L'éclairage public, un marché prometteur pour l'eSIM

L'éclairage public, un marché prometteur pour l'eSIM Les collectivités publiques s'intéressent de plus en plus à la technologie eSIM pour renouveler leur parc d'éclairage public en raison de sa flexibilité.

2023 va marquer une nouvelle étape dans l'essor des eSIM, assure l'entreprise de télécommunications Transatel. Une certitude appuyée par les chiffres : le marché global de l'eSIM devrait passer de 4,7 milliards de dollars en 2023 à 16,3 milliards en 2027, d'après le cabinet Juniper Research. En termes de volume, l'entreprise Kore Wireless, qui a commercialisé plus d'un million de cartes eSIM en 2021, estime que le nombre d'eSIM au niveau mondial va doubler de 430 millions de modules fin 2022 à 822 millions en 2025. Du côté du grand public, Samsung doit annoncer cette année, après Apple en 2022, la généralisation de l'eSIM pour leur nouvelle gamme de produits connectés. Dans le BtoB, les smart city font passer à l'échelle leurs projets d'éclairage public et 88% d'entre eux embarqueront de l'eSIM, selon Kore Wireless.

Un essor qui s'explique par "le besoin des collectivités d'assurer une meilleure gestion de l'énergie et de réaliser des économies", explique William Gouesbet, PDG de Kerlink, qui réalise près de 80% de ses revenus sur le marché des smart cities. Une observation également relevée chez Signify, entreprise spécialisée dans la conception et la production d'éclairage qui a fait évoluer tous ses produits avec des eSIM il y a déjà deux ans : "Les collectivités se concentrent sur l'éclairage pour réaliser des économies. La ville de Talence (en Gironde) par exemple a obtenu 83% d'économies d'énergie en rénovant son parc. Les opportunités sont encore nombreuses car, sur les 10 millions de points lumineux en France, 40% sont obsolètes et seuls 15% ont été renouvelés en Led. Au moment de la rénovation, les collectivités adoptent désormais l'eSIM", raconte Christophe Bresson, directeur de la communication.

"Avec le réseau cellulaire d'un opérateur, la collectivité n'a pas besoin de déployer son propre réseau"

Car le principal atout de l'eSIM est sa flexibilité, avec la promesse de pouvoir changer d'opérateur à distance de manière transparente en temps réel. "S'ils veulent effectuer des mises à jour ou changer d'abonnement, ce ne serait pas viable à la main, alors que tout se fait en Fota (firmware over-the-air, ndlr) avec l'eSIM", rappelle Christophe Bresson, pour qui l'eSIM est également un avantage dans les zones géographiques où la fibre n'est pas installée. "Avec le réseau cellulaire d'un opérateur, la collectivité n'a pas besoin de déployer son propre réseau, ce qui est habituellement un frein à la scalabilité, d'autant que les offres en LTE-M ou NB-IoT sont désormais à des prix compétitifs", justifie Hatem Oueslati, CEO d'IoTerop, start-up française spécialisée dans le device management, avant d'ajouter, fort de son expérience avec la société Urban Control qui a déployé au Royaume-Uni plus de 200 000 modules pour l'éclairage public : "L'évolutivité est un argument clé pour un parc d'éclairage public, voué à rester en place pour une quinzaine d'années minimum."

Deuxième avantage fort en faveur de l'eSIM, la bande passante de ses réseaux cellulaires. L'éclairage connecté est souvent une porte d'entrée pour développer de nouveaux usages. "Les boîtiers, qui profitent avec le réseau NB-IoT d'une couverture plus large et en hauteur, peuvent également servir à la mesure de particules polluantes ou à la détection sonore", constate Hatem Oueslati. De même chez Transatel, les projets d'éclairage embarquent généralement "des caméras connectées de vidéosurveillance sur les mâts ou des capteurs de comptage", indique Jacques Bonifay, son président, soulignant que l'eSIM réduit par nature l'encombrement dans le module.

Si ces avantages permettent à l'eSIM de s'imposer, la technologie reste encore relativement méconnue en France. "La technologie est disponible depuis 2017 mais sur le marché français, beaucoup de clients pensent que l'on ne peut pas bénéficier d'eSIM dans des routeurs", regrette Benjamin Buscayret, directeur en France de Kore Wireless. "Le marché n'a pas décollé jusqu'à présent car les utilisateurs sont encore pour beaucoup habitués au Wifi et nous sommes encore dans une phase où il faut prendre le temps de leur expliquer les avantages de la technologie. Cela va basculer avec la 5G et les besoins de surveillance industrielle", prédit Jacques Bonifay en conclusion.