Re-confinement : les dirigeants doivent tirer les leçons de la première vague
Alors que de nouvelles mesures de confinement entrent en vigueur ce jeudi 29 octobre à minuit pour lutter contre la reprise du COVID-19 sur le territoire, de nouveaux défis se présentent pour les entreprises.
Certaines entreprises doivent revenir au télétravail autant que possible, d'autres dans les secteurs jugés "non essentiels" doivent baisser le rideau, rebasculant des milliers d'actifs en chômage partiel ou total. Les métiers de première nécessité vont, quant à eux, une nouvelle fois se retrouver en première ligne, des soignants aux commerçants essentiels. Quelle que soit la situation, il est indispensable de tirer les leçons du premier confinement.
Cette nouvelle décision du gouvernement, bien qu’attendue, ne sera pas sans impact sur le moral des français. Selon l’Insee, le moral des ménages avait d’ailleurs déjà légèrement baissé en octobre, l’institut reportait notamment une baisse de confiance dans leurs perspectives financières malgré une progression identifiée au mois de septembre. Sachant qu’un mois de confinement coûterait "entre 50 et 75 milliards d'euros" et 2,5 points de PIB à l'économie, selon les estimations du Medef, il y a fort à parier que ce nouveau confinement affecte plus sérieusement le moral et le pouvoir d’achat des français, qui doutent déjà de pouvoir fêter Noël en famille.
Le maintien de l’économie repose sur les dirigeants
Bien que les mesures soient plus souples, avec le maintien des écoles et la possibilité de se rendre sur son lieu de travail, le confinement reste une réalité lourde et qui demande davantage de résilience de la part des citoyens. Pour que ces semaines à venir se déroulent dans les meilleures conditions, les dirigeants du pays et des entreprises doivent accompagner les populations qui étaient à risque lors de la précédente vague. Pour ce faire, ils doivent absolument mettre rapidement en place des solutions de dialogue réguliers avec les salariés. En effet, nous avons pu constater que seuls 12% des dirigeants d'entreprise étaient prêts en mars dernier et la communication en interne au sein des organisations ainsi que les conditions de travail ont été mises à rude épreuve dans le cadre de cette situation alors inédite.
Les 18-35 ans doivent faire l’objet d’une attention particulière, ces derniers étant ressortis comme une population à risque lors de la première vague. Ils avaient en effet exprimé un fort sentiment d’anxiété, d’isolement ainsi que des craintes liées aux conditions de travail. Des ressentis qui seront sans aucun doute toujours présents, à peine quelques mois après la reprise. Par conséquent, les directions RH doivent se tenir prêtes – si elles ne le sont pas déjà – si elles ne veulent pas risquer de passer à côté de populations qui s’isolent ou se retrouvent en détresse, et surtout en vue de préserver la cohésion entre les salariés. Qui dit cohésion, dit communication. Celle-ci doit être claire et accompagnée d’une résistance face à la situation. Ces actions, simples, ont été clé dans la hausse d’engagement des collaborateurs à distance constatée lors du confinement.
Se méfier de l’arbre qui cache la forêt
Au cours des semaines à venir, 15% de la population active pourrait être en détresse par manque d’interactions sociales, 30% en risque d’anxiété et de stress dont 5,2% pour les générations X et Y, et près de 40% des actifs pourraient être angoissés par rapport à leur continuité d’activité, d’après nos recherches. C’est pourquoi, sur cette période, les dirigeants ne pourront, ni ne devront laisser ces populations identifiées comme « à risque » livrées à elles-mêmes. Ils doivent travailler avec les RH afin de s’assurer de leur santé mentale et anticiper les potentiels risques, en étant proches des collaborateurs et en analysant autant que possible les signaux faibles.
Mettre en place dès à présent des dispositifs de suivi et des moyens de garder le lien permettra de veiller à la productivité des employés, leur bien-être et donc leur engagement sur le long terme. Le sentiment de sécurité qui accompagnera ces pratiques, garantira qu’à la sortie de la crise, l’employé restera engagé parce qu’il se sera senti soutenu et écouté. Et réciproquement, il aura soutenu son dirigeant pour maintenir l’entreprise en activité.
Une pandémie telle que celle que nous vivons, plonge le monde dans l’incertitude, et les gouvernements n’ont d’autres choix que de garder une marge d’adaptation. Toutefois, ces périodes de crise sont de réelles opportunités à saisir pour améliorer les processus déjà en place grâce à des décisions éclairées sur la base de l’expérience du premier confinement, mais également pour s’adapter et accompagner les populations. Ces mêmes règles s’appliquent aux entreprises. Huit mois après la première vague, les directions ne peuvent plus naviguer à vue dans leur gestion. Fortes d’une première expérience et d’analyses de l’impact du confinement sur le moral de leurs salariés, elles se doivent de capitaliser sur les apprentissages et de mettre en place des dispositifs de détection des risques et de dialogue régulier. Sans cela, elles risquent de se retrouver à gérer les organisations à distance et à l’aveugle de tous indicateurs humains. Une telle situation pourrait, cette-fois ci, avoir des conséquences néfastes sur leur productivité et, de fait, sur leur pérennité.