L'UE contre-attaque : 38% de taxes supplémentaires sur les voitures électriques chinoises

Pour contrer les subventions chinoises et protéger ses constructeurs, Bruxelles impose de nouveaux tarifs douaniers sur les véhicules électriques importés de Chine.

La guerre commerciale entre l'Union européenne et la Chine prend un nouveau tournant avec l'imposition de droits de douane supplémentaires sur les voitures électriques chinoises. Cette mesure, annoncée par la Commission européenne vise à protéger l'industrie automobile européenne des pratiques commerciales estimées déloyales de Pékin.

L'Union européenne a ainsi décidé d'imposer jusqu'à 38% de droits de douane supplémentaires sur les importations de véhicules électriques chinois. Cette décision fait suite à une enquête antisubventions entamée en octobre 2023, qui a révélé des subventions illégales de la part du gouvernement chinois.

Ces droits compensateurs viennent s'ajouter aux taxes de 10% déjà appliquées par l'UE aux véhicules fabriqués en Chine. L'objectif de l'UE est de protéger son industrie automobile contre une concurrence jugée déloyale. Selon la Commission européenne, les subventions accordées par Pékin faussent le marché et menacent les producteurs européens de véhicules électriques. Actuellement, les véhicules électriques venant de Chine représentent près de 22% du marché européen, contre seulement 3% il y a trois ans.

L'Impact des nouvelles tarifications sur le marché

 Les conséquences de ces nouvelles tarifications pourraient être significatives pour le marché européen des véhicules électriques. Les constructeurs chinois, qui dominent une part importante du marché avec des prix compétitifs, risquent de voir leurs parts de marché réduites. Par exemple, Bruxelles a imposé des droits de 17,4% au fabricant BYD, de 19,9% à Geely et de 37,6% à SAIC.

L'Allemagne, très dépendante du marché chinois pour ses marques comme Audi, BMW, Mercedes et Volkswagen, s'inquiète des représailles potentielles de Pékin. En revanche, la France et l'Espagne ont soutenu des mesures plus strictes pour protéger leurs propres industries.

Tensions croissantes entre l'UE et la Chine

Cette décision de l'UE intervient dans un contexte plus large de tensions commerciales entre les puissances occidentales et la Chine. En réponse aux actions de Bruxelles, Pékin a dénoncé cette mesure comme étant "un comportement purement protectionniste" (Le Figaro) et a menacé de prendre des mesures de rétorsion.

La Chine a déjà annoncé une enquête visant les eaux-de-vie de vin importées de l'UE, dont le cognac, et pourrait étendre ses actions à d'autres produits comme le vin, les produits laitiers, le porc et les voitures à grosses cylindrées.

Bruxelles espère que ces mesures permettront de freiner les importations de véhicules électriques chinois sans les bloquer complètement, tout en se conformant aux règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). L'objectif est de protéger une industrie qui emploie 14,6 millions de personnes dans l'UE, tout en évitant un conflit commercial délétère avec la Chine.

Perspectives et réactions futures

Les prochains mois seront cruciaux pour l'avenir des relations commerciales entre l'UE et la Chine. Une décision définitive sur ces droits de douane est attendue en novembre. Si aucune solution n'est trouvée d'ici là, ces droits pourraient devenir permanents pour une durée de cinq ans.

L'institut allemand Kiel estime que ces droits additionnels pourraient réduire de 42% les importations de véhicules électriques venant de Chine. Cette baisse pourrait être compensée par une augmentation des ventes des producteurs européens et d'importations de pays tiers. Toutefois, cela pourrait également entraîner une légère augmentation des prix des voitures électriques en Europe, avec une hausse moyenne estimée entre 0,3 et 0,9%.