Comment la crise sanitaire a redistribué les cartes de la mobilité urbaine

Après deux années de crise sanitaire, avec confinements et restrictions, télétravail forcé et retour au bureau, les habitudes de nombreux Français ont été modifiées, certaines profondément. Parmi elles, la façon dont nous nous déplaçons au quotidien, pour aller travailler ou pour nos loisirs.

De nouvelles alternatives de transport pour le « dernier kilomètre »

Dans la promiscuité des transports en commun, la peur d’être contaminé s’est installée. En Ile-de-France par exemple, si la fréquentation du RER a retrouvé son niveau d’avant crise, seuls 47% des Franciliens ont utilisé le métro en 2021 contre 49% en 2019, et 69% ont pris le bus contre 71% deux ans plus tôt. Cela s’explique notamment par le fait que peu de modes de transport peuvent se substituer au RER, tandis que de nombreuses alternatives existent désormais pour effectuer cette liaison du dernier kilomètre auparavant réalisée en bus, en métro ou en tramway.

On parle ici de la marche ou du vélo, bien entendu, mais aussi de toutes les offres de mobilité partagée, qu’il s’agisse de voitures, scooters, vélos ou trottinettes électriques, qui se développent. Ces systèmes, qui privilégient l’usage plutôt que la propriété, permettent de réduire le nombre de véhicules et de places de stationnement nécessaires, tout en garantissant disponibilité et flexibilité, ainsi qu’une certaine forme de confort, à leurs utilisateurs.

Le véhicule individuel en perte de vitesse

Si le premier réflexe des Français après le confinement du printemps 2020 avait été d’utiliser leur voiture personnelle, on constate depuis une évolution clairement à la baisse. Et parmi les Français qui ont réduit l’usage quotidien de leur voiture personnelle, plus de la moitié (55%) affirment qu’il ne s’agit pas là d’une décision provisoire, mais bien d’un changement de comportement sur le long terme.

Plusieurs raisons à cela. Tout d’abord, moins d’un Français sur deux se déplace aujourd’hui autant qu’avant le début de la crise sanitaire, tous modes de transport confondus. Ces deux dernières années ont en effet favorisé l’adoption et le développement du télétravail, ainsi qu’une limitation plus générale des déplacements professionnels.

Dans les grandes villes engorgées, les préoccupations sont également de l’ordre de l’efficacité. On ne compte pas ici en distance à parcourir, mais en temps passé sur la route. Dans une ville telle que Paris, la 2ème ville la plus embouteillée du monde enregistrant 140 heures perdues dans les bouchons en 2021, les mobilités douces ne sont pas que bonnes pour la planète, elles permettent également de gagner du temps.

Favoriser l’usage des mobilités durables

L’évolution des préférences des Français pour des modes de transport plus durables est aussi la conséquence d’une réflexion écologique individuelle – 90% des Français affirment en effet vouloir réduire l’impact écologique de leurs déplacements quotidiens –, ainsi que d’une volonté du législateur de “décarboner” la mobilité.

Cela s’est notamment traduit par la création du Forfait Mobilités Durables en 2020, qui permet la prise en charge par l’employeur des frais de transport des salariés entre leur domicile et leur lieu de travail, dès lors que les déplacements sont effectués en mobilité douce. L’initiative vise à inciter les salariés français à délaisser leur voiture individuelle au profit de leur vélo ou trottinette, des services de mobilité partagée, ou du covoiturage.

Cette multimodalité durable permet, par la réduction de l’usage des véhicules personnels, de réduire l’impact du transport sur l’environnement et le climat. Elle permet également de faciliter les déplacements, en offrant une multitude d’options pour répondre à une multitude d’envies et de besoins. C’est ici que les enjeux du transport durable rejoignent ceux du développement durable : concilier progrès social et économique, inclusion et respect de l’environnement.