Un accès plus large au crédit grâce à une meilleure connaissance client

Le crédit à la consommation est un formidable outil dont l'utilité sociétale n'est plus à démontrer. Un nombre illustre cette utilité sociale : les encours ont atteint 187 milliards d'euros en 2019.

Le crédit à la consommation permet à de très nombreux Français d’acheter les biens de consommation dont ils ont besoin et envie (voiture, mobilier, électroménager, smartphone etc.). Mais ce type de crédit est le premier contributeur au surendettement et il est crucial de s’assurer que les organismes de crédit prêtent de manière responsable ; c’est pourquoi il est autant surveillé par les pouvoirs publics. Cette surveillance est indispensable, mais elle ne suffit pas : il est également crucial de donner les moyens aux organismes de crédit de prêter de manière responsable et d’améliorer l’accès au crédit grâce à une meilleure connaissance du client. 

La clé de cet arbitrage réside dans les données auxquelles les organismes de crédit ont accès : plus leur connaissance du client est précise, et plus ces entreprises peuvent prêter sereinement à une large population. Et c’est là que le bât blesse : à part les informations fournies par le client et leur propre base de données, les prêteurs n’ont accès qu’à peu de données, principalement l’inscription ou non du client dans le fichier des incidents de remboursement des crédits aux particuliers et dans le fichier central des chèques. Ce manque d’informations conduit nécessairement à une certaine frilosité, en particulier pour les jeunes : plus de 2,5 millions de 18-35 ans, bien que stables financièrement, n’ont pas accès au crédit. Pour aider les prêteurs à réduire cette injustice, il faut mettre à leur disposition davantage de signaux.

À ce titre, la création d'un fichier positif français a été évoquée par plusieurs gouvernements, mais aucun n'a jamais été opérationnellement mis en place. Ce type de fichier aurait un double effet sur le secteur. Tout d'abord, il permettrait aux acteurs en place d'être plus pertinents dans l'analyse et l'octroi de crédits. Ensuite, il dynamiserait le marché en levant une barrière à l'entrée, permettant ainsi à de nouveaux entrants d'augmenter l'offre.

Une autre voie est ouverte par l'open banking grâce à la DSP2 : la possibilité technique pour un particulier de donner accès à ses données bancaires à une entreprise. Selon certains organismes de crédit, cela permettrait un meilleur scoring que les méthodes traditionnelles car elle mesure l'agilité financière (la faculté à s'adapter à sa situation économique) plutôt que la stabilité financière passée, estimée essentiellement sur la base de critères socio-démographiques statiques. En se basant sur la résilience financière et non sur la situation socio-professionnelle, le crédit est rendu moins discriminant et s’ouvre à de nouvelles populations au premier rang desquelles les indépendants.

Devant l'incertitude de l'obtention d'un crédit à la consommation, les consommateurs se tournent vers d'autres solutions, notamment les facilités de paiement, qui permettent à un client de régler un achat en 3 ou 4 fois.

La croissance de l'usage de ces solutions est accélérée par la demande des clients de pouvoir financer leurs achats au moment de payer, que ce soit en ligne ou en magasin. Cette croissance est rendue possible par de nouvelles technologies telles que le machine learning, permettant un scoring en temps réel efficace. Les leaders de ce marché offrent un taux d’acceptation élevé dépassant les 90%, mais ici aussi le partage des données avec les prêteurs permettrait d’augmenter la pertinence du scoring, et, in fine, la liberté de consommer sereinement.

Cette tribune fait partie d'un ensemble de tribunes proposées dans le cadre de FinTech R:Evolution.  © France Fintech