Avec quatre outils dédiés, Seb s'est bien équipé pour bâtir son offre IoT

Avec quatre outils dédiés, Seb s'est bien équipé pour bâtir son offre IoT Création d'une équipe pour le développement hardware et applicatif, ouverture d'un laboratoire de test… Pour lancer ses objets connectés, le groupe d'électroménager procède avec méthode.

Pas de sang, pas de larme. Chez Seb, la révolution IoT s'est déroulée dans un calme olympien. "L'Internet des objets n'a pas bouleversé notre stratégie produit : les appareils que nous vendons doivent toujours correspondre le mieux possible aux besoins de nos clients et se glisser facilement dans leur vie quotidienne", explique Philippe Crevoisier, directeur général produit et innovation du groupe. Le géant français du petit électroménager a développé quatre outils pour ne pas manquer la vague des objets connectés.

Un fonds d'investissement dédié

Le premier est le fonds de capital-risque maison Seb Alliance. Depuis sa création en 2011, la structure a misé sur quatre start-up du secteur. Avec l'autrichienne Robart, il conçoit un aspirateur capable de circuler de façon indépendante dans la maison grâce à un système de cartographie détaillée. Seb Alliance a également investi dans la jeune pousse française Feeligreen. Les deux sociétés confectionnent ensemble un épilateur et un sèche-cheveux intelligents, capables de s'adapter à la nature de la peau ou de la chevelure de leurs utilisateurs. Le fonds de capital-risque a aussi fait confiance à SeniorAdome, qui développe des dispositifs IoT pour le maintien à domicile des personnes âgées,  et Ethera, dont les appareils intelligents mesurent la qualité de l'air.

Dotée de 30 millions d'euros à sa création, le véhicule d'investissement a placé dans ces établissements des montants confidentiels, échelonnés entre 300 000 et 3 millions d'euros. "Nous investissons uniquement dans des jeunes pousses présentant pour nous un intérêt stratégique. Nous travaillons régulièrement avec leurs équipes pour développer nos nouveaux produits", souligne le chef d'orchestre de l'innovation de Seb.

Aujourd'hui, 12 des 50 familles de produits commercialisées par Seb sous ses différentes marques, comme Moulinex ou Tefal, sont connectées. Parmi ces 12, les catégories cuisine, café et beauté sont les plus rentables pour le groupe. "L'IoT ne représente encore qu'une faible part de notre chiffre d'affaires", nuance cependant Philippe Crevoisier. L'entreprise lance un à deux nouveaux appareils intelligents par an depuis fin 2015. "Notre prochain dispositif IoT, à cheval entre la balance et le mètre, permettra à nos clients de surveiller leur ligne. Il sortira fin 2017 ou début 2018", complète-t-il.

Une brigade IoT et une armée de chercheurs 

Pour inventer de nouveaux objets connectés, la société a élaboré un deuxième dispositif : "Nous avons créé une équipe d'une dizaine de personnes, dédiée au développement hardware et applicatif. Composée de spécialistes de l'électronique et de l'informatique, elle intervient sur la conception de l'ensemble des produits", détaille le dirigeant. Cette brigade IoT travaille au sein du bureau de développement du géant industriel. Elle collabore avec l'armée de 900 chercheurs qui phosphorent dans la trentaine de centres d'innovation sectoriels de Seb, dédiés notamment au petit électroménager et aux articles culinaires. Etats-Unis, Chine, Allemagne, Italie… Ces unités dédiées à la R&D, troisième outil du groupe pour mettre en œuvre sa stratégie IoT, sont implantées dans le monde entier.

Un laboratoire de crash tests

Le Seb Lab est l'indispensable quatrième roue du carrosse IoT du groupe. Il a été créé en septembre 2014 et est basé à Ecully (métropole de Lyon), au siège de la société. "Cette équipe pluridisciplinaire, composée notamment d'un spécialiste du marketing et d'un anthropologue, est chargée en quelques jours de tester les nouvelles idées de produits IoT et de les tuer dans l'œuf si elles ne correspondent pas à un vrai besoin marché", résume Philippe Crevoisier. La balance connectée Body Partner de Tefal a par exemple passé le crash test du Seb Lab, alors que le développement d'un appareil intelligent de soin de la peau a récemment été écarté.