Comment le partage de revenu réinvente le financement des entreprises

Un nouveau modèle d'investissement gagne du terrain en France : le partage de revenu. Issu du monde anglo-saxon, il propose une alternative aux mécanismes classiques de financement, jugés parfois trop rigides ou spéculatifs. En réconciliant finance et économie réelle, ce modèle séduit autant les entrepreneurs que les investisseurs.

Investir sur la croissance, pas sur la propriété

Contrairement à la dette ou au capital, le partage de revenu repose sur un principe simple : un investisseur finance un projet et reçoit en échange un pourcentage du chiffre d’affaires généré, appelé redevance.

Ces contrats durent généralement entre 3 et 5 ans, avec des paiements trimestriels. Contrairement à un prêt, la charge n’est pas fixe mais proportionnelle aux résultats. Contrairement à une levée de fonds, l’entreprise ne se dilue pas et reste maîtresse de sa gouvernance.

En somme, on ne devient pas propriétaire d’une part de l’entreprise, mais on partage temporairement sa réussite. Un équilibre qui convient aux entrepreneurs soucieux de préserver leur indépendance et aux investisseurs recherchant un rendement progressif et aligné sur la performance réelle.

Des acteurs internationaux comme Amazon ont adopté ce modèle en interne via des mécanismes de Revenue Based Financing (RBF), tandis qu’en France, des sociétés comme Karmen l’utilisent également pour financer des entreprises, même si elles ne le proposent pas directement à des investisseurs particuliers.

La technologie, accélérateur du modèle

Pour que le partage de revenu se développe, la technologie est indispensable. Elle ne crée pas le modèle, mais en rend la mise en œuvre possible à grande échelle. Trois défis dominent : gérer automatiquement des milliers de microtransactions liées aux redevances et ce dans le respect des contraintes fiscales et réglementaires ; offrir aux investisseurs une visibilité claire et vérifiable, loin de l’opacité qui entoure parfois la distribution de dividendes ou la revente d’actions ; et enfin simplifier un mécanisme encore méconnu pour le rendre compréhensible, pédagogique et comparable aux autres produits financiers.

Concrètement, cela peut se traduire par une plateforme capable de piloter des centaines de campagnes, en assurant un suivi fluide des flux financiers et une information claire pour toutes les parties. L’objectif est simple : rendre cette mécanique lisible, traçable et accessible.

Une innovation utile

Ce qui distingue ce modèle, c’est sa capacité à reconnecter la finance avec la réalité du terrain. Contrairement aux valorisations théoriques de certaines start-ups qui pouvaient paraître démesurées face à une activité encore faible, le partage de revenu repose sur des données vérifiables telles que le chiffre d’affaires généré et la croissance effective de l’entreprise.

C’est une innovation utile qui replace la croissance et l’impact positif au centre de l’équation.

Et demain ?

Le partage de revenu pourrait devenir le troisième pilier de la finance entrepreneuriale, aux côtés du prêt et du capital. Dans un contexte où les marchés se resserrent et où les excès spéculatifs s’effacent, ce modèle gagne en pertinence.

Demain, toutes les plateformes d’investissement devront renforcer la traçabilité, la transparence et le suivi de leurs financements. Le partage de revenu en offre déjà une version concrète et prometteuse.

À nous acteurs du secteur de transformer cet outil en levier pour une finance plus performante, transparente et durable.