Evènementiel et coronavirus, il faut sauver notre industrie

A l'heure où règne une incertitude extrême sur les prochaines restrictions liées au feuilleton covid-19, l'industrie événementielle est au plus mal. Face aux pertes colossales qui se chiffrent en milliards, une solution pérenne est à trouver rapidement pour sauver cette industrie.

Un secteur paralysé

Acculée, l’industrie événementielle ne sait plus sur quel pied danser. Référentiel sanitaire, jauges, gestes barrières ou encore restrictions de déplacement, toutes ces réglementations imposent une remise en question quasi journalière des organisateurs qui se noient dans cette incertitude.

De plus, il a été démontré que le coronavirus avait un impact très fort sur notre état psychologique. En effet, une étude dans la revue « Encéphale » (éditeurs en chef : Raphaël Gaillard & Marc Masson – Hôpital Saint Anne) publiée en Juin 2020 a démontré que 35 % des participants présentaient des symptômes [ndlr du type anxiété, dépression, compulsion, etc.] légers à modérés, et 5 % des symptômes nécessitant un recours aux soins.

Cette sidération psychologique est renforcée par un manque de vision moyen/long terme qui oblige les acteurs du marché à vivre dans l’urgence, enchaînant annulation sur annulation. Pour autant, les choses n’ont pas nécessairement besoin de rester ainsi. La solution n’est pas manichéenne. Annuler un événement IRL (dans la vraie vie), le reporter ou le transformer en événement 100% digital ne sont pas les seules options.

Donnez-moi un marteau et je taperai sur tous les problèmes

Le concept du "Marteau de Maslow" pourrait nous aider à comprendre la situation. En effet, comme le formula Abraham Maslow en 1966, "J'imagine qu'il est tentant, si le seul outil dont vous disposiez est un marteau, de tout considérer comme un clou".

Depuis le mois de Juin nous menons une enquête terrain sur de nombreux acteurs de la filière événementielle pour voir s’ils étaient bloqués par ce biais cognitif.

La question posée était la suivante :

Est-il plus pertinent d’annuler les événements ou de les maintenir malgré les conditions sanitaires qui imposent des règles strictes et difficiles ?

Nous avons observé 4 types de réactions :

  • L’annulation ferme de l’événement, motivée par l’envie de ne pas faire les choses à moitié (marteau de Maslow) à plus de 75%...
  • Le report de l’événement, motivé par l’espoir de pouvoir le réaliser dans les conditions habituelles à une date ultérieure (marteau de maslow encore)
  • La transformation en événement digital, motivée par la résistance à l’annulation et l’envie de marquer le coup, pour ne pas décevoir
  • L’adaptation rapide aux nouvelles contraintes sous un format hybride alliant digital & physique, motivée par l’envie d’offrir une expérience marquante malgré les conditions sanitaires

C’est cette dernière réaction qui nous a le plus inspirée car elle semble parfaitement adaptée à la situation actuelle, bien qu’elle soit marginale dans notre étude. Certains acteurs de l’événementiel ont vraiment redoublé de créativité pour offrir une expérience hors du commun afin de revenir sur l’un des piliers de l’événementiel : l’expérience.

Evidemment, ce type d’organisation nécessite une réflexion hors des lignes et une prise de risque car ce nouveau modèle est encore assez peu connu.

Parmi les exemples, nous avons relevé :

  • L’édition en réalité virtuelle du Laval Virtual. Très adapté à la transformation d’un grand salon, ce format a cependant un coût non négligeable. La bonne nouvelle, c’est que des experts du sujet existent (Virbela).
  • La création de micros événements (limités à 10 personnes) reliés par les outils digitaux. Un total de plusieurs centaines de participants a déjà été atteint avec succès.
  • La création d’une expérience à distance, par exemple un cours de cuisine ou une dégustation de vin, en expédiant une box en kit directement chez le participant. Très adapté à l’événementiel interne ou aux événements VIP, ce format fonctionne sur des groupes plus petits.

Finalement, ce que l’on observe, c’est que la seule limite est la créativité. De nombreuses solutions ont été développées pendant le confinement et les moyens ne sont plus réellement le problème.

La reconversion des acteurs spécialistes de l’événementiel IRL est en cours. Certains ont même radicalement pivoté pour développer des outils favorisant les interactions pour les événements digitaux.

Une solidarité de mise

Ce que l’on doit absolument s’imposer, si l’on veut sauver l’événementiel, c’est une solidarité absolue entre tous les acteurs de la chaîne de valeur.

La chaîne de responsabilité pose parfois problème car le premier à craquer risque d’endosser toute la responsabilité. Il en résulte une paralysie face à l’action qui renforce le cercle vicieux dans lequel est actuellement pris l’événementiel.

Plutôt que d’essayer de sauver les meubles, soyons ambitieux et cherchons à réinventer notre profession, main dans la main. Ensemble, nous irons plus loin.

Sortons du prisme de l’événementiel IRL. Jetons le marteau dont nous avons hérité et essayons d’inventer nos propres outils pour un événementiel plus solide face à la crise sanitaire. Peut-être même que ces nouveaux outils deviendront la norme d’un événementiel avec moins de déplacements, moins d’énergie consommée et donc plus durable ?