Voyage d'affaires : vers un futur plus éco-responsable

Entre prise de conscience des voyageurs, évolution de la législation vers plus d'éco-responsabilité et un contexte Covid-19, les entreprises priorisent ce sujet et à juste titre.

Une prise de conscience mondiale

Depuis fin 2019, la question de l’impact carbone des trajets en avion, sur le réchauffement climatique, refait son apparition dans les médias, notamment avec le "flygskam", la honte de prendre l’avion qui a d’abord émergé sous la forme d’un hashtag sur les réseaux sociaux. Plus qu’un nouveau terme à la mode, nous assistons à une initiative collective des nouvelles générations pour une prise de conscience mondiale. Cette prise de conscience avait déjà émergé il y a une dizaine d'années mais la récession de 2008 avait ralenti fortement les efforts. Nous aurions pu craindre la même chose avec la crise de la Covid-19, mais c’est tout le contraire : la prise de conscience est d’autant plus forte que cette crise nous force à repenser nos modes de vie. A la grande question des bouleversements climatiques s’est ajoutée celle des bouleversements sanitaires et il n’en fallait pas moins pour assister à une accélération de la volonté de modifier nos quotidiens et le voyage de demain.

Les générations suivantes se demanderont même sûrement pourquoi nous ne l’avons pas fait plus tôt.  Mettons à profit les enseignements de cette période de confinement pour prendre conscience de notre impact, à la fois individuel et collectif et ainsi modifier durablement nos pratiques.

La profonde modification des pratiques en termes de voyages et voyages d’affaires

Le secteur du voyage d’affaires ne fait pas exception à cette prise de conscience. En 2019, trois travel managers sur cinq* disaient recevoir la demande, à la fois des voyageurs mais aussi de la direction, de proposer plus de solutions de voyages éco-responsables et 80 % d’entre eux expliquaient se rendre compte des changements de mentalité et vouloir travailler avec des compagnies de voyage proposant des options éco-responsables dans le processus de réservation.

Le mode de transport est également pointé du doigt. Avec les restrictions de déplacement, les voyages d’affaires encore maintenus concernent principalement des destinations domestiques : le train se présente alors comme une alternative viable et plus verte. Le TGV avait d’ores et déjà pris des parts de marché au secteur aérien sur les trajets de courtes et moyennes distances et  le prêt de l’Etat à la Compagnie Air France a été conditionné à la commercialisation des liaisons courtes, uniquement en cas de pré acheminement vers un vol international. Dans le monde “d’après”, l’argument écologique aura d’autant plus de poids et les voyageurs d’affaires européens seront prêts à faire des trajets en train de quatre heures, contre les deux à trois heures acceptées jusqu’à présent**. Cela a déjà été observé avec la reprise des déplacements en Chine qui s’opèrent dans une plus  grande mesure sur le transport ferroviaire plutôt que l’aérien.

Il incombera à chacun de revoir avec plus d'attention l’utilité de chaque déplacement et nous le savons, les déplacements resteront nécessaires, c’est pourquoi il conviendra de définir comment mieux voyager.

La part de responsabilité des entreprises et les atouts de la mise en place d’une politique voyage éco-responsable

Aujourd’hui, la plupart des grandes entreprises doivent publier des rapports sur leurs pratiques RSE mais seulement 33 % d’entre elles ont une politique de voyage professionnel éco-responsable d’envergure. Un chiffre qui tend à évoluer, dans l’intérêt premier des entreprises. En effet, nous vivons une époque dans laquelle les collaborateurs attendent de leur entreprise une prise en compte de ces enjeux écologiques. Un positionnement affirmé de cette dernière, via notamment la mise en place d’une politique voyage plus éco-responsable, permet de répondre à leur besoin et d’améliorer son taux d’attraction et de rétention des talents. En effet, la nouvelle génération a ces valeurs ancrées en elle et en attend tout autant de son potentiel employeur. La perspective de travailler pour une entreprise reconnue comme éthique augmente largement l’attractivité de cette dernière.

Pour s’aider dans cette démarche, l’entreprise peut s’appuyer sur une variété d’outils technologiques et 45 % des responsables de voyage en Europe considèrent que les organisations et les services ont des options durables sur le plan environnemental. Ces outils leur permettent, par ailleurs, d’améliorer leur visibilité dans le but de les aider à faire des choix plus durables. Est-ce que cela aura un impact sur le budget voyage ? Pas vraiment ! Sur les destinations domestiques ou continentales, l’alternative en train est moins coûteuse et les déplacements en avion pourront être rationalisés (plus d’aller-retour journée au profit de plusieurs réunions combinées sur quelques jours). Pour les déplacements long courrier il y aura peut-être le dilemme du recours aux vols directs plus onéreux que ceux avec escale par exemple. Mais le confort des vols directs demeure un investissement important pour de meilleures conditions de déplacement et donc de travail des collaborateurs.

Les économies générées sur le court et moyen courrier devraient permettre de compenser les investissements nécessaires sur le long courrier, offrant de meilleures conditions de travail pour les collaborateurs ... c'est aussi une des responsabilités sociétales des entreprises.

* Sauf mention contraire, tous les chiffres donnés proviennent d’une étude GBTA x SAP Concur menée en 2019

** Selon une enquête menée par UBS Evidence Lab auprès de 1 000 personnes dans quatre pays européens et en Chine