Comment tirer parti d'un logiciel de gestion de bâtiment inutilisé

Comment tirer parti d'un logiciel de gestion de bâtiment inutilisé Ce logiciel qui permet de piloter les équipements d'un bâtiment est souvent laissé à l'abandon par les gestionnaires de parc qui s'en sont équipés, en raison d'une trop grande complexité.

Les décrets Bacs et Tertiaire rendent obligatoire le pilotage des consommations énergétiques des bâtiments. Une action qui passe par l'utilisation d'une gestion technique du bâtiment (GTB), un logiciel dédié à cet usage. Le problème, c'est que les gestionnaires de parcs déjà équipés laissent souvent leur solution à l'abandon, en raison d'une trop grande complexité. "Ces logiciels sont faits pour des énergéticiens ou automaticiens, les équipes exploitantes d'un bâtiment ne savent pas s'en servir et la laisse inexploitée", constate Thomas Martinez, senior developer chez Jeedom, entreprise IoT française qui propose une solution domotique open source. Pour ceux déjà équipés, il existe des solutions pour tirer profit de l'installation et, par-là, répondre plus rapidement aux contraintes réglementaires.

Nommer une personne dédiée

Reprendre la main sur sa GTB nécessite un changement d'organisation. "Souvent la GTB est installée à la construction, l'exploitant ne sait pas quels réglages ont été faits, le système dérive et finit par être défaillant. Il faut nommer un responsable pour l'utiliser et la maintenir", estime Alric Marc, président et fondateur d'Eficia, green tech française experte du pilotage énergétique des bâtiments tertiaires. Un constat similaire est fait par Olivier Maschino, président du fabricant de matériels et solutions d'éclairage Clareo Lighting, dont les exemples montrent le besoin de disposer d'un responsable de la GTB : "Dans de nombreux bâtiments que nous avons visités pour des projets, la GTB ne fonctionnait pas et les lumières des couloirs restaient allumées H24 car les exploitants trouvaient trop compliqué de régler une programmation. Autre exemple, lors du passage au Led, aucune modification des réglages n'est faite dans la GTB, le système ne comprend pas le changement de puissance des luminaires, ce qui aboutit à ce que le nouveau variateur ne fonctionne pas."

Connecter la GTB à Internet et à un logiciel de supervision

La simplicité de compréhension et la facilité d'utilisation de l'interface est une clé de succès aux yeux des équipes de Jeedom. © Jeedom

Du logiciel d'utilisation dépend l'adoption de la GTB. "Une GTB classique sur le marché est généralement accessible sur un ordinateur dédié dans un local du bâtiment. Connecter la GTB à Internet permet d'agir à distance et de bénéficier de ressources qui vont la rendre pertinentes, comme des prévisions météo", indique Alric Marc, chez Eficia, qui recommande également de coupler la GTB avec une solution d'énergie management pour en simplifier la programmation de consignes. Un avis partagé par Thomas Martinez, chez Jeedom. "C'est l'interface utilisateur qui fait toute la différence dans l'utilisation ou non d'une GTB. Avoir un logiciel simple qui répond aux besoins est une clé de succès."

Ajouter de l'IoT pour de nouveaux usages

La technologie IoT offre par ailleurs un moyen simple de fournir de l'information sur l'évolution d'un bâtiment. "Les capteurs ajoutent de nouvelles fonctionnalités à la GTB, qui renforcent la réduction de la facture énergétique", garantit Alric Marc, chez Eficia, qui propose ainsi un usage de détection de fuite d'eau pour enrichir les applications de la GTB. Chez le fournisseur français de services d'analyse énergétique et de connectivité des immeubles Avob, l'IoT fait partie intégrante de l'offre de sa "GBT Light", avec un catalogue de capteurs à ajouter. "Notre Avob Energy Box rend la GTB interopérable avec tout équipements pour donner aux gestionnaires les moyens d'agir", affirme Olivier Sudan, son CEO. De son côté, Clareo Lighting développe aussi un lien GTB-IoT avec l'offre Sensor GTB, destinée à interfacer l'éclairage connecté à la GTB afin d'utiliser à l'avenir le maillage des ampoules pour piloter le bâtiment.

Veiller à avoir une solution ouverte et interopérable

Installer des équipements pour garantir l'interopérabilité, si la solution initiale est une solution propriétaire, est indispensable. "La GTB doit être évolutive et interopérable avec les infrastructures de comptage", confirme Thibault Chauffard, responsable d'activité chez la société de conseil française Dryas. L'une des raisons de l'abandon d'une GTB tient au fait que le logiciel de supervision n'est pas adapté au suivi des performances du bâtiment et que les équipements ne répondent pas aux commandes. L'entreprise lyonnaise spécialisée dans l'efficacité énergétique des bâtiments Wattsense, ou Jeedom via sa solution open source, proposent par exemple des passerelles IoT, rassemblant tous les protocoles, servant à moderniser une GTB par une surcouche offrant une interface unifiée.

Le cas d'Everial

Des capteurs de détection d'inondation ont été installés dans les locaux d'Everial pour ajouter une application à la GTB. © Jeedom

Le lyonnais Everial, expert de la gestion et du traitement de documents, fait partie de ceux qui s'emploient à reprendre la main sur leur GTB. Le projet est né des injonctions gouvernementales d'efficacité énergétique. L'entreprise s'est installée dans un bâtiment datant de 2018 à Rillieux-La-Pape. Pour répondre aux obligations réglementaires d'assurer un suivi énergétique, l'entreprise a fait appel à Jeedom. L'état des lieux a révélé l'existence d'une GTB inutilisée, Everial n'ayant jamais eu accès à l'interface du fournisseur. Le logiciel open source de Jeedom est l'occasion d'enrichir la GTB d'applications métiers. "Dans leur zone de stockage de documents, nous avons ajouté des capteurs d'inondation LoRaWAN pour éviter tout dégât", raconte Thomas Martinez. La pertinence des informations sur le bâtiment est gage d'adoption pour cet acteur.

Remettre au goût du jour sa GTB permet d'amortir plus facilement la solution, le coût d'installation étant onéreux. "Une GTB revient en moyenne à 1 500 euros, une solution de pilotage comme celle de Jeedom coûte entre 200 et 500 euros", souligne Thomas Martinez. Le financement d'installations via les certificats d'économie d'énergie, ou C2E, devrait donner une nouvelle impulsion à l'utilisation des GTB.