Quelle rentrée pour la distribution automobile face au Covid-19 ?

Le Covid-19 a en quelques mois bouleversé des pans entiers de l'économie. Dans ces conditions, comment faire le portrait de la distribution automobile de demain ?

Retour sur les premiers jours de la mutation du secteur automobile

2020 est incontestablement une année forte en perturbations pour le secteur automobile. La première remise en question fondamentale des distributeurs s’est posée avec la mise en application de la norme WLTP le 1er mars : un protocole d’évaluation plus sévère des émissions de CO2 qui attribue un malus sur un plus grand nombre de véhicules. La compétitivité des distributeurs s’appuyant sur des véhicules remisés s’est vue impactée. 

C’est ensuite la crise sanitaire et économique mondiale du Covid-19 qui a frappé. Le confinement et la fermeture des points de vente ont dans un premier temps paralysé l’activité des concessionnaires. Puis, la réouverture des commerces le 11 mai a été accompagnée d’une adaptation complète de l’organisation des distributeurs pour inclure les nouvelles problématiques sanitaires et rassurer une clientèle légitimement inquiète. La rentrée sera-t-elle un “retour à la normale” temporairement plus contraignant, ou la mue d’un secteur automobile renouvelé ? 

Vers une re-stabilisation du secteur avec la rentrée ? 

Les dynamiques du secteur automobile tout au long de l’année ont été extrêmement contrastées. Les premiers mois, la conjoncture semblait favorable au secteur automobile avec une augmentation de 27% des ventes de voitures neuves en décembre 2019, poussées par un effet de déstockage par anticipation des normes anti-CO2 plus sévères en 2020. Seulement trois mois plus tard, le marché connaît une chute historique de 72,2% en mars et de 88,8% en avril.

Mais la mobilité reste un besoin indispensable pour la stabilisation et la reprise de l’économie française. La problématique réside donc plutôt dans l’incertitude de la "redistribution des cartes", et notamment dans le choix des français en solution de mobilité. Vont-ils, dans le contexte actuel, se diriger vers les automobiles ou privilégier d’autres moyens de transport ?

Comment se préparer à la transformation du secteur ?

Pour évaluer l’avenir du secteur, les distributeurs automobiles pourront prendre pour référence le comportement des acteurs de sa transformation. Or, ce sont ici les utilisateurs qui ont un fort pouvoir décisionnel. De plus, de nombreuses alternatives se présentent à eux pour assurer leur besoin de déplacement. Il faut donc poser la question des avantages de l’automobile sur les autres moyens de transport.

Dans quelles circonstances les automobiles se montreront-elles plus convaincantes que les transports en commun, les trottinettes électriques ou encore le vélo ? Les distributeurs devront considérer la diversité des aménagements sur le territoire pour identifier les zones où l’automobile sera plébiscitée. Il semblerait ainsi que 25 % des français répartis sur les trois quarts du territoire français peuvent uniquement compter sur l’automobile pour leurs déplacements.

Les enjeux économiques du secteur 

Il faudra également suivre les répercussions d’une récession ou d’une crise économique sur le comportement des français. Celle de 2007-2008 avait créé une rupture dans l’évolution du pouvoir d’achat et de la consommation, impactant le secteur de la distribution dans sa globalité. La baisse du pouvoir d’achat pourrait accélérer encore la priorisation du critère du prix, ce qui se traduit pour les automobilistes par le succès du marché de l’occasion en 2019, là encore à la recherche du meilleur prix.

Le plan de 8 milliards d’euros annoncé par l'Etat le 26 mai était un premier un signe positif qui a démontré l'importance du secteur automobile pour l’économie du pays. Les efforts concernant la prime à la conversion sont des exemples significatifs de démarches visant à stimuler notre marché, ce qui a d’ailleurs fonctionné avec un retour des ventes fulgurant en Juin et Juillet. Plus largement, la volonté de localiser ou relocaliser la production devrait renforcer la compétitivité et la souveraineté de l’industrie automobile française.

La distribution automobile traverse une vague sans précédent. Mais si ces perturbations redéfinissent les besoins et les attentes des français, la mobilité restera un enjeu majeur pour eux et pour l’économie du pays. L’automobile a l’avantage de pouvoir s’adapter aux nouvelles exigences sanitaires. Les distributeurs n’ont-ils pas le champ libre pour en faire la solution trouvant le meilleur équilibre entre sécurité, confort et distanciation physique ?