Sécurité routière : le diagnostic préventif fera bientôt partie des standards
Après une décennie de stagnation du nombre de victimes sur les routes françaises, de nouveaux leviers doivent être explorés pour relancer la baisse de la mortalité routière.
L'histoire de la sécurité routière française témoigne d'un phénomène récurrent : les dispositifs réglementaires, systématiquement contestés lors de leur mise en œuvre, finissent par s'imposer comme des évidences dès lors que leur impact positif sur la mortalité routière devient manifeste. Alors que le nombre de morts peine désormais à baisser, le prochain outil à mobiliser pour sauver des vies pourrait bien être basé sur une innovation technique : le diagnostic préventif. Ce dispositif en voie de généralisation pourrait ainsi devenir un nouveau standard et, au passage, transformer le marché de l’automobile d’occasion.
Une baisse en dents de scie
Alors que plus de 18 000 personnes mouraient chaque année sur les routes de l’hexagone au début des années 1970, ce nombre s’est aujourd’hui stabilisé autour de 3000 tués par an pour une population supérieure de 40%. Cette baisse n’a pas été uniforme. Elle est au contraire marquée par des accélérations sensibles après chaque mesure de régulation routière d’importance : instauration de nouvelles limites de vitesse en 1973, généralisation des contrôles d’alcoolémie en 1990, déploiement des radars automatiques en 2003, etc. Cette histoire semble cependant à l’arrêt depuis 2014, année depuis laquelle le nombre de tués stagne, voire repart légèrement à la hausse. Face aux milliers de drames annuels sur nos routes, il est impossible de s’en satisfaire.
Un nouvel levier : l’entretien du parc automobile
De nouveaux leviers de réduction des risques doivent donc être recherchés. Ceux-ci devraient notamment prendre en compte l’évolution du parc automobile français et en particulier la complexification de l’entretien des véhicules. La généralisation de l’électronique embarquée a en effet multiplié le risque de défauts critiques tout en rendant plus difficiles leur détection et leur prise en charge par les conducteurs eux-mêmes. Une étude menée en février 2025 a ainsi montré que près de 40% des véhicules français circulent avec un défaut critique qui nécessiterait une intervention immédiate[1]. Ces défauts concernent les systèmes d’airbag mais aussi d'autres composants essentiels comme les systèmes de freinage, la direction assistée, les dispositifs électroniques de contrôle moteur ou encore les systèmes d’aide à la conduite. Non traités, ils pourraient donc constituer un risque vital pour les conducteurs du véhicule ou d’autres usagers de la route.
Une approche proactive : l’auto-diagnostic
Pourtant un moyen efficace de détecter tous ces défauts critiques est désormais à la portée de tous : il s’agit de l’OBD, un dispositif d’auto-diagnostic électronique désormais standardisé et rendu obligatoire sur l’ensemble des véhicules individuels en 2004 par une directive européenne. Autrefois réservé aux concessionnaires et aux garagistes, il est désormais accessible au grand public et permet à chacun de diagnostiquer automatiquement l’origine d’un problème technique à l’aide d’un simple appareil branché sur une prise dans l’habitacle de la voiture. Son usage régulier par l’ensemble des automobilistes permettrait de prévenir de nombreux défauts critiques tout en appliquant au parc automobile français le principe de la maintenance prédictive : anticiper les pannes pour limiter les dégâts et réduire les coûts.
Instaurer une norme de transparence sur le marché de l’occasion
Au-delà de son intérêt majeur pour la sécurité routière et l’amélioration de l’état d’entretien du parc automobile, la généralisation de l’auto-diagnostic pourrait avoir un impact particulièrement positif sur le marché de l’occasion. Ces outils permettent en effet de vérifier le kilométrage des véhicules mais aussi d’évaluer l’état de la batterie des voitures électriques. Ils pourraient à ce titre constituer un levier décisif pour instaurer une nouvelle norme de transparence sur le marché de l’occasion. Les plateformes de vente entre particuliers ou par des professionnels de la revente pourraient ainsi mobiliser cet outil pour offrir à leurs clients une expérience entièrement sécurisée.
Après une décennie de stagnation, l’histoire de la sécurité routière pourrait ainsi reprendre sa marche en avant grâce à un levier technologique nouveau. La maintenance prédictive des véhicules les plus récents offre en effet une possibilité inédite d’appliquer à l’entretien automobile la vieille maxime des médecins : mieux vaut prévenir que guérir !