"Un boulevard devant elles" : les jeunes pousses de l'assurance embarquée sont-elles les championnes de demain ?

"Un boulevard devant elles" : les jeunes pousses de l'assurance embarquée sont-elles les championnes de demain ? Un marché immense, des acteurs traditionnels qui sont peu présents et des produits qui s'exportent facilement : l'assurance embarquée a de belles perspectives d'avenir.

Après le banking as a service, place à l'insurance as a service ? Si les fintech qui distribuent aux professionnels des produits bancaires sont bien connues de l'écosystème, c'est moins le cas de celles qui permettent aux commerçants d'ajouter un produit d'assurance dans le parcours d'achat de leurs clients. Mais cela pourrait bien changer car les jeunes pousses de l'assurance embarquée commencent à faire parler d'elles. Dernier exemple en date ? L'entreprise singapourienne Bolttech qui a annoncé une levée de fonds de 147 millions de dollars le 4 juin dernier.

Pour être tout à fait exact, l'assurance embarquée n'est pas un service nouveau. "C'est un métier qui existe depuis une trentaine d'années. Avant, on parlait d'assurance affinitaire, c'est-à-dire une assurance associée à un bien ou un service déterminé", indique Maximilien Dauzet, CEO de Neat, une jeune pousse de l'assurance embarquée. "Des start-up se sont spécialisées sur une verticale : l'assurance vélo, l'assurance auto, l'assurance trottinette, l'assurance smartphone… Certains ont cru qu'on pouvait faire des licornes en se concentrant sur un seul produit."

L'assurance embarquée multiproduits, la vraie innovation

"C'est un marché qui n'a pas bougé depuis longtemps. Mais il y a du changement depuis 3/4 ans", poursuit le dirigeant. Dont un en particulier : l'innovation, c'est de développer des produits d'assurance pour plusieurs secteurs et pas pour un bien ou service particulier. "Historiquement, l'assurance embarquée se concentrait surtout sur l'automobile. Aujourd'hui, on en trouve sur presque tous les produits", confirme Anouk Bara, experte assurance pour l'Observatoire de la Fintech et directrice générale déléguée de Wakam.

Cette petite révolution est notamment portée par de jeunes assurtech nées il y a peu. Neat, fondée en 2023 et qui a levé 50 millions d'euros en 2024, est la plus connue d'entre elles. Dans son sillage, on retrouve Estaly (fondée en 2022 ; levée de fonds de 3,6 millions en 2024), Evy (fondée en 2022 ; levée de fonds de 6,5 millions d'euros en 2022) ou encore June Care (fondée en 2022). Toutes reposent sur le même business model : une commission prélevée sur chaque assurance souscrite par le consommateur. Côté commerçants, l'avantage est double : ils perçoivent eux aussi une part de cette commission, sans avoir à supporter ni frais d'intégration, ni abonnement.

"Dans l'assurance, on a vu beaucoup de start-up dont le modèle était trop dépendant de l'argent des VC. Là, on parle de croissance saine et rentable"

Ces assurtech ont la chance d'évoluer sur un marché où les acteurs traditionnels de l'assurance sont peu présents. "On voit peu les grands groupes car l'assurance embarquée demande une très grande agilité technologique pour développer des produits rapidement", explique Anouk Bara. "Il y a quand même SPB qui a été un peu le précurseur", note Maximilien Dauzet. On peut également citer Wakam, anciennement nommé La Parisienne Assurances, qui propose des produits d'assurance embarquée en marque blanche. 

Côté avantages, l'assurance embarquée "multiproduits" permet de "répondre à un vrai besoin car certaines catégories de produit étaient mal couvertes", explique Stéphanie Hospital, fondatrice du fonds d'investissement OneRagtime qui a participé au dernier tour de table d'Estaly. "Dans l'assurance, on a vu beaucoup de start-up dont le modèle était trop dépendant de l'argent des VC. Là, on parle de croissance saine et rentable". "On a 2 500 clients répartis sur de nombreuses verticales. Couvrir plusieurs secteurs permet d'avoir plus de clients et donc de mieux mutualiser le risque", assure Maximilien Dauzet.

Un sacré potentiel de marché

Pour les retailers, les solutions proposées par ces jeunes pousses "sont parfaitement intégrées dans le parcours de paiement", indique Stéphanie Hospital. "Pour le consommateur, l'expérience est très fluide et les marques gardent la main sur l'expérience client".  "La tech permet de construire des produits d'assurance faciles à utiliser. Ces produits sont désormais accessibles aux entrepreneurs de toute taille, et pas uniquement aux grands commerçants", ajoute de son côté Maximilien Dauzet. "Par ailleurs, les solutions d'assurance embarquée sont facilement exportables à l'étranger car il n'est pas nécessaire de s'adapter aux spécificités d'un pays mais seulement à celles d'un produit".

Si tous les commerçants, peu importe leur taille et leur pays, sont des clients potentiels, le marché de l'assurance embarquée possède de belles perspectives d'avenir. "Les études s'accordent sur le fait qu'en 2030, l'assurance embarquée représentera entre 25% et 30% des primes d'assurance", confirme Anouk Bara. Un marché immense, des acteurs traditionnels qui sont peu présents et des produits qui s'exportent facilement, c'est plutôt prometteur non ? "Il y a clairement un boulevard ! Mais la croissance doit être maîtrisée pour tenir compte des enjeux réglementaires liés au secteur de l'assurance", conclut notre experte.