Hervé Fauvin (LeCab) "Snapcar a injecté 12 millions d'euros pour assainir LeCab"

Un an après l'acquisition de LeCab par Snapcar, le directeur général du nouvel ensemble explique au JDN comment il a fait converger ces deux plateformes VTC très axées sur le voyage d'affaires.

JDN. Cela fera bientôt un an que Snapcar a racheté LeCab, en juillet 2019. Que s'est-il passé depuis ?

Hervé Fauvin est le directeur général de LeCab. © Snapcar

Hervé Fauvin. On peut scinder la période en deux. Avant le coronavirus, les derniers mois de 2019 ont été des mois de construction du nouvel ensemble. Nous avons choisi de conserver la marque LeCab, plus connue que celle de Snapcar, dont l'appli existe encore mais disparaîtra à la fin de l'année. Nous avons rassemblé les équipes dans un nouveau siège à Puteaux. Puis la crise est arrivée et nous avons perdu 82% de notre business, nous obligeant à mettre la majeure partie des équipes en chômage partiel, à l'exception des développeurs. 

En termes de technologies, quelles briques de LeCab et Snapcar avez-vous conservées ?

Il a fallu réaliser une convergence des technologies. Nous avons conservé des technologies provenant des deux entreprises. Nous avons également gardé l'algorithme de mise en relation que LeCab avait acquis auprès de la société de taxis britannique Addison Lee. A terme, le but est de réécrire tout le code, en reprenant certaines de ces briques.

Cette fusion a-t-elle entraîné des licenciements ?

Il y a eu quelques départs volontaires non remplacés et quelques licenciements économiques qui se comptent sur les doigts de la main. Nous avons aujourd'hui une centaine d'employés.

Que pèse le nouvel ensemble Snapcar-LeCab ?

Nous avons 7 000 entreprises clientes en France qui réalisent au moins une course par semaine sur notre plateforme, 1 million d'utilisateurs actifs mensuels dans 24 villes, et entre 10 et 12 000 chauffeurs actifs.

Avec ce rachat, Snapcar a récupéré les finances exsangues de LeCab, qui s'était ruiné en tentant de développer des trajets partagés à la Uber Pool. Avez-vous réussi à assainir la situation ?

C'était l'enjeu majeur du rachat. Nous avons recapitalisé le nouvel ensemble à hauteur de 12 millions d'euros, grâce à une levée de fonds menée par Snapcar avant le rachat, auprès des investisseurs historiques de Snapcar, ainsi que de notre maison-mère Klee Group et de ses fondateurs. L'objectif était à la fois d'assainir la situation financière et de se donner les moyens de faire face aux prochaines échéances. 

La crise remet-elle en cause vos objectifs de rentabilité ?

Nous visons toujours 2021 pour devenir rentables, mais l'échéance sera décalée de quelques mois. Nous observons un début de reprise : nous récupérons chaque semaine des centaines de courses supplémentaires. Nous sommes à 40% de notre activité par rapport à la même période l'année dernière, contre moins de 20% pendant le confinement. Mais même 100% de l'activité de l'année dernière serait un résultat moyen, puisque nous sommes habituellement sur un marché en croissance. 

Le b2b représente 70% de notre activité, et pour l'instant nous observons que beaucoup d'employés sont encore en chômage partiel. Ceux qui travaillent sont toujours massivement en télétravail, et la visioconférence s'est répandue. Cependant, certaines entreprises encouragent leurs employés à prendre des solutions de transport plus sûres que les transports en commun, ce qui nous amène de nouveaux clients qui n'incluaient pas les VTC dans leur politique de voyage habituellement. Par ailleurs, l'arrêt de l'activité vers les aéroports, qui représente environ 40% de notre chiffre d'affaires, continuera de peser sur nos résultats. Nous sommes donc prudents pour l'instant, mais je reste persuadé que le VTC a de beaux jours devant lui.