COVID-19 : pourquoi " emmerder " les entreprises ?

L'obligation des trois jours obligatoires de télétravail par semaine oblige les entreprises à mettre en place une nouvelle organisation. Une contrainte de plus alors qu'elles mettent tout en œuvre pour lutter contre la propagation du virus tout en devant prendre soin de la santé mentale de leurs collaborateurs.

Pour les chefs d’entreprise, l’année 2022 a plutôt mal commencé. Engagés comme beaucoup dans la lutte contre la pandémie, le virus Covid-19 et ses différents variants dont Delta et le dernier Omicron, ils avaient jusque-là tout fait pour adapter l’organisation de leur entreprise aux contraintes sanitaires, tout en veillant à préserver l’esprit collectif et à protéger l’activité économique. Certains avaient mis tout le monde en télétravail, d’autres avaient préféré des systèmes à la carte. La liberté avait prévalu, dans un esprit de responsabilité.

Avec la vague Omicron, le gouvernement a décidé de durcir le ton et, faute de pouvoir imposer le passe sanitaire ou vaccinal dans les entreprises – l’obligation de vérification aurait vite tourné à l’enfer social - , il a décidé, par la voix de la ministre du Travail, de sanctuariser trois jours obligatoires de télétravail par semaine. Finie la liberté, voici le temps de la contrainte, assorti de la « promesse » très française de milliers de contrôle à la clé. Et pour les dirigeants, DRH et managers, la nécessité de remettre à plat toute l’organisation et d’instaurer des process lourds pour pouvoir continuer à faire tourner les entreprises avec une présence des salariés à seulement 40% voire 20%.

Winston Churchill disait : “on considère le chef d’entreprise comme un homme à abattre ou une vache à traire. Peu voient en lui le cheval qui tire le char ». Un cheval aujourd’hui condamné à l’écartèlement. Car il doit tout à la fois contribuer à la lutte contre la circulation du virus, et veiller au bien-être de ses collaborateurs et à leur santé mentale, mise à rude épreuve avec les contraintes et l’isolement provoqués par le travail à distance. Un enjeu de taille sachant que les télétravailleurs sont 41% à se sentir isolés et 37% à être angoissés[1]. Et puis le chef d’entreprise doit, bien sûr, également contribuer au développement de l’activité économique. La quadrature du cercle.

Espérons que l’obligation de télétravail soit définitivement levée le 2 février prochain comme prévu, sinon beaucoup risquent de céder au découragement. On entend déjà parler de dirigeants qui raccrochent les gants, qui préfèrent vendre, voire arrêter leur activité plutôt que de continuer à jouer dans « mission impossible ». Ce mouvement, s’il se confirme ou pire s’amplifie mettra une hypothèque sur la croissance économique et le rôle des TPE (très petites entreprises), PME et ETI (entreprises de taille intermédiaire) au service de cette croissance.

Pour éloigner ce spectre, il faut redonner aux entreprises davantage de liberté et de souplesse dans la situation actuelle et non leur imposer à chaque fois de nouvelles obligations et de nouveaux carcans. Les fragiliser alors que la vague Omicron va sans doute retomber dans quelques semaines, c’est les mettre en situation tendue alors même qu’elles doivent préparer le redémarrage et l’accélération que tout le monde espère pour le premier trimestre. Et c’est les sanctionner alors qu’elles ont été exemplaires dans leur lutte contre le Covid-19. Osons faire confiance aux entreprises, à leurs dirigeants et à leurs collaborateurs ! Comme nous, patrons et managers, faisons de plus en plus confiance à l’intelligence collective pour développer la performance de nos entreprises et le bien-être de nos équipes – responsables.

[1] Etude Harris Interactive pour le ministère du travail sur la pratique du télétravail – Décembre 2021