Les risques concurrentiels de l'IA générative selon l'Autorité de la concurrence

L'Autorité de la concurrence française a mis en lumière ce 28 juin 2024 dans un "avis" les risques concurrentiels associés à l'IA générative, un secteur dominé par quelques géants technologiques.

L'intelligence artificielle générative, avec des acteurs clés comme OpenAI et Google, soulève d'importantes préoccupations en matière de concurrence. L'Autorité de la concurrence française a conduit une étude approfondie pour identifier les risques et proposer des mesures préventives contre les abus de position dominante. Leur analyse, publiée le 28 juin 2024 dans un "Avis", met en lumière les principaux défis concurrentiels de ce secteur en plein essor et présente des recommandations pour garantir une concurrence équitable.

Depuis son lancement en novembre 2022 par OpenAI, ChatGPT a révolutionné de nombreux domaines. L'IA générative offre des possibilités inédites en matière de création de contenu, de conception graphique et de collaboration. Cependant, cette technologie est dominée par quelques acteurs américains, notamment OpenAI, Google et Microsoft. Cela soulève des préoccupations sur la concentration du marché et les risques d'abus de position dominante.

Les risques concurrentiels identifiés

L'Autorité de la concurrence (ADLC) a mis en évidence plusieurs risques potentiels tout au long de la chaîne de valeur de l'IA générative. Par exemple, Nvidia détient environ 80% du marché des GPU, essentiels pour le développement de modèles d'IA, ce qui soulève des inquiétudes quant à la fixation des prix et aux pratiques discriminatoires.

Les partenariats exclusifs entre grandes entreprises, comme celui de plusieurs milliards de dollars entre Microsoft et OpenAI, posent également des questions sur la transparence et l'impact sur la concurrence. L'Autorité constate un manque de transparence sur ces accords qui ne permettent pas toujours de déterminer si ceux-ci peuvent nuire à la concurrence et donc aux consommateurs.

Les pratiques de verrouillage du cloud et des données

L'accès aux services de cloud est essentiel pour le développement et l'hébergement des modèles d'IA. Les géants du cloud, comme Amazon Web Services (AWS) et Microsoft Azure, utilisent des stratégies pour attirer et retenir les start-ups. Ils offrent des crédits cloud particulièrement élevés, incitant ainsi les start-ups à rester fidèles à leur fournisseur initial. Ce verrouillage financier et technique limite la capacité des start-ups à changer de fournisseur.

Les grandes entreprises technologiques posent aussi des problèmes avec leur utilisation des données. L'Autorité de la concurrence s'inquiète des pratiques qui ne respectent pas les droits d'auteur et des accords de non-débauchage qui empêchent les talents de migrer vers la concurrence. En décembre, Benoît Coeuré, président de l'Autorité de la concurrence, relayé par Le Figaro, a déclaré : "L'industrie de l'intelligence artificielle générative a le potentiel de devenir le musée des horreurs de l'antitrust si on ne fait rien".

Les recommandations de l'Autorité de la concurrence

Pour ouvrir davantage le marché de l'IA générative, l'Autorité propose plusieurs mesures. Elle recommande d'utiliser les outils législatifs actuels comme le Digital Market Act (DMA) pour réguler les contrôleurs d'accès. Cela permettrait d'encourager une meilleure transparence des partenariats. En outre, faciliter l'accès aux supercalculateurs publics pour les start-ups pourrait soutenir l'innovation.

L'Autorité suggère aussi de renforcer la transparence sur les prises de participation minoritaires des géants du numérique dans les entreprises innovantes. Cette mesure vise à prévenir les risques de collusion et de verrouillage du marché.

L'IA générative représente un tournant technologique majeur, mais elle nécessite une régulation attentive. Il est crucial d'éviter les abus de position dominante et de garantir une concurrence équitable. Les recommandations de l'Autorité de la concurrence visent à équilibrer le marché. Elles favorisent l'innovation tout en empêchant les pratiques anticoncurrentielles des géants technologiques. Une vigilance continue est nécessaire pour maximiser les bénéfices de cette révolution technologique tout en protégeant les consommateurs et les petites entreprises.