10 freins à lever pour déléguer plus facilement
Les coachs de football ne jouent pas et les chefs de bataillon ne tirent pas et c’est l’une des raisons pour lesquelles ils gardent le contrôle et la vue sur leurs matchs et de leurs batailles pour mieux réagir afin de les gagner.
La capacité à faire faire par les autres constitue plus que jamais l’un des freins à l’amélioration des performances au sein de nos entreprises.
Si déléguer est un défi pour vous, travaillez à lever les freins suivants.
1. La passion pour l’opérationnel
Si vous aimez mettre la main à la tâche, si vous adorez
mouiller le maillot, si vous adorez le champ de bataille, il va être difficile
pour vous de pouvoir déléguer. Il y a des gens qui sont des hommes de terrain
par habitude. Ils ne supportent pas de devoir rester sur place. Ils détestent
les réunions et sont vite ennuyés par ce processus qu’on appelle la réflexion
stratégique.
Autant les comprendre et ne
leur confier que des tâches
opérationnelles et au mieux la supervision opérationnelle. Mais ils n’ont que
très peu de chance de progresser réellement dans leur carrière. Si en tant que
comptable, vous ne pouvez pas faire mieux que de traiter et enregistrer
l’information comptable, si vous n’aimez pas l’analyse et la planification
financières, il va être difficile pour vous de passer au poste supérieur
suivant.
Si vous êtes nommé chef comptable et que vous vous surprenez entrain
d’enregistrer de l’information comptable, vous n’avez pas connu de promotion.
Mais en réalité, c’est votre passion pour l’opérationnel qui vous piège.
Travaillez à sortir de là.
2. La peur de perdre le contrôle et les privilèges de l’acteur
Il y a les privilèges du terrain. Le football moderne
branche désormais les projecteurs sur les entraineurs et ils gagnent de plus en
plus autant que les joueurs de champ mais ce n’était pas le cas à une certaine
époque. Quand on regarde cela de près, on comprend pourquoi certains managers
veulent rester sur le terrain pour garder le contrôle du match et être celui
qui marque des buts. Mais ce qu’ils oublient c’est que lorsqu’un entraineur de
football fait rentrer un joker qui marque le but de la victoire ou de
l’égalisation, on parle de bon coaching. Voilà : le bon coaching.
L’obsession du manager doit désormais passer de celui qui fait les choses (pour en avoir le privilège) à
celui qui inspire et coache ses équipes à produire du résultat, à les laisser
en avoir le mérite pour garder le mérite de les y avoir amenés.
3. Le refus de jouer son rôle de manager
A partir du moment où vous êtes nommé MANAGER, même si nous
l’oublions souvent, les verbes qu’on peut retrouver dans votre description de
poste passent de « faire, enregistrer, collecter, accueillir, préparer,
compter, pointer, passer, lister, marquer, insérer, livrer… » à
« Planifier, concevoir, élaborer, initier, suivre, contrôler, évaluer,
optimiser, améliorer, coordonner, mener, conduire, organiser… ».
L’habitude étant une seconde nature, la transition n’est pas facile. Mais si
malgré la clarté de votre cahier de charge, vous vous surprenez entrain de
faire ce que vous faisiez avant d’être promu MANAGER, c’est que vous commencez
par refuser de jouer pleinement votre rôle de manager. Si vous ne savez pas
comment effectuer la transition, suivez une formation, sollicitez un coach qui y
vous aide.
4. L’obsession pour le « Autant faire le moi-même »
La peur de voir les autres mal faire ce que nous aurions pu
bien faire nous-mêmes nous embrigade trop souvent et nous poussent à cette
obsession et cette préférence pour nos propres façons de faire, à cette
assurance que le résultat est plus garanti lorsque nous le faisons
nous-mêmes. A plusieurs égards, nous
avons raison de le faire nous-mêmes surtout si à chaque fois que le confions,
le résultat n’est pas au rendez-vous.
Mais ce n’est certainement pas la
meilleure méthode. Si celui à qui vous l’avez confié ne l’a pas réussi, le problème peut bien être à son niveau mais
il peut également être lié au fait que vous n’avez pas réussi à lui transmettre
efficacement la bonne façon de s’y prendre que vous maîtrisez si tant. De ce
fait, une bonne partie de la solution est dans votre camp. Vous pouvez utiliser
la méthode de l’entrainement à la tâche que le forgeron, le charpentier, le
tailleur (couturier), le peintre… et le plombier savent si bien utiliser en se
faisant suivre à chaque fois par leurs apprentis.
5. L’incompétence des délégataires potentiels
C’est l’alibi classique qui n’est en fait qu’une déclaration d’incapacité personnelle temporaire à former les délégataires potentiels pour pouvoir leur déléguer plus facilement. C’est de la responsabilité du manager de former et de préparer ses collaborateurs à y arriver. Alors s’ils n’y sont pas, il devrait comprendre que c’est à lui d’assurer cette partie de son cahier de charge (mentionné ou non) qu’il n’assure pas encore : FORMER. C’est simple : si vous avez peur de déléguer parce que les gens ne seraient pas prêts ni formés pour se voir déléguer des tâches délicates, formez et vous délèguerez plus facilement la prochaine fois.
6. L’alibi de la responsabilité personnelle
Parce qu’in fine, vous serez la personne qui va répondre du
résultat qui sera atteint, vous vous dites qu’il vaut mieux que vous vous en
occupiez. Sur des missions ponctuelles,
vous pouvez procéder ainsi pour éventuellement sauver les meubles mais si vous
le répétez, vous vous éloignez de votre statut de manager et oubliez que vos
collaborateurs sont là pour partager la responsabilité commune de l’équipe avec
vous.
Si vous leur montrez que les missions confiées à votre équipe, à votre
département sont de votre responsabilité personnelle et vous en occupez sans
leur demander quoi que ce soit, de quoi devraient-ils se plaindre ? Vous
ne faites que faire leur travail à leur place et ils pourront aller toucher
leur salaire à la fin du mois. Les managers efficaces font de la mission de
leur équipe un challenge commun et une responsabilité commune et la dispatchent
entre les membres de leur équipe. Ils savent qu’ils doivent tout faire pour que
leurs collaborateurs y arrivent avec eux plutôt que de vouloir tout faire pour
le faire eux-mêmes.
7. L’alibi de la délicatesse de la mission
Nous avons vite fait de tirer la conclusion que parce
qu’une mission serait délicate il faut la confier à la personne la plus
responsable (expérimentée et tout le reste) mais en fait c’est parce que nous
oublions qu’on devient responsable (expérimenté) en se donnant ou en se voyant
confier des missions de plus en plus délicates.
Les collaborateurs responsables et prêts ne se trouvent sur aucun arbre
où on va les cueillir. Les meilleurs leaders les fabriquent eux-mêmes en leur
faisant confiance, en les responsabilisant à des tâches délicates grâce à cette
phrase magique : « C’est une mission délicate mais tout le monde
pensent ici que tu vas y arriver ». Pas évident.
Alors si une mission est
délicate, à défaut de la confier à un membre de votre équipe, associez-le au
moins comme cela il gagnera en expérience (requise) pour que la prochaine fois
vous lui confiez une mission délicate parce que vous ne serez pas là tous les
jours. Si vous pensez que vous serez toujours là, songez à votre
retraite !
8. La perte de vue du parcours personnel
Il arrive très souvent que nous perdions de vue notre propre parcours fait de tâtonnements et d’hésitations techniques, un parcours fait d’erreurs remarquées et suivies de sanction mais avec la confiance renouvelée. Nous avons oublié qu’il a fallu qu’on nous fasse confiance, qu’on nous responsabilise afin que nous y arrivions.Tel ce directeur financier qui se désole de ce qu’il y ait des erreurs dans les états financiers que son assistant lui a présenté, nous prétendons que nous étions plus studieux et plus appliqués de notre temps. A y regarder de près, ce n’est pas si vrai que cela. Autant se le dire et donner à nos collaborateurs leurs chances.
9. La peur de livrer le secret industriel
C’est le frein le plus difficile à lever. En effet, à une époque où la protection du
secret industriel est le plus gros challenge, la question est de savoir comment
arriver à déléguer et à faire confiance aux collaborateurs sans craindre qu’ils
ne le divulguent.
C’est un défi pour la plupart des managers (dans les PME
surtout). Mais je pense que ceux qui n’y arrivent pas sont ceux qui n’ont certainement
pas encore réussi à créer cette fidélité au couvent, ce « patriotisme
corporatif » qui fait que les employés
se voient entrain de vendre leur propre pays en livrant votre secret
industriel – et peut-être parce qu’ils n’ont pas réussi à créer
l’environnement favorable à l’innovation par leurs collaborateurs parce qu’ils
ont eu le courage de leur déléguer l’innovation.
10. La peur pour votre poste
La plupart des gens qui refusent de déléguer le font parce
qu’ils savent qu’avant de déléguer, il faudra qu’il s transfèrent leurs
expertises. Et pendant qu’ils y pensent, ils ont peur que ceux à qui ils le
transfèrent finissent par les dépasser et leur arrachent leurs postes et leurs
privilèges. Alors pour rester indispensables, ils ne veulent rien déléguer ni rien
transférer.
Ou encore, ils feignent de déléguer, sourissent de voir les gens
échouer et jouent au sapeur-pompier héros sans encore une fois passer le manuel
de l’utilisateur jusqu’au jour où la technologie qu’ils maitrisent devienne
désuète ou que leurs collaborateurs finissent par y arriver sans eux ou qu’ils
doivent tristement partir à la retraite.
Ils sont surpris de voir de que les
choses marchent sans eux, ratant ainsi la chance d’être l’acteur du
renforcement de la capacité de leurs collaborateurs à y arriver. Tous les
managers doivent constamment choisir entre les deux privilèges suivants :
être celui qui réussit brillamment les choses tout seul ou celui qui réussit à
amener un nombre innombrable de gens à devenir brillants. Lequel
préférez-vous ?