Le "cradle to cradle" peut-il sauver l'industrie française ?

Le "cradle to cradle" peut-il sauver l'industrie française ? Le développement durable ? Déjà dépassé. Le produit réutilisable à l'infini débarque dans l'Hexagone.

Imaginez un siège de bureau, qui, une fois usé, est entièrement recyclé pour produire un autre siège à l'identique. Voici en résumé le concept du "cradle to cradle" (littéralement "du berceau au berceau"). Une production circulaire zéro déchet ou, plus exactement, dont les déchets constituent la matière première.

cradle to cradle
Le logo C2C permet d'identifier les produits certifiés. © EPEA

"A l'inverse du développement durable, qui cherche à diminuer la consommation et à réduire son empreinte écologique, le cradle to cradle est une approche déculpabilisante. Il ne s'agit pas de gérer la décroissance mais d'inventer une nouvelle forme de fabrication", explique Christine Guinebretière, la représentante pour la France de l'Environmental Protection Encouragement Agency (EPEA).

Ce laboratoire a été fondé en 1992 par un chimiste allemand, Michael Braungart, et l'éco-architecte américain Bill McDonough. Auteurs de "Cradle to cradle", un best-seller, traduit en 20 langues et vendu à plus de 50 millions d'exemplaires, ils ont mis en place une marque (Cradle to cradle est un nom déposé depuis 2007) et un processus de certification. Déjà largement diffusé en Allemagne et aux Etats-Unis notamment, le concept arrive en France avec beaucoup de retard : le bureau français de l'EPEA a ouvert seulement en juin 2011.

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Le siège de bureau Zody du fabricant américain Haworth est fabriqué à partir de matériaux réutilisables à 98%. © Haworth, Inc.

L'EPEA accompagne les entreprises pour les aider à repenser leur processus de fabrication. Elle délivre ensuite une certification, dont le prix dépend du nombre de composants du produit. Un siège de travail, par exemple, compte plus de 150 composants, et chacun de ces composants peut faire intervenir jusqu'à 60 substances chimiques. Pour un produit complexe avec plus de 25 composants, l'entreprise devra verser 300 euros par composant, plus le forfait de base de 4 000 euros.

A l'heure actuelle, plus de 1 000 produits ont été certifiés C2C dans le monde, dont un jean, des couches pour bébé, du savon pour les mains, de la moquette, de meubles de bureau, mais aussi des matériaux de construction comme du béton ou des aciers spéciaux. "Plus de 300 nouveaux produits sont certifiés chaque année", assure Christine Guinebretière.

Plusieurs grands groupes intéressés

En France, pour l'instant, seul Tarkett, leader mondial du revêtement de sol et surfaces sportives, a engagé un partenariat avec l'EPEA. "Mais nous sommes en discussions avancées avec plusieurs grands groupes", glisse Christine Guinebretière.

"Le C2C n'est pas une mode", insiste-t-elle. "C'est un véritable changement de culture. On entre dans une économie de fonctionnalité, ou vous louez en quelque sorte votre produit, jusqu'à ce qu'il soit usé et recyclé".

Le déchet, nouvel "or vert" ? On l'espère : la France à elle seule génère 868 millions de tonnes de déchets par an.