Ces entreprises en ordre de marche pour l'après-crise sanitaire

La crise économico-sanitaire met à mal la santé des entreprises, de leurs salariés et partenaires. Dans ce marasme ambiant, certaines entreprises peuvent espérer un rebond rapide.

Des centaines de milliers d’entreprises vont souffrir longtemps de la crise sanitaire qui sévit en France et dans le reste du monde. Une période particulièrement difficile que certaines pourraient surmonter plus facilement en raison de la nature de leur secteur et de leur flexibilité...

La crise sanitaire de la Covid-19 a déclenché une crise économique mondiale sans précédent. Au 2e trimestre 2020, les 37 pays membres de l’OCDE ont enregistré un recul global de leur PIB de près de 10 %, la France accusant pour sa part une baisse de 13,8 %. Air France, Airbus, Nokia, Renault… Au total, près de 45 000 suppressions de postes sont prévues dans l’Hexagone dans le cadre des plans de sauvegarde de l’emploi (PSE) déposés depuis le 1er mars. Et le gouvernement s’attend à une hausse massive du nombre de demandeurs d’emploi d’ici la fin de l’année. Les entreprises du tourisme, de l’hôtellerie et de la restauration sont parmi les plus touchées. Les compagnies aériennes sont aussi en souffrance, et par ricochet, l’industrie aéronautique. Les transports publics et l’automobile ont aussi pris la crise de plein fouet, tandis que les secteurs de la métallurgie et de l’habillement tournent également au ralenti.

Entreprises de la tech : des gagnants et des perdants

Face à cette crise sans précédent, les entreprises technologiques présentent un bilan contrasté. Depuis le début de la pandémie, les levées de fonds sont quasiment à l’arrêt. Avant d’investir, tout le monde attend de voir comment l’économie va évoluer. Résultat : limitées en termes de liquidités et de trésorerie, les startups comptent aujourd’hui parmi les premières entreprises affectées par la crise. Selon un rapport du cabinet Gartner, cité par le Wall Street Journal, 70 000 salariés du monde de la tech ont perdu leur travail entre mars et juillet, dont plus de 25 000 dans la Silicon Valley.

Les secteurs du transport, de la finance et du voyage sont les plus impactés. Uber a beaucoup souffert du confinement et selon Business Insider, le spécialiste du transport de personnes va supprimer 3 700 emplois, soit près de 15 % de ses effectifs dans le monde. Airbnb accuse aussi le coup : anticipant un chiffre d’affaires 2020 en baisse de 50 % par rapport à 2019, le spécialiste de la location de logements entre particuliers va licencier près de 1 900 salariés, soit près du quart de ses ressources humaines au niveau mondial.

A l’inverse, certains géants de la tech ont bien résisté, à l’image d’Apple, de Microsoft ou de Google, voire ont connu une très forte croissance durant la crise. C’est le cas en particulier dans les secteurs du commerce en ligne, des services de streaming vidéo, des réseaux sociaux, des jeux vidéo ou des plateformes collaboratives. Durant la crise sanitaire, l’utilisation d’Internet pour le travail ou pour les loisirs a en effet connu une hausse massive.

La fréquentation de sites comme Netflix ou YouTube a ainsi enregistré une véritable explosion, tout comme celle des réseaux sociaux comme Facebook ou TikTok. La plateforme de vidéo à la demande Netflix a battu ses records d’affluence durant le confinement et sa capitalisation boursière a même progressé de 40 % en un mois ! Les sites de streaming de jeux vidéo, comme Twitch, sont également en grande forme. Quant aux services de visioconférence, ils font partie des grands gagnants de la période. Les réunions se sont multipliées sur Houseparty, Google Hangouts et Microsoft Teams. Quant à Zoom, une application connue seulement de quelques initiés avant la crise, il compte désormais plus de 300 millions d’utilisateurs chaque jour. Amazon, le leader mondial du commerce en ligne, affiche de son côté une hausse de 26 % de son chiffre d’affaires sur un an et a embauché 175 000 personnes pour faire face à la demande.

Des entreprises qui ne connaissent pas la crise

Dans d’autres secteurs, certaines entreprises, y compris des PME peu connues du grand public, ont fait le gros dos durant la crise et sont aujourd’hui en ordre de marche pour profiter de la reprise. On peut citer par exemple la société Kadolis, qui conçoit des matelas et des draps et des oreillers à partir de matières naturelles. Profitant de l’attrait pour les produits fabriqués en Europe, dans un contexte de méfiance pour le « made in China », elle a dû recruter pour faire face à la demande.

C’est le cas aussi d’entreprises de secteurs plus techniques comme DI Environnement, PME familiale de 450 salariés basée dans la Drôme, qui s’affirme depuis 25 ans comme l’un des leaders français du désamiantage et de la dépollution. L’expertise et le savoir-faire de DI accumulé avec une centaine de chantiers à son actif (station du RER de Saint-Michel, trains corail de la SNCF, navires porte-conteneurs à l’international, etc.) permettent à l’entreprise de laisser passer la crise sans inquiétude trop marquée.

Bien sûr, comme la majorité des sociétés françaises, ses activités ont été impactées par la crise sanitaire. Mais aujourd’hui, même si la reprise n’est pas encore possible sur tous les chantiers, son organisation, sa flexibilité et la spécificité de son métier lui permettent de retrouver une activité satisfaisante. « Nous sommes confiants quant à la pérennité de notre marché : les fondamentaux d’avant-crise étaient excellents, le besoin et l’expression du besoin en dépollution sont forts et les projets décalés ne seront certainement pas annulés du fait du caractère nécessaire de notre service », explique ainsi Hugo Rosati, directeur général de DI Environnement. "A plus long terme, nous espérons que les effets macroéconomiques seront limités et nous continuons donc de nous structurer pour poursuivre sur la voie de la croissance".

Le commerce dit « de grande consommation », intégrant l’alimentaire, l’hygiène et les produits ménagers, est également, parmi d’autres, un secteur épargné, qui a bénéficié des inquiétudes sanitaires et de la fermeture des restaurants. Les fabricants de matériaux plastiques, visières ou autres présentoirs, ont aussi dû faire face à une demande exponentielle. La société Abaqueplast, distributeur de matières plastiques basé en banlieue parisienne, a ainsi concentré son activité sur les écrans de protection. Dans un autre domaine, WeCasa, une plateforme spécialisée dans les soins à domicile (coiffure, esthétique, ménage, etc.) ressort aussi renforcée de cette période exceptionnelle. Preuve supplémentaire que certaines entreprises, appartenant à des secteurs cruciaux et capables de flexibilité, réussissent à nager à contre-courant.