Après l'Allemagne, l'agrégateur de mobilités Trafi s'attaque à la France

Après l'Allemagne, l'agrégateur de mobilités Trafi s'attaque à la France Cette start-up lituanienne développe des agrégateurs de mobilités pour des collectivités comme Berlin et Munich. Elle a ouvert un bureau à Paris et se positionne sur des appels d'offres.

Depuis septembre 2019, les Berlinois peuvent utiliser un service, peu, pas ou mal déployé ailleurs dans le monde. Lancée par l'autorité de transport berlinoise, l'application Jelbi leur permet à la fois d'acheter des tickets de transport en commun et de faire appel à une dizaine de services de mobilité privés (taxis, autopartage, vélos, trottinettes...). Derrière cette appli, la start-up lituanienne Trafi, créée en 2013 comme un calculateur d'itinéraire, et qui s'est ensuite orientée vers les agrégateurs de mobilités (ou Maas, pour mobility as a service) en marque blanche à destination des collectivités. Outre Berlin, son plus gros marché, Trafi compte quelques autres jolies références. Elle a conçu une appli de Maas de dimension régionale en Suisse, Yumuv, qui couvre Zurich, Berne et Bâle, grâce à une coopération entre les autorités de transport des trois villes et de la SNCF suisse (la SBB). Trafi a également lancé des applis similaires à celle de Berlin à Munich, Prague et Vilnius (Lituanie).

A présent, Trafi s'attaque au marché français. L'entreprise a ouvert un bureau à Paris début mai et est en phase de recrutements. Elle a commencé à démarcher des villes françaises et à se positionner sur des appels à d'offres en préparation. "La France est la priorité de Trafi aujourd'hui", assure David Lainé, directeur commercial de Trafi en France. Ancien directeur du Maas chez Transdev, il a travaillé sur l'agrégateur de l'opérateur de transports maison, Cityway. "La France est le plus gros marché d'Europe avec l'Allemagne, les opérateurs de mobilités y sont très présents et c'est le seul pays avec la Finlande qui a légiféré sur les mobilités avec la Lom." La société a levé 7 millions d'euros en mai 2020 pour accompagner ce déploiement en France, portant son total de fonds levés à 14 millions d'euros.

Tout en un, jusqu'au paiement

La force de Trafi est d'avoir réussi à intégrer profondément les services d'opérateurs privés aux côtés des transports en commun. Elle agrège en général une dizaine d'opérateurs par ville et compte au total 25 opérateurs privés partenaires. Alors qu'aujourd'hui la plupart des agrégateurs de mobilités ne proposent que des renvois vers d'autres applis au moment de réserver ou payer un service, Trafi s'occupe de tout avec un compte et un système de paiement uniques. A l'exception d'Uber, très soucieux de conserver la relation client, tous les autres services sont intégrés jusqu'au paiement.

Trafi, qui ne prélève aucune commission sur les transactions, est dans l'optique de proposer une agrégation exhaustive des services d'un territoire, plutôt que de négocier des partenariats exclusifs. "C'est le client qui décide au final, mais en général les autorités de transport soutiennent ce fonctionnement par soucis d'équité, d'accessibilité et de couverture maximale", détaille David Lainé. Les équipes de Trafi en France sont d'ailleurs en train de reconstituer ce réseau de partenaires dans l'Hexagone, afin d'être prêtes à les intégrer le jour où l'entreprise remportera un marché. Une partie du travail est déjà faite, puisque des opérateurs présents à la fois en Allemagne et en France, comme Voi ou Tier (trottinettes), ont déjà été intégrés.

De prestigieux clients privés

L'entreprise a également développé des offres d'abonnement multimodales. Par exemple pour son appli Suisse, dans laquelle il est possible d'ajouter à l'abonnement illimité au rail un crédit de temps ou de kilomètres à dépenser dans des services de mobilités. Dernière fonctionnalité, à destination des collectivités ou des entreprises disposant de leur propre application : Open Trafi. Cette offre permet de fournir seulement certaines briques technologiques de Trafi à un client, sans pour autant l'obliger à changer d'appli. L'entreprise fournit notamment son calculateur d'itinéraire à Lyft, le grand rival américain d'Uber, ainsi que sa plateforme de gestion de données de mobilités à Google, Apple et Go-Jek (un poids lourd du VTC en Asie).

Reste à reproduire les mêmes succès en France. Trafi arrive à point nommé, alors que la loi mobilités promulguée l'année dernière oblige les collectivités à s'assurer qu'il existe sur leur territoire un agrégateur de mobilités et à en développer un si ce n'est pas le cas. "Le sujet est sur la table de toutes les grandes métropoles ", estime David Lainé. Trafi a participé à cinq appels à manifestation d'intérêt et a été "shortlistée" sur trois d'entre eux, affirme-t-il. La start-up devrait savoir d'ici la fin de l'année si son offensive française commence à payer.