Un monde sans voiture individuelle : utopie ou réalité ?

La voiture électrique est-elle la solution au problème ? Y a-t-il d'autres solutions possibles, comme supprimer complètement la voiture individuelle ?

Dans un texte publié sur le Grand Continent, “Contre la voiture”, l’essayiste Andrea Coccia tâche d’élucider un constat paradoxal : “Il est plus facile d’imaginer la fin du monde que la fin des voitures”.

Aujourd’hui, nous pouvons constater que de nombreuses actions ont été mises en place pour réduire l’utilisation de la voiture individuelle : quartiers devenus entièrement piétons, pistes cyclables, développement de la mobilité douce au sein des villes (trottinettes, vélos…) mais jusqu’où ira cette transformation ? Le monde et la population sont-ils prêts à franchir le pas ? Est-ce que l’annonce de la Commission européenne : « 30 millions de véhicules électriques en 2030 ! » est atteignable ? La voiture électrique est-elle la solution au problème ? Y a-t-il d’autres solutions possibles, comme supprimer complétement la voiture individuelle ?

La voiture individuelle : un mode de vie

Pour rappel, en France, le secteur des transports contribue à environ 30% des émissions de gaz à effet de serre et les voitures individuelles sont responsables de près d’un sixième de la contribution française au changement climatique (15,7 %). A elles seules, elles polluent plus que l’ensemble des poids lourds (6,3 %) et des véhicules utilitaires (5,8 %).

Nous pouvons comparer la voiture individuelle à la cigarette. Les entreprises de ces deux secteurs ont su avec du matraquage publicitaire nous convaincre de la nécessité absolue de leur produit, pourtant, nocif sur le long terme. La voiture, comme la cigarette est devenue une addiction et une affaire d’état.

En 2019, Kantar indiquait que 89% des ménages possèdent une ou plusieurs voitures et plus d’un tiers d’entre eux affirment en avoir absolument besoin pour se déplacer tous les jours. 

Aujourd’hui, la voiture individuelle reste encore pour une partie de la population un marqueur social. La machine bruyante (et polluante) fait encore rêver. Jusqu’à aujourd’hui aucun block buster américain n’a mis en scène un super-héros sur une trottinette en revanche nous avons déjà vu ces super-héros au volant d’une Bugatti pour Superman ou d’une Aston Martin pour James Bond. Le rêve de cette domination matérialiste se vend bien. Mais, le déclin de la surconsommation amène la nouvelle génération à se détourner de la voiture individuelle et elle tend à perdre de son importance pour eux.

Nous pouvons noter que certains arguments sont difficiles à entendre pour la nouvelle génération. Quand Carlos Tavares Directeur Général de Stellantis explique qu' "avec le passage à l’électrique, nous risquons de perdre les classes moyennes qui ne pourront plus acheter de voiture", cela amène les millénials à se poser des questions quant au futur de la planète et à l’état d’esprit dans lequel sont certains dirigeants d’entreprises automobiles. 

Il faut également noter que pendant de nombreuses années, la voiture individuelle était signe de liberté (42% des personnes qui vivent à moins d’un km de leur lieu de travail prennent d’ailleurs leur véhicule pour s’y rendre), aujourd’hui cette vision tend à changer, la liberté de ne pas posséder son propre véhicule se démocratise.

Des actions et des projets mis en place 

Étant donné que la voiture occupe une place encore privilégiée dans les foyers français et que cette dépendance devient de plus en plus problématique à l’heure où l’on incite à en restreindre l’usage par l’utilisation de péages urbains, de vignettes, ou encore de circulation alternée des actions et des projets voient le jour.

En effet, les politiques publiques actuelles cherchent à pallier les problèmes causés par l’usage excessif de la voiture comme le trafic, la consommation d’espace urbain et surtout la pollution. 

Le premier problème de la voiture aujourd’hui, est que son utilisation est en grande partie individuelle. Ce moyen de transport devrait devenir un moyen de déplacement partagé par plusieurs individus selon leurs besoins. Des entreprises de car-sharing  comme Getaround, Ouicar, Ubeeqo, Citiz…ont compris cette problématique. Nous pouvons également noter que les collectivités se tournent vers ces solutions, plus spécialement dans les zones à forte densité urbaine où le stationnement et les transports collectifs sont contraints. En effet, réduire le nombre de voitures par foyer est un fort levier de « démotorisation » des ménages.

  • Une incitation à abandonner la voiture, certaines villes dans le monde proposent des alternatives ou restreignent les déplacements en voiture.
  • La Commission européenne met en place des actions concrètes, comme "30 millions de véhicules électriques en 2030 !" afin d’arriver à une neutralité carbone pour 2050. Cela marque la vraie prise de conscience de la part de l’Europe. Il y a tout de même des interrogations sur le manque de bornes de recharge et la lenteur de leur mise en place.
  • Des slogans éducatifs comme « Au quotidien, prenez les transports en commun », sont devenus une mention obligatoire à la fin des annonces publicitaires pour automobiles (loi d'orientation des mobilités de décembre 2019).
  • Un argument économique : vu le prix de l’immobilier au mètre carré en ville, une voiture revient très cher avec la place qu’elle occupe.

Même si différentes actions sont mises en place, malheureusement cela n’est pas encore suffisant.

Les alternatives à la voiture individuelle

Tout d’abord, il faut prendre en compte qu'en 2050, deux humains sur trois vivront en ville, bien souvent dans des mégalopoles de plus de 10 millions d'habitants.

Aujourd’hui, les alternatives présentes au sein des villes peuvent pallier la suppression de la voiture.

La population venant de l’extérieur d’une ville doit avoir à disposition quand elle arrive aux portes de celle-ci des transports en commun qui lui permettent de se déplacer librement dans l’ensemble de la ville. Une gratuité des transports est également une question à envisager pour convaincre la population d’abandonner sa voiture. 

Nous pouvons constater que, des mégalopoles ont déjà commencé à amorcer ce type de mode de vie, en interdisant la voiture individuelle dans certains quartiers à Paris, en faisant payer des taxes à l’entrée de la ville à Milan ou Londres ou encore en proposant des trottinettes et des vélos gratuits à la place de l’utilisation de la voiture en Suisse.

Il faut noter que ce type de proposition, pourra être ensuite déclinable dans les banlieues. Dans les zones rurales des bus autonomes et électriques pourront partiellement combler cette diminution de la voiture individuelle. Il est difficile d’envisager la suppression totale de la voiture individuelle dans ces zones peu habitées. 

Enfin nous pouvons voir que la nouvelle génération qui revendique un mode de vie moins matérialiste et plus écologique se dirige vers ce type de mode de vie. La difficulté à délaisser la voiture individuelle concerne plutôt l’ancienne génération.

La nouvelle génération revendique une liberté en choisissant son mode de déplacements sans dépendre d’un seul, de plus, cette génération prend très au sérieux le réchauffement climatique. Proposer un monde sans voiture individuelle est possible en commençant par les mégapoles occidentales.

Cela nous amène à nous demander si dans les années à venir la suppression de la voiture individuelle ne serait pas plus avantageuse que le remplacement par son équivalent électrique ?