Le digital n'est pas un plan B ! C'est le plan A

Si le digital et la transformation digitale sont sur toutes les lèvres des patrons et dirigeants, la crise sanitaire et le confinement sont venus considérablement accélérer le mouvement.

Pourtant, avec les effets d’une pandémie qui s’atténuent, certains semblent enclins à revenir en arrière, à reprendre un mode de fonctionnement qui relègue le digital au rang de plan B voire d’un futur possible mais peu souhaitable. Une erreur à mes yeux tant les trois mois qui viennent de s’écouler sont la démonstration que le digital est bien le plan A pour nombre d’entreprises et leurs organisations. Et, contrairement à ce que certains s’acharnent à croire, le monde d’hier va bien rester du passé.

Soit, la rupture née de la crise sanitaire est brutale. Soit toutes les entreprises n’en sont pas au même stade de cette mutation. Néanmoins, pour tous ceux qui ont franchi le Rubicon, le digital est à la fois un révélateur et une opportunité inédite. Ainsi, dans une entreprise comme le mienne, s’il a fallu opérer un virage à 180° en quarante-huit heures, celui-ci nous a aujourd’hui conduit bien plus loin que ce que nous osions à peine anticiper il y a seulement trois mois. D’un modèle fondé à 100 % sur le présentiel chez nos clients, nous pouvons désormais nous targuer d’être 100 % digital. Présentiels jusque-là, formations et accompagnements des dirigeants et de leurs équipes, se font maintenant exclusivement en ligne, au grand bonheur de nos clients et de nos équipes. D’un modèle contraint par le présentiel, nous sommes passés, en à peine quelques semaines, à un modèle démultipliable, centré sur les besoins du client et plus qualitatif.

Expérientiel et qualité

Si cela, de prime abord, peut sembler quelque peu contre-intuitif, il n’en demeure pas moins que, dans le cadre d’une activité comme la mienne, le digital est bien plus qu’une alternative. Avec la bonne démarche et les bons outils, il est possible de proposer à ses clients, à ses partenaires, un échange, un accompagnement beaucoup plus riche et abouti, adapté aux besoins et contraintes de chacun. Alors que jusqu’ici nos formations se faisaient exclusivement en présentiel, sur plusieurs jours d’affilé, elles se font désormais en ligne : ateliers expérientiels en ligne en mode synchrone, e-learning sous la forme de contenus déportés vers des vidéos avec exercices et quiz, en mode asynchrone.

Alors que jusqu’à présent, chaque dirigeant, chaque participant, intéressé par nos séminaires devait bloquer une semaine complète dans son agenda pour venir y participer, il est maintenant en capacité d’avancer à son rythme, de choisir ses moments pour se plonger dans son apprentissage, sans s’absenter, sans tout mettre sur pause. C’est la possibilité et la profondeur du temps plus long, c’est pouvoir y revenir plus tard. Une semaine de séminaire se voit ainsi transformée en douze sessions d’accompagnement de trois heures auxquelles viennent s’ajouter vingt-cinq vidéos qui viennent cadencer l’apprentissage. Et les dirigeants le confirment. Passer au « full digital » leur offre plus de souplesse et d’accessibilité. Surtout, le digital permet de mieux coller aux besoins de chacun et donc de garantir une qualité supérieure de l’accompagnement.

Et, puisque le respect de l’environnement est au cœur de tout, que dire du bilan écologique ou plutôt du gain écologique que représente l’entrée dans un monde d’entreprises digitalisées. Moins de présentiel et plus d’expérientiel, c’est moins de déplacements, moins de stress, c’est la possibilité de conjuguer le digital avec l’impérieuse nécessité du local : le "digilocal".

Innovation et libération

L’émergence d’un nombre croissant d’entreprises évoluant en « full digital » signe la fin d’une croyance qui veut que rien de vraiment qualitatif ne peut se faire hors du présentiel. Parallèlement, si le changement est radical, il n’implique nullement de faire fi des enseignements tirés de dizaines d’années d’échanges et d’interactions en face à face. Pour autant, passer au digital est tout sauf un copier-coller du présentiel. Si certains propos peuvent et doivent être transposés, les modalités d’échange et d’interaction, de pédagogie dans le cadre d’accompagnements ou de formations repartent de zéro : nouveaux outils et dynamiques de collaboration, sondages et mesure en ligne en temps réel, etc. L’échange est fluide et dynamique, riche de partages et d’interactions entre les parties prenantes. Le flux n’est plus seulement descendant et unidirectionnel, entre le chef et ses collaborateurs, entre le sachant et les apprenants. Le flux est multilatéral et multidirectionnel. Chacun évolue dans un environnement qui lui donne autonomie et responsabilité. Ces nouvelles structures libèrent. Et si, au départ, les sceptiques sont nombreux, tous ceux que j’ai pu accompagner depuis ces derniers mois (plus de cent trente personnes) se disent désormais totalement convaincus.

Indéniablement, la digitalisation ouvre de nouveaux horizons pour tous ceux qui ont franchi le pas. Elle est l’opportunité pour les organisations de se réinventer et de remettre chaque collaborateur, le client, le partenaire ou le prestataire au cœur du dispositif. Pour tous ceux qui comme moi accompagnent et forment les dirigeants et leurs équipes, le digital donne la possibilité d’une qualité inédite puisque tout repose sur l’expérience de chacun et non plus sur sa simple présence. Il offre également l’opportunité d’opérer de véritables innovations en matière de pédagogie. Par le biais, par exemple, des liberating structures mises en place par Henri Lipmanowicz et Keith McCandless ; 33 microstructures qui doivent permettre de répondre à n’importe quelle situation ou enjeu. Vivante, cette pédagogie est à l’opposé des réunions descendantes que nous avons tant pratiqué dans les organisations conventionnelles. Elle permet de prendre son temps avec et pour chacun.

Le digital est en outre un levier particulièrement efficace pour donner vie à une « pédagogie inversée ». Il donne ainsi la possibilité à chacun de se préparer à l’avance en mettant à la disposition de tous les contenus qui seront le préalable nécessaire à un apprentissage réussi.

Gagnant-gagnant

Au-delà de tous les arguments avancés ci-dessus pour souligner combien le digital n’est pas un plan B mais bien le plan A, il est, pour finir, important d’insister sur la pertinence de celui-ci en termes strictement business pour l’entreprise comme pour ses clients.

Pour ces derniers, quel que soit l’option choisie, il est systématiquement moins cher. Idem pour l’entreprise qui choisit de passer au « full digital ». Au-delà de l’argument écologique qui est tout sauf anecdotique, le digital implique des coûts fixes réduits et donc une rentabilité supérieure.  Enfin, le digital est la meilleure, la seule réponse aux deux enjeux qui traversent les entreprises d’aujourd’hui : bâtir un modèle d’organisation qui repose(ra) en grande partie sur le télétravail ; disposer d’une infrastructure « scalable » c’est-à-dire capable de grandir avec l’entreprise et ses équipes.