Aéronautique, année 1

Les conséquences économiques de la crise sanitaire sur les professionnels de l'aéronautique.

Qu’ils soient techniciens ou ingénieurs, qu’ils travaillent à Figeac, Saint-Nazaire ou Méaulte, pour des grands groupes, des petits équipementiers ou des sociétés de conseil, les professionnels de l’aéronautique civil subissent de plein fouet les conséquences économiques de la crise sanitaire. C’est probablement la filière industrielle qui a payé le plus lourd tribut au COVID 19 : entre mars et octobre derniers, elle a détruit l’équivalent du volume de postes qu’elle avait créé au cours des dix dernières années.

Toujours sonné, soutenu à bout de bras par l’Etat et plusieurs collectivités territoriales pour résister à la plus forte zone de turbulences qu’il ait jamais eu à traverser, le secteur aéronautique, fleuron de l’industrie hexagonale à la croissance jusqu’ici insolente, peine aujourd’hui à projeter son avenir.

Quel impact concret aura le controversé projet de passeport vaccinal européen, s’il voit le jour, sur le redémarrage de l’activité ? Prendre l’avion relèvera-t-il encore de l’anodin dans le ‘monde d’après’ ? Les voyageurs d’affaire, le segment de clientèle le plus profitable des compagnies aériennes, reprendront-ils autant qu’avant le chemin de l’aéroport après avoir pratiqué pendant des mois les réunions Zoom ?

Beaucoup d’interrogations cruciales sur l’avenir d’un secteur structurant pour l’économie Française, et bien peu de réponses à mettre en face. Quelques faits semblent toutefois acquis.

Le premier veut que dans un contexte où l’impact environnemental de nos comportements les conditionnera de plus en plus, investir dès aujourd’hui sur des modes de déplacement plus sobres en énergies fossiles constitue une formidable opportunité pour accélérer les sauts technologiques, et relancer durablement la filière en maintenant et en développant l’excellence des compétences dont elle dispose. 

C’est l’ambition affichée par l’Etat français, qui souhaite faire de l’aéronautique tricolore le leader mondial du transport aérien décarboné, avec des premiers vols commerciaux propulsés à l’hydrogène dès 2035. Si cette opportunité est à saisir, elle n’empêchera malheureusement pas les réductions d‘effectifs à court terme. Celles-ci pourront être freinées par les dispositifs publics volontaristes de soutien à l’emploi, mais elles continueront malheureusement de faire l’actualité du secteur en 2021. 

Pour autant, l’avenir des forces vives du secteur n’est pas aussi sombre qu’on pourrait le penser. Nombre de techniciens et d’ingénieurs formés à l’exigeante école de l’aéronautique Française ont bâti des portefeuilles de compétences qui ne manqueront pas d’intéresser des employeurs issus de secteurs moins exposés aux conséquences de la crise, qui restent en recherche de profils techniques qualifiés et engagés.

C’est en particulier le cas des experts de l’électronique, de la mécanique, des professionnels de l’ingénierie logicielle ou de la sûreté de fonctionnement, dont les savoir-faire techniques pointus sont facilement transférables vers d’autres filières industrielles.

Pour réussir leur ‘stratégie de rebond’, les consultants en ingénierie, qui ont appris à passer d’un client à l’autre, d’un enjeu à l’autre, d’un logiciel à l’autre au grès des missions d’accompagnement qui leurs sont confiées, disposent certainement d’une carte maitresse dans leur jeu :  une capacité d’adaptation forte et éprouvée.  

Une raison de plus pour les grandes sociétés de conseil généralistes qui les emploient d’accompagner du mieux qu’elles le peuvent leurs consultants de l’aéro vers ces filières dans lesquelles elles comptent déjà nombre de clients, plutôt que de s’empresser de s’en séparer au premier vent contraire, si fort soit-il, comme beaucoup d’observateurs du secteur le constatent amèrement.

Ces grandes sociétés qui, ces dernières années, pour attirer les talents rares dont le secteur manquait, n’hésitaient pas à dépenser des millions d’euros pour promouvoir leur marque employeur, valoriser des "expériences collaborateurs premium" orchestrées par des Chief Happiness Officers dévoués, au sein de groupes "plaçant l’humain au cœur de leurs processus de création de valeur" doivent aujourd’hui tenir leurs promesses. C’est quand la mer se retire qu’on voit ceux qui se baignent nus, disait Warren Buffet…

Avec ou sans elles, les experts techniques de l’aéronautique garderont en 2021 de vrais atouts pour s’ouvrir à de nouveaux horizons professionnels, pour peu qu’ils ne s’interdisent pas d’explorer de nouveaux terrains de jeu, aussi bien sectoriels que géographiques, où leur talent et leur engagement pourront s’exprimer.