Crise énergétique : les aides annoncées ne suffiront pas à protéger les entreprises et collectivités

Le prix du mégawattheure a été multiplié par 10 en 18 mois et de nombreuses entreprises qui ne bénéficient pas du bouclier tarifaire se retrouvent au pied du mur.

Leurs factures énergétiques explosent alors qu’elles doivent investir pour répondre aux obligations réglementaires des décrets Tertiaire et BACS qui imposent des économies d’énergie conséquentes dans les bâtiments. Le prix actuel de l’énergie risque de freiner ces investissements pourtant essentiels pour répondre aux objectifs de la stratégie nationale bas carbone (SNBC).

La France, tributaire du marché énergétique européen

La hausse du prix de l’électricité est une conséquence directe du marché européen qu’il est urgent de réformer. La France dispose de nombreuses centrales nucléaires dont les coûts de production sont restés relativement stables, ce qui aurait pu permettre aux entreprises de bénéficier d’une électricité à coût modéré. Or le fonctionnement actuel du marché oblige les producteurs d’énergie nucléaire et renouvelable à aligner leurs prix sur celui des centrales les plus chères, à gaz ou à charbon.

L’Etat a ouvert le 19 novembre un guichet simplifié d’aide pour les entreprises, avec une enveloppe de 10 milliards d’euros pour les aider à payer leurs factures énergétiques des mois de septembre et octobre 2022. Cette aide vient compléter le dispositif d’amortisseur électricité annoncé pour les TPE et PME. Si ces aides sont utiles et louables, nous pouvons craindre que leur superposition et leurs conditions de mise en œuvre ne rendent leur application concrète particulièrement complexe.

Pour le secteur public, les collectivités bénéficient du programme ACTEE+ doté de 220 millions d'euros pour une durée de 4 ans afin de financer rénovation énergétique de leurs bâtiments. Une aide notable mais insuffisante pour rénover de manière efficiente les 280 millions de m² que représente le parc tertiaire des collectivités.

L’efficacité énergétique et la production d’énergie pour pallier la hausse des prix

Pour contrer la hausse des prix, les entreprises et collectivités se tournent à la fois vers l’efficacité énergétique et la production d’énergie renouvelable sur site. L’efficacité énergétique apparaît comme une solution immédiate car rapide à mettre en œuvre à l’échelle d’un patrimoine immobilier, ne nécessitant pas de travaux lourds et avec un retour sur investissement très court compte tenu des prix actuels de l’énergie. L’accompagnement par des Energy Managers et le déploiement de systèmes de pilotage intelligent des bâtiments préconisés par le gouvernement (plan de sobriété, décret BACS, bonification CEE – fiche BAT TH 116) doivent être rapidement démocratisés.

La production d’énergie renouvelable sur site s’avère également intéressante pour les entreprises et les collectivités. De plus en plus d’acteurs, dans le secteur du retail notamment, se tournent vers le photovoltaïque avec l’installation d’ombrière de parking ou des panneaux en toiture. On observe également en rénovation le développement de sondes géothermiques qui vont capter la chaleur du sous-sol pour la restituer dans les bâtiments. Ces solutions permettent aux acteurs, qu’ils soient publics ou privés, d’autoconsommer et de réduire considérablement leurs factures énergétiques. Cependant, les coûts de ces installations ne sont pas négligeables et le problème de l’investissement initial reste entier.    

La hausse significative du prix de l’énergie nécessite des actions urgentes de la part des entreprises et des collectivités. Les solutions existent mais impliquent que les organisations changent radicalement leur manière de concevoir le management de l’énergie, et que l’Etat prenne des mesures plus fortes pour les accompagner.