Pour améliorer la logistique, les capteurs s'enrichissent de fonctionnalités

Pour améliorer la logistique, les capteurs s'enrichissent de fonctionnalités Les objets connectés ne se contentent plus de transmettre de l'information sur un paramètre. Tour d'horizons de différentes solutions existantes.

De la température aux vibrations, les entreprises veulent désormais pouvoir mesurer des données de plus en plus variées dans leur chaîne logistique. "Il s'agit d'une tendance que nous observons depuis près de deux ans", rapporte Olivier Guilbaud, président et fondateur d'Ineo-Sense, une start-up nîmoise spécialisée dans la conception de systèmes IoT industriels.

La surveillance du transport notamment représente un sujet important en logistique, qu'Ineo-Sense adresse par la détection de chocs. "Un équipementier automobile recevait souvent des pièces endommagées. Intégrer la détection de chocs à notre solution IoT de géolocalisation lui a permis de se rendre compte que les chauffeurs transportant les pièces des fournisseurs à l'usine d'assemblage, coupaient toujours un même rond-point, faisant s'entrechoquer les pièces", raconte Olivier Guilbaud. A noter que l'ajout de fonctionnalités intervient souvent en phase pilote, lorsque l'entreprise trouve comment valoriser davantage l'usage des capteurs. L'entreprise a ainsi conçu un objet connecté doté d'une architecture capable de contenir quatre capteurs différents, et dont l'analyse s'effectue en edge computing.

De son côté, la société française de métrologie JRI s'est spécialisée dans la surveillance de la chaîne du froid. Outre la température et l'hygrométrie, ses capteurs détectent l'ouverture de porte ou une variation de l'intensité lumineuse. "Dans le processus de livraison, cela permet à l'entreprise de savoir quand sont déchargées les marchandises. Et si une porte est mal fermée, le chauffeur peut être directement alerté", détaille Eric Cartalas, directeur général des opérations chez JRI. Cette gamme d'objets connectés de nouvelle génération a nécessité quatre années de développement à JRI.

"Un équipementier automobile s'est rendu compte que les chauffeurs coupaient toujours un même rond-point, faisant s'entrechoquer les pièces"

Dans le secteur de la construction, c'est le taux d'usage du matériel qui est associé à sa géolocalisation. La start-up française Hiboo a en ce sens créé un capteur qui localise une machine, mesure son utilisation et en prévoit la maintenance. "On permet d'économiser 90% du temps d'un inventaire et de facturer sur un taux d'utilisation exact", assure Clément Bénard, cofondateur. Hiboo a notamment travaillé avec Bouygues Construction pour réduire l'immobilisation des équipements. "Lors d'un chantier, il ne faut pas qu'un bâtiment soit livré en retard, alors les opérateurs demandent du matériel supplémentaire. On évalue que 4 à 6% ne sont pas utilisés, ce qui représente des millions d'euros par mois. En repérant le matériel non utilisé, Bouygues peut le réaffecter."

Les capteurs ne font pas que s'enrichir en termes de possibilités de mesure. De nouvelles fonctionnalités apparaissent. Alors que la voix devient, avec le développement d'assistants vocaux, une solution prisée pour pouvoir effectuer des actions les mains libres, le Français SES-Imagotag a choisi d'intégrer cette option à ses étiquettes intelligentes, un an après y avoir adjoint une lumière Led. Pour cela, il mène actuellement un projet pilote avec Vivoka, start-up lorraine de reconnaissance vocale. Cette dernière utilise l'application cloud du groupe pour y ajouter des requêtes vocales. "En magasin ou dans les entrepôts, les collaborateurs demandent par exemple où se trouve telle tablette de chocolat et l'étiquette correspondante clignote. Cela génère des gains de temps important dans la préparation des courses en drive ou en click and collect", souligne Florian Guichon, COO chez Vivoka. Loic Oumier, responsable marketing digital et opérationnel chez SES-Imagotag, estime que les gains d'efficacité des étiquettes intelligentes offrent aux magasins un retour sur investissement compris entre 12 et 18 mois. L'entreprise mise sur ce marché en pleine expansion pour doubler son chiffre d'affaires (187,7 millions d'euros) en 2020 et atteindre 800 millions d'euros en 2022.

Les possibilités des capteurs se multiplient, donc, mais ce n'est pas une fin en soi, préviennent Joël Rubino, CEO de la start-up experte en intelligence artificielle Cartesiam, et Sébastien Chatelier, directeur du groupe de services industriels en électronique Eolane : "La multiplication des capacités des capteurs importe moins que l'intelligence que l'on y insère pour qu'il traite les données recueillies en local". Pour les deux dirigeants, l'autonomie et la simplicité d'utilisation restent selon eux la principale préoccupation des industriels.