Avec Linky, Enedis pourra empêcher vos appareils électriques de fonctionner en cas de pénurie
Le Linky va être au centre d'une nouvelle expérimentation afin de mesurer l'impact d'une réduction de puissance du compteur par deux sur la consommation électrique. Une mesure qui ne concerne pour l'instant qu'une seule région.
L'expérimentation fait couler beaucoup d'encre : Enedis va limiter la puissance des compteur électrique Linky de 200 000 particuliers dans le département du Puy-de-Dôme à 3 kilovoltampères (kVA), contre 6 ou 9 kVA habituellement, et ce pendant 2 heures. En retour, ils recevront une prime de dix euros. Objectif : mesurer l'impact de la limitation temporaire de puissance sur la consommation électrique, ses avantages et ses inconvénients.
Le décret d'application et l'arrêté délimitant le périmètre géographique de cette expérimentation voulue par l'Etat ont été publiés au Journal officiel le 30 décembre dernier. Enedis, gestionnaire du réseau public de distribution d'électricité, est ainsi mobilisée pour mettre en œuvre techniquement ce test. "Jusqu'à présent, quand une mesure de sauvegarde du réseau est décidée en extrême urgence, une coupure secteur de deux heures tournantes est effectuée. Cette expérimentation vient tester une alternative à ce dispositif de coupure. C'est une très bonne idée car cela permet d'éviter des problèmes, comme des portes électroniques qui ne se s'ouvrent pas, en maintenant fonctionnels des usages essentiels", réagit Anne-Sophie Perrissin-Fabert, déléguée générale du syndicat de l'Industrie du génie numérique énergétique et sécuritaire IGNES, qui suit l'évolution du test avec attention.
L'expérimentation est pour l'heure restreinte au département du Puy-de-Dôme qui "répond aux critères de représentativité dans la puissance et les types d'abonnement, dans les options tarifaires, de l'effet de la température extérieure sur la consommation d'électricité et de la présence de zones rurales et urbaines", fait savoir Enedis au JDN.
Mais Enedis ne compte pas s'arrêter là. Si les résultats s'avéraient probants, cette mesure pourrait constituer un nouvel outil de sauvegarde à l'échelle nationale pour éviter des coupures temporaires (délestage)."Il est encore tôt pour connaître les conclusions du test mais il s'agit d'un vrai sujet collectif dont l'enjeu est de construire ce nouveau service de dernier recours", souligne Anne-Sophie Perrissin-Fabert, avant d'ajouter : "L'idée est de rendre l'opération indolore pour les Français avec quelques équipements supplémentaires, et sans difficulté de mise en œuvre."
Les premiers pour qui le dispositif sera indolore sont les Français équipés de gestionnaire d'énergie dans leur tableau électrique. "Ces appareils contiennent un délesteur. Cela donne la main aux consommateurs pour hiérarchiser les appareils à mettre en route en fonction de la puissance restante", souligne Anne-Sophie Perrissin-Fabert. A terme, tous les Français risquent d'être sollicités pour rendre le réseau électrique plus flexible.