Chauffeur Privé devient Kapten et lance son offensive internationale

Chauffeur Privé devient Kapten et lance son offensive internationale Le VTC français débarquera à Londres et Genève puis dans une dizaine de villes supplémentaires d'ici 2020. A la clef, un investissement de "dizaines de millions d'euros".

Ne l'appelez plus Chauffeur Privé. Le VTC français a annoncé le 6 février qu'il devenait Kapten. Un changement de nom déjà effectif au sein de l'application et qui sert ses nouvelles ambitions : Kapten va se lancer le 11 février à Genève, dans quelques semaines à Londres, et dans une dizaine d'autres grandes villes européennes d'ici 2020. Une campagne de publicité massive de plusieurs millions d'euros, trois fois plus chère que toutes les anciennes opérations de com' réunies, sera lancée la semaine prochaine pour faire entrer ce nouveau nom dans les esprits.

Plus qu'un changement de marque, c'est surtout un changement d'échelle pour le désormais ex-Chauffeur Privé. Son lancement discret à Lisbonne en septembre ainsi que celui à venir à Genève lui permettent de s'acclimater à la pratique de son business à l'étranger, sur des marchés de taille raisonnable et moins concurrentiels. Mais le véritable test pour l'entreprise sera son arrivée à Londres, un marché hyperconcurrentiel en raison de la présence de nombreux VTC, mais aussi d'une meilleure résistance des taxis qui ont su prendre le virage de la commande numérique. Difficile, mais potentiellement très gratifiant : "Londres est un marché trois à cinq fois plus gros que Paris", estime le PDG de Kapten Yan Hascoet. L'entreprise attend encore que sa licence soit validée par l'autorité de transport locale, mais assure que le processus est en bonne voie. Son rival français Heetch attend la sienne depuis des mois.

"Londres est un marché trois à cinq fois plus gros que Paris"

Ces mouvements sont la concrétisation des ambitions nées du rachat de Chauffeur Privé par Daimler (propriétaire de Mercedes) en décembre 2017. Depuis, le groupe automobile allemand a annoncé la fusion de sa filiale de services de mobilités (taxis, vtc, autopartage, parking…) à laquelle était rattaché Chauffeur Privé, avec celle de son compatriote BMW. Kapten fait désormais partie de la joint-venture My intelligent apps, dont les deux groupes automobiles sont copropriétaires.

"Les investissements sont sans commune mesure avec ce que nous avions en tête lorsque nous cherchions à lever 50 millions d'euros auprès de fonds, avant d'être finalement rachetés par Daimler. Le VTC est une industrie très coûteuse et nous avons enfin les moyens de nos ambitions", se félicite Yan Hascoet. Un appui qui permettra d'investir "des dizaines de millions d'euros" dans cette expansion européenne durant les deux années à venir. Avec des objectifs très ambitieux : multiplier par cinq le nombre de clients (de deux à dix millions) et le chiffre d'affaires, développer une présence dans quinze villes et obtenir la place de deuxième VTC en Europe en nombre de clients.  Pour accompagner cette montée en puissance, la taille de l'entreprise va doubler, passant de 250 à 500 employés. L'année dernière, Chauffeur Privé a réalisé un chiffre d'affaires de 160 millions d'euros et 7,5 millions de courses.

""Les investissements sont incomparables avec ce que nous avions en tête lorsque nous cherchions à lever 50 millions d'euros "

Malgré ses moyens, la tâche de Kapten ne sera pas simple. Car pendant qu'il restait confiné sur ses marchés historiques (l'Ile-de-France, Lyon et la Côte d'Azur), l'estonien Taxify attaquait la France et le Royaume-Uni, après avoir conquis les pays baltes et l'Europe de l'Est. Il est aujourd'hui présent dans une dizaine de pays européens et dispose d'une solide assise financière pour se développer, après une levée de 175 millions de dollars menée l'année dernière par… Daimler, le propriétaire de Kapten. Pas de quoi inquiéter Yan Hascoet : "Le premier entrant n'est pas forcément celui qui gagne et les VTC ne sont pas un marché 'winner takes all'", comme d'autres secteurs du numérique, assure-t-il. En effet, rien n'est joué : Taxify a perdu sa licence à Londres, et ne s'est pas encore lancé dans des pays comme l'Allemagne ou l'Italie. Mais Kapten aura besoin de toute la puissance d'accélération de ses propriétaires constructeurs pour rattraper ses rivaux.