Ce médecin alerte les parents : attention à ces compléments alimentaires pour les enfants
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Ce médecin alerte les parents : attention à ces compléments alimentaires pour les enfants

Ces compléments alimentaires peuvent donner lieu à des séquelles "irréversibles" prévient une pédiatre.

Tous les matins, elle a sa place sur la table du petit-déjeuner. Entre les cuillères et les céréales, une gélule ou une ampoule de vitamine D. En donner aux enfants est un réflexe, tant elle est “indispensable” pour leur développement, rappelle Agnès Linglart, pédiatre spécialiste du sujet et présidente de la Société française de pédiatrie. Mais ce réflexe n’est pas sans risques.

Depuis plusieurs années, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) alerte sur la prise de compléments alimentaires à base de vitamine D. “A la différence des médicaments, la commercialisation des compléments alimentaires ne nécessite pas d'autorisation de mise sur le marché, écrit l'Anses dans une note publiée en mars dernier. Ces produits font l'objet de déclarations auprès de la Direction générale de l'Alimentation à l'instar des autres catégories de denrées alimentaires.”

Pourquoi les compléments alimentaires à base de vitamine D sont-ils dangereux ? Agnès Linglart nous explique que ces produits ne répondant pas aux mêmes exigences que les médicaments, il n’y a pas de contrôle strict de la composition, pas d’obligation de prouver l’efficacité, et surtout pas de maîtrise réelle du dosage.

“Un enfant doit prendre entre 400 et 800 unités de vitamine D par jour. Mais dans le commerce, beaucoup de compléments affichent 1 000 à 2 000 unités/jour, soit deux à trois fois la dose recommandée, déplore Agnès Linglart. Cela expose automatiquement à un surdosage chronique.”

La vitamine D favorise l’absorption intestinale du calcium. Un surdosage chronique augmente donc le taux de calcium dans le sang et peut entraîner l’apparition de dépôts de calcium anormaux dans les vaisseaux sanguins et les reins. “Cette calcification rénale peut entraîner des troubles irréversibles chez l’enfant”, fait savoir Agnès Linglart.

Le surdosage de vitamine D n’est pas rare. La pédiatre reçoit régulièrement dans son cabinet des enfants ayant pris des compléments inadaptés ou trop dosés après un achat de compléments alimentaires sur internet avec des étiquettes peu claires et des dosages excessifs. “Beaucoup plus rarement, j'observe des erreurs de prescription ou d’application de la prescription”, ajoute Agnès Linglart.

Car oui, corriger une carence en vitamine D peut être prescrit par le médecin. Pour éviter tout risque pour la santé de l’enfant, c’est même une nécessité, selon Agnès Linglart : “La prescription médicale ne sert pas seulement à délivrer un produit sûr, elle sert aussi à déterminer le besoin réel. Toute vitamine D obtenue en dehors d’une prescription n’est pas contrôlée.”

En dehors de la vitamine D, compléter son alimentation avec des vitamines ou d’autres nutriments n’est généralement pas nécessaire. “Avec une alimentation équilibrée, il n’y a pas besoin de compléments alimentaires : vitamine C, vitamine A, zinc, magnésium, phosphore, calcium… tout est disponible dans l’alimentation. La seule exception est la vitamine D, car l’alimentation en France n’en apporte pas assez”, précise Agnès Linglart.

C’est pour cela qu’entre 0 et 18 ans, une supplémentation en vitamine D est recommandée. “Les enfants non malades n’ont aucune raison de prendre des compléments alimentaires. Ces supplémentations sont réservées aux enfants ayant de vraies carences médicalement identifiées”, ajoute la pédiatre.