Il se joue des compagnies aériennes et ne paie plus pour voyager

Il se joue des compagnies aériennes et ne paie plus pour voyager Vous rêviez d'un tour du monde abordable ? Scott Keyes l'a fait. Voici comment cet Américain utilise les failles des cartes de crédit.

Quand j'ai discuté avec Scott Keyes, il faisait une escale de 10 heures à Dallas. Il était descendu au Centurion Lounge, un salon où American Express met à disposition de ses membres nourriture et boissons gratuites, Wifi haut débit, spa et même douche.

"C'est un jour au bureau comme un autre, déclare le jeune homme de 28 ans. Je dispose d'un espace de travail assez sympa, avec nourriture, boissons et accès Internet. C'est comme pour le reste du monde, mais en différent."

Keyes, journaliste pour le blog politique Think Progress, a eu accès au salon de l'aéroport grâce à l'une de ses 25 cartes de crédit. Cette carte, une American Express Platinum coûte normalement 450 dollars par an, mais il a réussi à l'obtenir gratuitement pour la première année grâce à une offre promotionnelle en ligne. Ensuite, soit il s'arrangera pour ne pas la payer la deuxième année, soit il optera pour une carte de gamme inférieure, qui ne coûte presque rien.

Ce n'est pas nouveau pour Keyes. Il utilise son impressionnante collection de cartes de crédit pour gagner des points, des miles voyageur fréquent et tout un panel d'autres avantages en permanence. Ensuite il lui suffit de convertir ces avantages et de les utiliser pour voyager. Son prochain périple lui fera parcourir près de 33 000 km en 21 vols.

La chance n'a rien à voir dans cette histoire. Keyes est devenu un expert du voyage à peu voire pas de frais, à l'image de ces fanatiques des bons de réduction qui dépensent tout leur temps, leur énergie et leurs pensées à s'assurer qu'ils ne paient pas un centime de plus que nécessaire.

Après que plusieurs amis jaloux lui aient demandé comment il s'y prenait, Scott Keyes a fini par écrire ses livres électroniques "How To Fly For Free" et "How To Find Cheap Flights". Il a même créé une liste de diffusion pour partager avec ses amis via Twitter et son flux RSS les incroyables affaires qu'il réalise au cours de ses voyages.

 Le passionné de voyages sur le site de Hierve el Agua, au Mexique, les pieds dans les restes d'un ancien geyser. © Scott Keyes

Au cours de sa prochaine expédition, il visitera 13 pays en deux mois : le Mexique, le Nicaragua, Trinidad, Sainte-Lucie, les îles de Grenade, l'Allemagne, la République Tchèque, l'Ukraine, la Bulgarie, la Grèce, la Macédoine, la Lituanie et la Finlande. Ce voyage lui coûtera au total 136 500 miles, auxquels s'ajouteront quelques taxes peu élevées comme les taxes d'aéroport qui ne dépassent pas les 20 dollars par vol.

Hormis ces taxes, Keyes ne déboursera rien du tout ; pour ses séjours à l'hôtel il utilisera les points récompenses d'une de ses cartes qu'il a mis de côté exprès.

Il a passé 10 à 15 heures à planifier l'itinéraire, c'est-à-dire à rechercher des vols sur lesquels il pouvait utiliser ses miles, choisir entre les compagnies aériennes et éviter à tout prix les surcharges carburant.

L'année dernière, Keyes travaillait à Oaxaca, au Mexique. Maintenant qu'il revient aux Etats-Unis, il s'est rendu compte que c'était l'occasion idéale pour voyager avant de trouver un travail à plein-temps.

"C'est compliqué de voyager quand vous avez un emploi fixe, explique-t-il. Vous ne pouvez demander à votre chef qu'un nombre limité de jours de congé et vous passez beaucoup de temps dans l'avion. Je me suis dit que tant que je n'occupais pas un poste fixe, je devrais en profiter."

Ce n'est pas la première fois que Keyes s'offre une escapade pour presque rien. Il s'est rendu à Milan pour 130 dollars, a visité les îles Galápagos pour 45 dollars et a combiné la Norvège et la Belgique pour la modique somme de 350 dollars au lieu des 1 000 habituels.

"Ce n'est pas forcément évident pour les débutants, a-t-il expliqué à Business Insider à propos de la recherche de bonnes affaires. Mais la bonne nouvelle c'est que si vous vous astreignez à ce travail préliminaire (si vous apprenez comment obtenir quelques miles et comment les utiliser correctement) vous pourrez voyager dans des conditions exceptionnelles."

Son "expérience la plus effrayante" : se tenir à quelques centimètres de la gueule d'un hippopotame au Mozambique. © Scott Keyes

Keyes a plusieurs méthodes pour se procurer ses miles voyageur fréquent, entre autres souscrire de nouvelles cartes de crédit qui offrent des miles ou des points, informer les compagnies aériennes quand il y a eu un problème sur le vol et ne pas avoir peur d'être refoulé si un vol est plein.

Il utilise également le site Award Wallet et tient à jour un tableau pour être bien organisé. De cette manière il ne fait jamais mauvais usage de ses cartes de crédit et ne perd jamais de vue ses points et ses miles. En fait, comme il se plait à le dire, depuis qu'il a commencé à collectionner les cartes sa cote de crédit a augmenté par le simple fait de gérer ses finances de manière responsable.

Et quand il est temps de trouver des vols peu chers, Keyes dispose d'un lecteur RSS et d'une liste Twitter pleins à craquer de blogs et de sites internet comme Airfarewatchdog et The Flight Deal qu'il écume pour tomber sur "l'erreur de taxe" ou des vols à bas prix disponibles.

La clef, selon lui, c'est la flexibilité.

"Si votre objectif final est de trouver le vol le moins cher possible et de vous rendre dans un endroit sympa pour pas grand-chose, alors commencez par un tableau vierge et rendez-vous à n'importe quel endroit pourvu que le vol ne coûte presque rien. C'est la meilleure des choses à faire."

Depuis qu'il a commencé ce type de voyage, Keyes a mis le pied dans 30 pays (après son prochain voyage, ce nombre passera à 42) et a parcouru environ 570 000 kilomètres, l'équivalent de 14,3 fois le tour de la Terre.

En ce qui concerne son prochain voyage, il déclare que ce qu'il l'attire le plus c'est de tester un "spa bière" à Prague.

"Je ne comprends pas bien le concept parce que je ne parle pas le tchèque mais d'après les photos, j'ai l'impression qu'on se baigne dans un bain de bière. Qui s'en plaindrait ?"


Article de Megan Willett. Traduction par Manon Franconville, JDN.

Voir l'article original : This guy has gamed the airline industry so he never has to pay for a flight again