OPA hostile du Club Med : l’offre de rachat qui menace des centaines d’emplois

Le Club Med est sous les feux des projecteurs depuis plusieurs mois. Face à l’OPA amicale lancée par le consortium franco-chinois Ardian-Fosun, le financier italien Andrea Bonomi, soutenu par Serge Trigano, a lancé une OPA hostile. Une offre qui, malgré un avis modéré de la part du conseil d’administration de l’entreprise, laisse perplexes syndicats et employés (GO). Entre communiqués de presse en demi-teinte et pétition contre la « destruction du Club Med », la saga de l’été se joue à couteaux

Le consortium Ardian-Fosun souhaite racheter le Club Med en accord avec le management du groupe. Le but : continuer la montée en gamme et se développer en Chine. Entravée par un recours de petits actionnaires déboutés en Cour d’appel en avril dernier, l’OPA d’Ardian-Fosun se retrouve aujourd’hui face à un nouvel obstacle : Andrea Bonomi. L’homme d’affaires italien a en effet décidé de lancer une OPA hostile, en désaccord avec le management du groupe donc, à la fin du mois de juin dernier.

Le CA du Club Med « recommande » l’OPA de Bonomi, non sans réserve

Dernier rebondissement en date : le conseil d’administration du Club Med s’est prononcé quant à la viabilité de l’OPA hostile d’Andrea Bonomi le 25 juillet dernier. Le verdict est finalement mitigé. Si le CA donne un « avis motivé » au holding Global Resorts d’Andrea Bonomi, il précise également « ne pas être en mesure de confirmer sans réserve la conformité de l’offre aux intérêts de la société ». Le dossier de Bonomi comporte en effet quelques flous qui justifient ces réserves. Jusqu’ici, l’offre de l’italien est celle qui représente le plus de liquidités immédiates pour les actionnaires, certes. Mais une Offre publique d’achat n’est pas qu’une affaire d’argent et le CA n’oublie pas que l’avenir de l’entreprise et de ses salariés dépend de cette OPA.

Face à la montée en gamme d’Henry Giscard d’Estaing, Bonomi propose un développement des clubs à trois tridents (moyen de gamme) espérant ainsi reconquérir la classe moyenne française. Une classe moyenne qui représente un des segments les moins rentables de la société. En ralentissant ainsi la montée en gamme du Club Med, Andrea Bonomi ne s’apprêterait-il pas à foncer dans une impasse ? Autre trouble de ce dossier : le développement en Chine. Si Andrea Bonomi assure ne pas vouloir entraver le déploiement du Club Med sur le marché chinois, une victoire de son OPA face au chinois Fosun, qui appuie ce déploiement en Chine depuis plusieurs années, pourrait se révéler contre-productive.

Syndicats et GO inquiets : une pétition « contre la destruction du Club Med »

Si le conseil d’administration du Club se contente d’émettre quelques réserves, certains s’inquiètent véritablement de l’arrivée de cette contre OPA hostile, et plus précisément de ce qu’elle pourrait signifier pour l’avenir de la société. Alors qu’Andrea Bonomi a annoncé vouloir réduire de 50 % les frais français de l’entreprise, les syndicats sont rapidement montés au créneau. FO (Force Ouvrière) dénonçait le 26 juin dernier « une restructuration qui n’aurait d’autre objectif que la recherche de l’amélioration de la profitabilité des actionnaires ». Quelques semaines plus tard, c’est la CFTC (Confédération française des travailleurs chrétiens) qui émettait de sérieux doutes quant au sérieux des propositions d’Andrea Bonomi. Le financier italien, héritier d’une fortune immobilière, est un habitué de ce type d’opération et ses projets à long terme dans les entreprises qu’il a rachetées jusqu’à présent laissent parfois à désirer. On se souvient de son rachat de Ducati, entreprise qu’il n’a conservée que 7 ans avant de la revendre sans état d’âme à Volkswagen.

Le mouvement de contestation fait son petit bonhomme de chemin et une pétition, à l’initiative des GO « contre la destruction du Club Med » a recueilli en moins d’une semaine plus de 6 000 signatures.  Plus de 6 000 personnes, dont des employés et des actionnaires du Club Med, qui souhaitent rejeter « la finance destructrice d’emplois » et sauvegarder la nationalité française de la société. « La parole est aux salariés et aux actionnaires », déclarait il y a quelques jours Serge Trigano, qui soutient l’offre controversée de Bonomi. Ces derniers ont parlé et il ne reste plus qu‘à les écouter.