rapidité et d’adaptabilité s’est fait ressentir pour soulager les infrastructures hospitalières mais aussi ouvrir rapidement des centres de dépistages et de vaccination.

Pour faire face, les professionnels de santé se sont parfois tournés vers le bâtiment modulaire : un choix stratégique, économique et écologique, mais encore trop peu répandu au regard des besoins et des enjeux. Car ce type d’infrastructures souffre encore trop souvent de l’image de la "cabine de chantier" qui ne correspond plus – loin s’en faut – à la réalité du marché.

Répondre aux enjeux de rapidité et d’adaptabilité du secteur…

Dans l’épisode de crise sanitaire que nous traversons actuellement, le modulaire a pour principal avantage de permettre aux acteurs de la santé de disposer parfois en moins de 48 heures d’infrastructures adaptées à leurs besoins, tant en matière d’espace qu’en matière d’équipements. On estime en effet qu’opter pour un bâtiment modulaire permettra en moyenne de diminuer de 50% le temps nécessaire pour construire des chambres d’Ehpad par exemple ou qu’il ne faudra pas plus de quelques semaines pour livrer un cabinet médical entièrement équipé. Ces enjeux ne sont pas à négliger dans un contexte de vieillissement de la population et des structures d’accueil qui pèsent sur les systèmes de santé.

Au-delà du gain de temps, le recours au modulaire a également pour intérêt d’offrir aux professionnels de santé la possibilité de pouvoir faire évoluer le bâtiment en fonction des besoins et de l’évolution d’une situation épidémique par exemple, mais aussi de pourvoir embarquer toutes les technologies de pointe nécessaires à l’exercice de leur activité. Les derniers modèles de bâtiments modulaires sont en effet conçus pour être équipés de systèmes d’alarme, de climatisation, de détecteurs de présence mais aussi d’objets connectés.

… tout en garantissant le confort et la sécurité des patients et des équipes soignantes  

Si le recours au modulaire a jusqu’à peu été limité par la difficulté de se conformer à certaines réglementations – notamment aux normes anti-incendie – cette difficulté est désormais largement dépassée et certaines gammes de bâtiments modulaires offrent même le respect des normes le plus élevé du marché. Les nouvelles normes induites par la RE2020 notamment sont parfaitement intégrées aux derniers modèles mis à disposition.

Subsistent également dans l’imaginaire collectif des réticences sur le confort des occupants de bâtiments modulaires, a fortiori lorsqu’il s’agit d’environnements de santé qui nécessitent un confort et un calme absolus. Là encore, ces biais, qui pouvaient être le propre de gamme de bâtiments modulaires datant d’il y a quelques décennies, sont désormais largement dépassés : dorénavant le modulaire offre un confort acoustique et climatique qui peut surpasser celui des bâtiments traditionnels. Les constructeurs favorisent en effet les matériaux qui offrent une grande qualité thermique. Les structures ont été étudiées et testées pour résister au feu au moins 60 minutes et ce dans toutes les configurations : intérieur vers l’extérieur, extérieur vers intérieur et d’un étage à l’autre. Ces bâtiments modulaires nouvelle génération sont par ailleurs équipés de murs isolants épais et de joints anti-feu, pour garantir confort et sécurité.

Une option écologique et économique

L’épisode de crise que nous sommes en train de vivre marquera les esprits par l’étendue de ses conséquences sanitaires et économiques mais également par son caractère soudain et par le grand besoin de flexibilité qu’elle a induit.

Car si les centres hospitaliers et les laboratoires ont eu un besoin rapide d’étendre leurs capacités, on peut espérer que dans les prochains mois, ce besoin s’atténue pour revenir à son niveau habituel. Nul besoin dès lors de construire durablement des infrastructures dont nous n’aurons peut-être plus l’utilité dans quelques mois, ou du moins pas à la même échelle. C’est là tout l’intérêt du recours au bâtiment modulaire : répondre à un besoin soudain, limité dans le temps tout en offrant le confort et le niveau de sécurité optimal. Ce recours a donc un impact économique pour les organisations qui peuvent disposer rapidement et uniquement durant la durée nécessaire des infrastructures.

L’impact écologique du recours au modulaire dans ce type de contextes est également à prendre en considération : il permet de réduire de 90% les déchets liés à la construction du bâtiment et de faire en sorte que les bâtiments soient réalloués à d’autres usages lorsqu’ils ne sont plus utiles à leur commanditaire.

A l’heure où le gouvernement français a annoncé son souhait d’investir massivement pour soutenir le secteur hospitalier, le recours au modulaire doit faire partie des pistes étudiées tant il fait dans cette crise la démonstration de son efficacité et de son adaptabilité au service des besoins des professionnels de santé.