Nettoyer les millions de débris polluant l'espace, l'ambitieux projet français mené par une start-up bordelaise

Nettoyer les millions de débris polluant l'espace, l'ambitieux projet français mené par une start-up bordelaise L'engagement de la France dans la préservation de l'espace prend forme avec l'adoption d'une toute nouvelle technologie. Le point sur ce vaste projet.

Autrefois toile de fond vierge pour les rêves humains, l'espace est aujourd'hui confronté à un défi grandissant : les débris spatiaux. Ces résidus d'engins spatiaux, satellites hors service et fragments issus de collisions ou d'explosions en orbite, représentent un risque non seulement pour les missions spatiales, mais aussi, potentiellement, pour la Terre elle-même.

Les débris spatiaux, qui s'accroissent au fil des lancements et des accidents en orbite, ont déjà causé des dégâts notables. Par exemple, en 2009, un satellite commercial actif, Iridium 33, a été détruit après une collision avec le satellite hors service Cosmos 2251, générant des milliers de nouveaux débris. En 2007, la Chine a par ailleurs créé une importante quantité de débris en testant un missile anti-satellite, aggravant la pollution orbitale. Ces incidents ont accru la prise de conscience internationale de la nécessité de gérer le problème des débris spatiaux.

Le risque de chute de ces débris sur Terre n'est pas à prendre à la légère. Bien que la majeure partie de la planète soit couverte par les océans et des zones non peuplées, où la plupart des débris finissent par retomber, il existe des précédents où des fragments ont atteint des zones habitées. En 1978, par exemple, le satellite nucléaire soviétique Kosmos 954 a semé des débris radioactifs sur une vaste étendue du nord-ouest du Canada. Plus récemment, en 2011, le satellite UARS de la NASA est retombé sur Terre, bien que sans faire de victime. Idem pour la station spatiale chinoise Tiangong 1 en 2018. L'agence spatiale européenne enregistre 36 000 débris de plus de 10 centimètres en orbite et des dizaines de millions plus petits. 

Face à ces enjeux, la France a pris une initiative majeure avec le développement de la technologie Interceptor par une start-up bordelaise, Dark. Une solution conçue pour neutraliser la menace des débris spatiaux. Son objectif : intercepter en moins de 24 heures tout objets dangereux entrant en orbite basse. Ce système, dont le premier vol d'essai est prévu pour 2028, cible spécifiquement les débris de taille moyenne à grande, qui ont la capacité de causer des dégâts significatifs s'ils venaient à chuter sur des zones habitées.

L'approche principale d'Interceptor consiste à utiliser une série de dispositifs, tels que des bras robotisés ou des filets, pour capturer les débris en orbite. Une fois sécurisés, les débris peuvent être dirigés pour une rentrée atmosphérique contrôlée ou vers des installations où ils peuvent être étudiés ou traités. La France entend ainsi réduire la probabilité d'accidents en orbite et sur Terre, anticipant les besoins d'une industrie spatiale en plein essor tout en protégeant l'environnement terrestre et spatial.