Il découvre un squelette dans son jardin, ce sont les restes d'un dinosaure de dix mètres de long
Onze centimètres de long, huit de large, une racine noire usée par le temps. Au début des années 2010, juste avant l’été, Didier est tombé sur un mystérieux trésor : enfouis dans la terre, des os par dizaines et surtout une dent d’une très grande valeur.
Depuis quelques années déjà, ce sexagénaire avait fait de son jardin un terrain d’exploration. Armé de son matériel de fouille, l’ancien commercial retournait la terre de sa petite commune mayennaise à la recherche de vestiges ordinaires : clous anciens, outils rongés par le temps, principalement. Des pans entiers de son terrain étaient passés au crible. Il était donc à la recherche d’une nouvelle zone à explorer, jusqu’à ce qu’il jette un œil par-dessus son muret.
La terre et le sable ocre autour de l’étang du voisin étaient une invitation à la découverte. Imprégnés dans la roche dorée, des coquillages fossilisés par centaines. Didier s’en doutait : s’il creusait, il trouverait des trésors, peut-être même des fossiles à exposer dans sa maison. “Les restes de dinosaures sont peut-être cachés dans ce sol”, racontait-il à ses petits-enfants, dont l’un est l’auteur de cet article.

Pendant ses fouilles, il extrait du sol des sortes de côtes fossilisées de quelques centimètres. Il en trouve des dizaines qu’il prend soin de rincer et ranger dans un coin de sa maison. Jusqu'au jour où sa griffe de jardin frappe un nouveau fossile, mais cette fois, ce n’est pas un os.
C’est une dent, sa taille est belle, elle épouse parfaitement la paume de sa main. La racine, noircie par le temps, pourrait être confondue avec un vulgaire caillou. Mais c’est la couronne - partie claire et visible de la dent - qui ne fait aucun doute sur l’origine de son propriétaire : c’est une dent de requin. Les côtes normandes sont à 120 km, il ne peut s’agir des restes d’un animal marin de notre temps.
A l’époque, Didier ne le sait pas encore, il a entre les mains une dent de mégalodon. Mangeur de baleines, dauphins et phoques, c'est le plus grand requin prédateur que la terre n’ait jamais connu. On estime qu’il mesurait au moins dix mètres de long.
C’est après un rendez-vous au Muséum d'Histoire naturelle de Nantes que Didier apprend que ce fossile a plusieurs millions d’années. Dans le cadre de la rédaction de cet article, Gaël Clément, professeur en paléontologie au Muséum national d'Histoire naturelle, confirme ces informations au JDN : “Cette dent fossile est effectivement une dent d'Otodus megalodon. Elle pourrait dater d'environ -11,5 à -9,5 millions d'années.”
A la suite de sa découverte, Didier expose fièrement sa dent dans sa maison, la montre aux petits-enfants, cousins, et beaux-enfants. Maintenant, vient la question de sa valeur. Sur le site spécialisé dans la vente de fossiles de dinosaures, spinosaure.com, ces pièces se vendent entre 80 et 850 euros, en fonction de la taille et de la conservation du spécimen.
La dent de Didier, “de belle taille”, selon le paléontologue, pourrait se vendre à un bon prix. Mais Gaël Clément conseille plutôt de conserver “précieusement cette très jolie pièce” et de la “transmettre au sein de la famille". C’est à présent l’un des petits-fils de Didier, décédé en 2021, qui expose cette dent fièrement dans sa chambre parisienne.