Logistique urbaine : vers un dernier kilomètre plus maîtrisé

Transporter un produit d’un point A à un point B, cela a l’air simple, Malheureusement, la réalité est tout autre, particulièrement quand les derniers kilomètres doivent être parcourus dans les embouteillages des villes congestionnées de France. Qu’est-ce que cela implique pour les entreprises de transport ?

De Paris à Marseille, en passant par Bordeaux et Lyon, les conditions de conduite dans les principales zones urbaines de France ne vont pas en s’améliorant. Et plus la ville est importante, plus cela tend à se compliquer – comme n’importe qui s’aventurant à rouler dans la capitale aux heures de pointe pourra en témoigner.

Les trois plaies de la livraison en zone urbaine

La livraison dans les villes n’a probablement jamais été simple. Le Paris du 17ème siècle, avec ses rues bondées et pavées, ne devait pas être aisée à traverser à cheval. Mais je suis prête à parier que ça n’a jamais été aussi compliqué qu’au 21ème siècle.

L’enfer, c’est les autres

De plus en plus de personnes habitent dans les villes, qui concentrent donc de plus en plus de véhicules. Le parc automobile français était estimé à 38,2 millions de véhicules en circulation au 1er janvier 2014 (1). Si l’on se fie à l’Histoire, ce chiffre ne peut qu’augmenter dans les années à venir, le nombre de véhicules en circulation n’ayant jamais cessé de croître chaque année depuis 1950 (2).
Plus de voitures signifient plus de monde sur les routes, et donc plus de problèmes pour les flottes. Chaque minute perdue dans un embouteillage allonge les temps de trajet et limite le nombre de livraisons qui peuvent être prises en charge ; avec des délais de livraison plus longs, l’insatisfaction des clients peut également augmenter. Chaque millilitre de carburant consommé inutilement fait par ailleurs grimper la note et, vu le prix de l’essence et du diesel aujourd’hui en France, les flottes ne peuvent pas se permettre d’en perdre une goutte.

Pollution… et restrictions

Autre conséquence inévitable du nombre de voitures sur les routes de France : l’augmentation d’émissions de particules néfastes. La législation européenne est de plus en plus stricte à ce sujet et les initiatives se multiplient pour limiter les rejets polluants des véhicules roulants. Le plus emblématique des exemples : la ville de Londres, qui a décidé dès 2003 d’instaurer un péage urbain, et dès 2008 une "Low Emission Zone". En 2013, le Maire de Londres a même proposé une "Ultra Low Emission Zone". Si ce décret devait passer, à horizon 2020, seuls les véhicules à basse ou zéro émission seraient autorisés à circuler dans le centre-ville durant les heures de bureau.
La question des péages urbains en France est régulièrement mise sur la table, sans pour autant devenir réalité. Déjà en 2007, le Grenelle de l’environnement les intégrait dans ses propositions. En 2009, le Sénat ajoutait au projet de loi Grenelle II une disposition facilitant l'expérimentation de péages urbains. Ces "zones d'actions prioritaires pour l'air" (ZAPA) ont été abandonnées début 2013, au profit d’un plan d'urgence pour la qualité de l'air. Au printemps 2013, un test de péage urbain grandeur nature était réalisé dans le 20ème arrondissement, sous le nom de code "MovCity". Du chemin reste donc à parcourir, mais les flottes se doivent de prendre en considération l’éventualité d’un tel dispositif.

Le danger est partout

Un facteur à ne pas négliger quand on fait des livraisons en zone urbaine : la sécurité routière. Dans des villes de plus en plus animées et congestionnées, le danger est omniprésent. A l’origine de 19 463 accidents professionnels en 2012, occasionnant 132 décès, le risque routier représente la première cause d’accident mortel au travail en France (3). Et ce notamment dans les agglomérations, qui ont concentré – toutes populations confondues – près d’un tiers des accidents mortels (28,1 %) et plus des deux tiers des accidents corporels (70,2 %) en 2012 (4).
Les conducteurs sont par ailleurs régulièrement appelés à plus de prudence sur les routes. En 2012, près de 39 millions de contraventions ont été dressées en France(5). Toutes ne sont certes pas le fait de conducteurs professionnels. Mais, le cas échéant, elles viennent se déduire du résultat de l’entreprise. Car en application de l’article L3251-1 du Code du travail, cette dernière ne sera pas en mesure de réclamer le paiement du montant de l’amende par son salarié. Pour le bien de leur santé financière, mais avant tout celle de leurs conducteurs et de tous les usagers de la route en général, les entreprises de transport doivent donc faire de la sécurité routière l’une de leurs priorités.

Les leviers d’une livraison en zone urbaine plus efficace

L’équipement informatique des flottes et les formations à l’écoconduite et à la prévention routière font partie des leviers pouvant être actionnés pour optimiser les livraisons dans les centres-villes, et améliorer ainsi la qualité de service, la satisfaction client et les résultats de l’entreprise.

Consommer moins de carburant et réduire ses émissions

Si les consommations les plus basses sont atteintes par les véhicules électriques, le renouvellement des parcs et l’évolution nécessaire des pratiques restent un frein économique et organisationnel fort. Alternative intéressante, les solutions d’économie de carburant permettent de suivre individuellement les niveaux de consommation de chacun des véhicules, et de relever tous les comportements générant une surconsommation. Tout en économisant de l’argent – de 10 % à 15 % d’économies en moyenne, le transporteur réduit les émissions de gaz polluants et rend sa flotte plus propre.

Améliorer le comportement et la sécurité des conducteurs

Mieux connaître ses conducteurs permet de réduire le taux d’accidents du travail. En effet, un système de contrôle enregistre ce qu’ils font bien et ce qu’ils font mal. Les informations récoltées servent ainsi à construire des programmes de formation adaptés aux besoins réels. Les transporteurs réduisent leurs coûts, notamment d’assurance, et participent à rendre les routes de France plus sûres.

Géolocaliser ses véhicules, planifier leurs trajets

La géolocalisation des véhicules permet, d’une part, de contrôler les itinéraires empruntés, de les évaluer et de les optimiser pour de meilleurs délais de livraison et service client. D’autre part, les missions peuvent être réparties de manière plus efficace entre les conducteurs, en fonction des informations de localisation en temps réel, aidant les transporteurs à assurer l’efficacité continue de leur flotte.
Chacun de ces leviers se nourrit par ailleurs des deux autres. Par exemple, adopter une conduite plus souple sur un trajet optimisé mènera également à des économies de carburant. La combinaison gagnante les prendra donc tous en compte. Sans oublier que l’information seule n’est pas suffisante, et qu’il faudra savoir interpréter ces données brutes en résultats tangibles et en tendances, afin de se démarquer de ses concurrents.