Julien Honnart (Klaxit) "Klaxit réalisera un chiffre d'affaires de 5 millions d'euros cette année"

Le PDG de la start-up de covoiturage courte distance présente pour la première fois le CA de sa société et ses perspectives, alors qu'il vient de signer plusieurs contrats avec des collectivités.

JDN. Klaxit propose depuis six ans une offre de covoiturage courte-distance à forte coloration BtoBtoC, avec des réseaux constitués en entreprise et des trajets subventionnés par les  collectivités. Où en êtes-vous aujourd'hui ?

Julien Honnart a cofondé Klaxit en 2012, à sa sortie de HEC. L'entreprise s'appelait alors WayzUp. © Klaxit

Julien Honnart. Nous venons de signer une série de contrats avec plusieurs dizaines d'entreprises comme Safran, Airbus ou Crédit Agricole et dix nouvelles collectivités. Nous ne pouvons pas les citer en raison du contexte des municipales, mais quatre d'entre elles ont plus de 300 000 habitants. Ces contrats vont doper notre activité. Notre chiffres d'affaires devrait atteindre les 5 millions d'euros cette année, contre 1,2 million l'année dernière. Cela devrait nous amener à un ordre de grandeur de plus d'un million de trajets cette année (la start-up comptabilise chaque passager d'un covoiturage comme un trajet, ndlr).

C'est le fruit d'un travail que nous menons depuis des années et qui commence à payer. Les contrats que nous renouvelons avec les grands groupes - une vingtaine de membres du CAC 40 sont nos clients - se font de plus en plus en multi-sites, alors qu'ils portaient auparavant seulement sur leurs sièges sociaux. Côté collectivités, une dizaine d'entre elles ont adopté un modèle dans lequel elles nous versent une commission pour chaque trajet effectué, en plus de subventionner le trajet des passagers. Ile-de-France mobilités est l'une des dernières collectivités à ne pas le faire, mais cela devrait changer en juillet, ce qui nous permettra d'atteindre la rentabilité en 2020.

Serez-vous suffisamment rentable pour vous financer sans passer par la levée de fonds ?

Nous serons à l'équilibre, mais le résultat net ne sera clairement pas suffisant pour nous autofinancer en 2021, d'autant que nous sommes passés de 20 à 40 employés cette année. Mais cela valide notre modèle économique global, dans lequel les entreprises nous paient une licence et des prestations de conseil, tandis que les collectivités nous rémunèrent sous contrat de service et à la commission. Par ailleurs, nous sacrifierons probablement cette rentabilité en 2021 pour accélérer.

Votre grand concurrent Karos commence à aller à l'international. Et vous ? Votre modèle est-il exportable hors de France, où les transports sont rarement autant subventionnés ?

Nous nous y intéressons. Nous n'avons pas encore arrêté de date : ce sera soit en 2021, soit en 2022. Ce sera en tout cas dans un pays européen, dans lequel nous capitaliserons sur notre expérience B2B. En effet, selon les pays, on n'assistera pas aux mêmes niveaux de subventions par les entreprises et les collectivités. Les contributions demandées aux utilisateurs pourront aussi être plus élevées.