Investissement prioritaire : la télémédecine

La mise en œuvre de nouvelles technologies telles que la télémédecine permettraient de diagnostiquer et surveiller les patients à domicile tout en limitant la pression exercée sur des hôpitaux déjà surchargés.

Au vu des avantages largement reconnus de la digitalisation, de nombreux établissements de santé considèrent l'investissement dans la transformation numérique comme une obligation essentielle de leur contrat social. Ils ont le sentiment de devoir engendrer les avantages de la transformation numérique, qu'il s'agisse d'amélioration des résultats des patients, d'efficacité opérationnelle ou d'accès à une médecine de précision personnalisée. Cependant, il n’est pas toujours évident de savoir dans quelles technologies investir en premier pour générer rapidement un impact positif sur les activités et les infrastructures de santé actuellement sous pression.

Pour répondre à cette question, nous avons interrogé des consultants en management spécialisés, universitaires, départements de santé nationaux, associations médicales, et groupes ou organismes de soins intensifs lors de notre dernière enquête SFS, pour identifier les domaines où la digitalisation des services de santé pourrait, selon eux, avoir l’effet le plus marquant et immédiat. Les répondants ont identifié trois domaines prioritaires pour l'investissement dans la transformation numérique, dont la télémédecine. Cette réponse n’est pas étonnante compte tenu de la crise sanitaire actuelle : estimée à 234,5 milliards de dollars (source : Bpifrance), soit une hausse de 160 % par rapport à 2019, le marché mondial de la télémédecine ne connait pas la crise.

Applications pour hôpitaux intelligents

En France, il y a 9,1 % de médecins généralistes de moins qu'il y a dix ans, et 47 % des médecins français ont plus de 55 ans. De plus, la répartition des médecins sur le territoire est inégale. La télémédecine et la téléconsultation pourraient donc être extrêmement bénéfiques en France, notamment dans les zones rurales. Celait permettrait non seulement de limiter le nombre de visites de patients à l'hôpital, mais également de relier les cliniciens les uns aux autres. Les connexions numériques avec les centres d'imagerie, par exemple, peuvent permettre de partager facilement et en temps réel, les images et les résultats des diagnostics. Dans les zones rurales, les cliniques peuvent utiliser la technologie numérique pour exploiter les connaissances des spécialistes qui pourraient être concentrés dans les zones urbaines.

Ces dernières années, la France a manifesté une volonté de déployer la télémédecine pour les patients. En septembre 2018, la loi de financement de la Sécurité sociale qui a été mise en application a autorisé le remboursement des téléconsultations au même taux que les consultations en personne (25 euros pour un médecin généraliste et 30 euros pour un spécialiste). Les médecins peuvent désormais demander une aide allant jusqu'à 525 euros par an pour l'acquisition des solutions logicielles nécessaires pour la téléconsultation.Toutefois, la crise sanitaire nous montre qu’il est doublement important d’équiper le système de santé français avec ces technologies.

Le défi de l'investissement

La transformation numérique, même si elle n'est mise en œuvre que dans le domaine de la télémédecine, nécessite un investissement considérable qui dépasse généralement les budgets d'investissement dont disposent traditionnellement les prestataires de santé. Cette étude estime que le "défi de l'investissement" pour développer la télémédecine en France, est de 2,8 milliards de dollars sur les cinq prochaines années.

Si les établissements de santé devaient acheter au comptant l'équipement et la technologie nécessaires à la transformation numérique, un volume de capitaux considérable serait "gelé", c'est-à-dire immobilisé dans ces investissements et non disponibles pour les besoins opérationnels urgents. Cela exercerait une pression inacceptable sur les budgets de fonctionnement qui subissent déjà une pression grandissante face à l'augmentation de la demande en prestations de santé. Les budgets d'investissement du secteur de la santé (qui se situent généralement autour de 5% des budgets totaux de fonctionnement) n'offrent clairement pas une capacité suffisante pour répondre à un investissement d'une telle ampleur.

Les systèmes de santé font donc de plus en plus appel aux capitaux du secteur privé, notamment en tirant parti des mécanismes de financement flexibles proposés par les financiers spécialisés, qui constituent un moyen viable d’acquérir la base technologique et matérielle nécessaire et de mettre en œuvre la transformation numérique. Cela contribue à améliorer l'efficacité et l'efficience des prestations de santé sans avoir à lever des sommes colossales. Les prestataires de services financiers spécialisés proposent des outils durables pour mettre en œuvre la transformation numérique, et le recours à ces mécanismes de financement se développe considérablement à travers le monde. Ces spécialistes comprennent la technologie, savent comment la déployer au mieux, et connaissent les avantages concrets qu'elle peut apporter. Cela leur permet d'élaborer des mécanismes de financement qui englobent les coûts de l'équipement, des logiciels, de l'intégration, de la maintenance, de la réparation, de la formation, de l'installation, des locaux et même du personnel qualifié, au sein d'une seule structure de paiement mensuel. Dans certains cas, ces paiements sont alignés sur les résultats cliniques.

Reconnaissant les difficultés de l’investissement dans la transformation numérique, les financiers spécialisés sont en effet plus enclins et plus à même de créer des solutions de financement sur-mesure correspondant aux exigences spécifiques de chaque organisation et à leurs besoins de trésorerie. Parmi les méthodes permettant d'investir dans la transformation numérique du secteur de la santé, le financement privé propose une méthode fiable pour doter les professionnels de santé des outils essentiels qui les aideraient à relever le "défi de l'investissement" pour développer la télémédecine et ainsi à augmenter l’efficacité et l’efficience du système de santé français, particulièrement en vue de la crise sanitaire actuelle.