TomTom profite des véhicules connectés pour faire évoluer le processus de cartographie
Les véhicules connectés sont une aubaine pour TomTom. L'éditeur de logiciels de planification d'itinéraires détaille sa nouvelle façon plus collaborative de créer ses cartes de mobilité.
Pour adapter au plus vite sur ses cartes routières les changements de vitesse ou des travaux, TomTom s'appuie sur les conducteurs. Les nouveaux véhicules connectés, bardés de capteurs et de caméras, ont conduit l'entreprise néerlandaise à changer sa manière de créer sa cartographie. "Au lieu d'élaborer des cartes logicielles propriétaires de A à Z, pour lesquelles nos équipes se rendaient sur place pour noter les vitesses par exemple, nous avons adopté un mode participatif. Cela nous permet de nous appuyer sur les conducteurs tout en évitant l'écueil de la volubilité des données en open source", explique Léo Sei, vice-président en charge de la stratégie software chez TomTom, qui accompagne la réflexion de cette nouvelle méthodologie.
Pour concevoir ses nouvelles cartes, nommées Orbis Maps et destinées à des clients BtoB comme Uber ou des acteurs de la supply chain, TomTom se base désormais sur des partenariats avec des constructeurs pour récupérer les données des véhicules premium. "Tous les nouveaux véhicules mis sur le marché doivent être munis d'une caméra pour se conformer à la législation de sécurité routière", confirme de son côté Thomas Cardon, EMEA automotive sales director chez BlackBerry QNX qui collabore également avec les constructeurs automobiles. TomTom a développé un modèle d'intelligence artificielle qui analyse les images issues des caméras pour en extraire des informations de mobilité, liées à la signalisation, des lignes, les panneaux, etc. Des données qui servent à améliorer les cartes en temps réel.
Ce nouveau processus fait gagner TomTom en efficacité. Le fonds de carte est pour sa part élaboré par le consortium Overture Maps crée en 2022 par TomTom avec Amazon, Meta et Microsoft. "A partir de cette base commune, il ne nous a fallu que quelques semaines pour avoir toutes les informations liées à 90% des autoroutes dans l'Union européenne", met en avant Léo Sei. Cette méthode lui permet également d'indiquer les bornes de recharge de véhicules électriques. TomTom exploite près de 600 millions de véhicules dans le monde.
Les essuie-glaces connectés mis à profit
Les capteurs IoT représentent la prochaine étape de développement pour TomTom : "Nous réfléchissons à exploiter le signal du capteur détectant le mouvement des essuie-glaces pour savoir quand les conducteurs les enclenchent et pouvoir informer sur l'apparition d'une averse sur telle portion de route", indique Léo Sei. De même, un capteur remontant une information de freinage similaire à plusieurs véhicules donnera les moyens à TomTom d'alerter en temps réel sur un accident ou un bouchon. Avec les véhicules électriques, TomTom veut pouvoir modéliser la consommation de la batterie et la mettre en relation avec les points de charge. "Nous voulons renforcer les interactions entre la voiture et la carte", affirme Léo Sei.
Deuxième chantier phare de TomTom : l'IA. L'entreprise réalise un prototype pour doter ses services de ChatGPT. Le conducteur pourra alors demander vocalement à sa carte de lancer la navigation vers tel restaurant où il aura rencontré tel ami à une date fixée dans son agenda. "La requête ne se limitera plus à une demande précise mais intégrera plusieurs critères en fonction des habitudes de vie", prévient Léo Sei, ravi de contribuer à faire changer le modèle d'affaires de l'entreprise de la vente de produit GPS à un service de mobilité BtoB. Le changement de processus dans l'élaboration des cartographies sera visible par les utilisateurs : TomTom en profite pour introduire une visualisation 3D de ces cartes, disponible dans les véhicules mis sur le marché en 2026.