Pharmacies en France : pourquoi leur santé décline Une réglementation des prix qui affecte les résultats

Une pharmacie sur deux était "en trésorerie négative" en 2009, contre à peine 20% deux ans plus tôt, selon la FSPF. 117 pharmacies ont dû mettre la clé sous la porte cette année-là et la fédération prévoit 1 500 fermetures entre 2010 et 2015. Cela représenterait 250 fermetures par an, soit plus du double du chiffre 2009.

1 500 pharmacies pourraient fermer entre 2010 et 2015

Selon l'Insee,  le chiffre d'affaires moyen des pharmacies a augmenté de 40% entre 2000 et 2006. Mais dans le même temps, le taux de marge commerciale a, lui, perdu deux points. "On est passé de 34% en 1980 à 27% aujourd'hui", ajoute Philippe Besset (A noter que le taux de marge est plus élevé pour les génériques). Désormais, 20% des pharmacies ont un résultat courant avant impôt inférieur à 30 000 euros.

La première cause de cette baisse de rentabilité est paradoxalement... la hausse des prix des médicaments. En effet, la marge est dégressive pour les pharmaciens. Pour un médicament comme le Doliprane, vendu 1 euro, elle tourne autour de 30%. Mais pour un prix de vente supérieur à 150 euros, la marge n'est plus que de 6%. Bref, la hausse des prix est peut-être une bonne affaire pour les laboratoires pharmaceutiques, mais pas pour les officines.

"Les grands conditionnements produisent des effets délétères sur notre rémunération"

Deuxième phénomène : la récente baisse du nombre de boîtes achetées. De 2,8 milliards en 2005, il est passé à 2,5 milliards en 2010. "Une baisse équivalent à un mois et demi d'activité pour une pharmacie", assure Philippe Besset. "Les grands conditionnements produisent des effets délétères sur notre rémunération", s'indigne la fédération dans un communiqué. Ceux-ci limitent le nombre de passages dans les pharmacies et il ne faut pas compter sur la parapharmacie pour se refaire une santé : elle ne compte que pour 8% du chiffre d'affaires et le secteur est très concurrentiel.

La situation est-elle si dramatique ? D'abord, toutes les officines ne sont pas logées à la même enseigne. 15% des pharmacies ont vu leur chiffre d'affaires grimper de 6% entre 2008 et 2009. Mais surtout, il reste des pistes à explorer : "Nous pourrions par exemple développer des services à la personne, comme la préparation d'un semainier de médicaments pour les personnes âgées ou un accompagnement thérapeutique", propose Philippe Besset.