Avec FlixCar, FlixBus attaque BlaBlaCar sur le covoiturage longue distance

Avec FlixCar, FlixBus attaque BlaBlaCar sur le covoiturage longue distance La start-up allemande lance son service de covoiturage en France ce 17 décembre. Avec zéro commission, contre jusqu'à 25% chez BlaBlaCar, elle entre sur le marché en cassant les prix.

BlaBlaCar contre FlixBus, épisode deux. Après l'arrivée de BlaBlaCar en 2018 sur le marché des voyages par autocar, chasse gardée de FlixBus, l'entreprise allemande attaque l'activité et le marché historiques de son concurrent français. Elle lance ce 17 décembre FlixCar, son service de covoiturage, avec la France comme premier pays. Initialement prévu pour Noël, le lancement a été avancé en raison des grèves SNCF et RATP. Conséquence, le service est seulement disponible en version web (progressive web app). Une application dédiée doit sortir en janvier.

Pas facile de contester le monopole de BlaBlaCar sur le covoiturage longue distance, particulièrement sujet aux effets de réseau. Plus une plateforme est grosse, plus elle offre une variété de trajets, des garanties aux chauffeurs de remplir leur voiture et aux passagers de trouver le bon voyage au bon horaire. Pour y arriver, FlixCar a choisi de casser les prix en ne prenant aucune commission, alors que celle de BlaBlaCar peut monter jusqu'à 25% du prix du trajet facturé aux passagers. C'est donc la promesse de prix moins chers pour eux, de trajets plus rentables pour les conducteurs qui pourront proposer des prix un peu plus élevés que sur BlaBlaCar sans qu'il en coûte davantage aux passagers. FlixCar suggèrera un "prix acceptable" au conducteur pour un trajet donné. Il sera également visible par les covoiturés lors de leurs recherches de trajets.

Le retour du cash

Outre le prix, quelques incitations plus minimes sont prévues. Les 5 000 premiers conducteurs qui réaliseront un trajet bien noté recevront un bon d'achat d'essence de 20 euros chez BP. Un passager par mois se verra offrir sa formation au permis de conduire chez Ornikar. Et pour faciliter la transition des utilisateurs d'une plateforme à l'autre, ceux-ci pourront envoyer à FlixCar leur page BlaBlaCar ainsi que des justificatifs d'identité pour récupérer leur note (sur cinq étoiles) et ainsi éviter que tout le monde ne reparte de zéro dans cette économie de la confiance. BlaBlaCar conserve cependant un avantage dans ses fonctionnalités : la possibilité de récupérer des passagers sur la route du voyage (par exemple un Paris-Bruxelles qui s'arrêterait à Lille),  ce qui augmente les chances de remplir la voiture et le nombre de trajets disponibles.

FlixCar joue aussi sur la nostalgie du covoiturage à l'ancienne. Pas de paiement en ligne, les utilisateurs se débrouillent entre eux avec du liquide, ou des applis de paiement comme PayPal, Lydia et Pumpkin. "Nous les incitons à payer à l'avance leur trajet, car cela reste un produit de confiance, mais ce n'est pas obligatoire", précise Yvan Lefranc-Morin, directeur général France de FlixBus. "Nous avons été assez surpris de constater, lors des études de consommateurs que nous avons menées, que plus de 70% des utilisateurs du covoiturage aimaient payer ou être payés en cash", poursuit-il. Le paiement en ligne par carte fera tout de même son apparition dans les prochains mois.

"Tant que nous ne serons pas installés dans le paysage, la rentabilité ne sera pas un sujet"

En l'absence de commissions, FlixCar ne dégage aucun revenu et fonctionne donc à perte. Mais sa maison-mère Flix Mobility, qui a levé 500 millions d'euros en juillet, selon Reuters, ne semble pas pressée de rentabiliser cet investissement. "Nous n'avons pas fixé de période à partir de laquelle nous ferons payer le service", assure Yvan Lefranc-Morin. "Nous avons un monument français en face de nous, il faut un argumentaire tarifaire fort. Nous avons levé beaucoup d'argent récemment et notre activité de bus est rentable depuis 2017. Tant que nous ne serons pas installés dans le paysage, la rentabilité ne sera pas un sujet."

Il faut dire que le covoiturage est une étape importante pour l'entreprise, qui y voit une manière de compléter son offre de bus sur des trajets mal desservis, mais aussi son business d'opérateur de trains low-cost, déjà lancé en Allemagne et qui pourrait passer la frontière à la faveur de la libéralisation du TGV en 2021. Et si FlixCar réussissait au passage à égratigner les résultats de BlaBlaCar sur l'un de ses plus gros marchés, l'opération s'avérerait d'autant plus rentable à long terme.