Moins coûteux mais moins connu, le successeur d'Autolib se cherche encore

Moins coûteux mais moins connu, le successeur d'Autolib se cherche encore La mairie de Paris veut étendre le programme d'autopartage Mobilib lancé en 2019, sans pour autant donner trop d'importance aux voitures partagées.

Un peu plus de deux ans après son lancement, Mobilib peine toujours à trouver son public. Créé pour succéder au fiasco financier d'Autolib et pensé pour être beaucoup moins coûteux pour la mairie de Paris, ce programme voit quatre opérateurs (Ada, Communauto, Getaround, Ubeeqo,) d'autopartage se partager un millier de places de stationnement dédiées dans la capitale. Il s'agit d'autopartage en boucle, c'est-à-dire que les clients prennent et déposent leurs véhicules au même endroit. Une offre plutôt pensée pour sortir de Paris, ce que font 86% des utilisateurs selon la mairie. Les acteurs du secteur étaient réunis près de l'Hôtel de Ville ce 21 septembre à l'invitation de la maire, et ont reçu la visite de son adjoint aux Transports David Belliard, alors que des tractations sont en cours pour augmenter le nombre de places de stationnement du programme Mobilib.

Premier constat des opérateurs, cette offre manque aujourd'hui de visibilité. Seuls des panneaux pas franchement voyants à côté des places de stationnement distinguent les emplacements et les voitures Mobilib du lot commun de la voirie. "Nos véhicules ne sont pas aussi voyants que les trottinettes, la majorité du grand public ne sait même pas que cette offre existe" reconnaît Simon Baldeyrou, directeur Europe de Getaround, qui exploite 150 places de stationnement dans le cadre de Mobilib. Et puisque quatre opérateurs se partagent seulement 1 000 places, chacun d'entre eux ne génère que de faibles volumes de courses qui ne leur permettent pas d'être rentables. A quoi viennent s'ajouter des problèmes opérationnels, comme le squat des places Mobilib par d'autres automobilistes, qui force les utilisateurs à se garer ailleurs, ce qui est interdit et entraîne des amendes pour les opérateurs. "Cela a un impact notable sur la rentabilité", assure Federica Campina, directrice de Communauto à Paris.

Bientôt 1 000 places Mobilib supplémentaires

Pour donner un coup de pouce aux opérateurs, la mairie de Paris a accepté de dédier mille places supplémentaires à Mobilib, donc de doubler la taille du marché. Une concession issue des assises du stationnement organisées l'année dernière, dans le cadre desquelles la ville cherchait de nouveaux débouchés pour les 60 000 places de stationnement en voirie qu'elle compte supprimer ces prochaines années. L'adjoint aux transports David Belliard, qui conteste que les opérations de Mobilib ne sont pas rentables pour les entreprises participantes, reconnaît toutefois que celles-ci "ont besoin de croître". Il assume de n'ajouter que 1 000 places sur les 60 000 prochainement supprimées, là où certains acteurs comme Getaround poussent pour beaucoup plus. "C'est une question de curseur, car pour nous l'autopartage n'est pas la solution numéro 1 aux problèmes des villes, mais fait partie d'un mix de solutions. L'autopartage, c'est la voiture autrement, mais ce n'est pas moins de voitures," résume l'édile.

Ces 1 000 nouvelles places devront faire l'objet d'un appel d'offres, dont la date et les modalités n'ont pas encore été fixées. La mairie doit notamment décider si ces nouvelles places seront allouées pour seulement deux ans, afin de coïncider avec la fin de l'attribution du premier lot de 1 000 places en 2024, ou si elles le seront pour quatre ans comme le premier lot. Les opérateurs sont plutôt favorables à la seconde solution, afin de maximiser leurs retours sur investissement. Une raison de plus de venir faire les yeux doux à la mairie.