Laboratoires d'analyse : la chaîne du froid évaluée par IoT
Depuis mars 2020, le personnel des laboratoires d'analyses se focalise sur les dépistages de la Covid-19. Les cadences s'accroissent avec la multiplication des test PCR. Pour éviter de leur accaparer du temps en cette période de crise avec des tâches chronophages, comme le relevé de températures des équipements, les Biologistes indépendants (LBI), un réseau français de laboratoires privés, a choisi d'intégrer dans sa coopérative d'achats le référencement de la solution IoT de suivi de la chaîne du froid de la start-up française Koovea. L'objectif : automatiser les relevés de températures, qui se faisait jusqu'alors à la main, afin de respecter les conditions de conservation des prélèvements.
Dans le cadre de ce partenariat, signé en mai 2020, Koovea a équipé une cinquantaine de laboratoires de sa solution SaaS. Chaque site dispose d'une dizaine de réfrigérateurs, désormais dotés de capteurs qui envoient les données de températures en Bluetooth sur le routeur de Koovea, transférées ensuite par réseaux cellulaires sur le serveur et dans les logiciels métiers de LBI.
La coopérative LBI n'a pas encore établi de résultats chiffrés mais met en avant les gains de temps considérables obtenus par rapport aux processus manuels, évitant par la même occasion les erreurs de transcription. "Les alertes en temps réel sécurisent les analyses. Chaque réfrigérateur contient généralement des produits d'une valeur de 10 à 50 000 euros. En cas d'anomalie, c'est autant de pertes", détaille Adrien Content, CEO et cofondateur de Koovea, estimant qu'en moyenne, les acteurs du marché enregistrent 10% de pertes dans leur chiffre d'affaires en raison de pannes de réfrigérateur. "En santé, au niveau mondial, ce sont 35 milliards de produits qui sont perdus par an à cause de ruptures de la chaîne du froid", ajoute-t-il. Et François Goulin de renchérir : "Les implications peuvent être désastreuses. Si une panne cause la perte de prélèvements, il faut rappeler les clients. La crise sanitaire nous a montré que l'organisation était plutôt figée et que l'IoT est une technologie qui peut nous permettre d'être plus agiles, rapides et efficaces."
Le réseau LBI prévoit d'étendre l'expérimentation mi 2021 aux unités mobiles de transport d'échantillons et envisage dès à présent d'autres usages avec l'IoT pour compléter les dossiers des patients. "Ce qui nous a décidé d'adopter cette solution est la possibilité de l'installer par la suite sur les réfrigérateurs de transports, pour garantir la température pendant les opérations logistiques, souligne François Goulin. De par la consolidation de l'activité sur des plateaux techniques d'analyses, l'organisation des flux et des tournées intra ou inter sites est fondamentale. Le suivi centralisé des températures dirigées est devenu l'un de nos nouveaux besoins." Le référencement de Koovea dans la centrale d'achat LBI lui ouvre les portes de ses quelque 600 laboratoires répartis sur le territoire français.
Ce contrat important n'est qu'une première étape dans le secteur des biotechnologies pour Koovea. La start-up a signé avec un grand groupe un contrat de l'ordre de plusieurs millions et s'attend à un essor de ce marché en pleine croissance. "La crise sanitaire a conduit à une prise de conscience sur le marché et à un durcissement des normes quant aux conditions de stockage ", observe Adrien Content. Koovea, qui a réalisé en 2020 un chiffre d'affaires de 200 000 euros, a prévu une levée de fonds début 2021, doublera ses effectifs et vise un chiffre d'affaires de plus de deux millions d'euros.