Leadership féminin : Un enjeu essentiel pour la performance économique

La sous-représentation des femmes à des les postes de direction persiste, malgré les avancées législatives et les appels en faveur de la diversité et de la parité. Quels sont les impacts financiers ?

Bien que la France soit parmi les meilleurs élèves en matière de féminisation des conseils d'administration en entreprise, seulement 26% des postes de direction dans lesdites entreprises sont occupés par des femmes, et 6% dans les sociétés de plus de 250 salariés. 

La Parité dans les instances dirigeantes : catalyseur de succès économique

Les attentes du public sont quant à elles en évolution, comme le révèle une étude de l'IFOP, les Français expriment un désir croissant de voir plus de femmes occuper des postes de direction. En effet, 74% des Français souhaitent voir davantage de femmes aux postes de direction. Cette pression sociale croissante pourrait être un catalyseur pour un changement tangible dans la composition des instances dirigeantes.

En 2024, l'équité entre les sexes dans les instances dirigeantes n'est plus simplement une question de justice sociale, c'est également un impératif économique et stratégique. Comme le souligne Christine Lagarde, directrice générale du Fonds monétaire international, les femmes représentent une source d'enrichissement pour l'économie : “Si les femmes accédaient à l'emploi dans les mêmes conditions que les hommes, l'Union européenne enregistrerait une augmentation du PIB de l'ordre de 10% d'ici 2050.” 

Une étude de McKinsey & Company, démontre que les entreprises qui intègrent davantage de femmes dans leurs équipes dirigeantes sont plus performantes sur le plan financier. En effet, les entreprises dirigées par des femmes affichent une performance financière supérieure, avec une rentabilité des capitaux propres 37% plus élevée en moyenne. Les recherches de McKinsey indiquent également que les entreprises les plus diversifiées ont 25% plus de chances d'afficher une rentabilité supérieure à la moyenne de leur secteur. Ainsi, les femmes dirigeantes qui plaident pour la diversité non seulement favorisent l'inclusion mais renforcent également la compétitivité de leur entreprise. 

Pourtant, malgré cette reconnaissance croissante de la valeur ajoutée des femmes dans les postes de direction, les chiffres restent décevants. En effet, le constat est tout de même alarmant : les femmes se partagent les sièges, mais pas le pouvoir. Le pouvoir reste donc largement entre les mains masculines, avec seulement 10% des postes de direction exécutive occupés par des femmes. 

Des quotas à l'égalité : Repenser les quotas pour l'avenir

La solution à cette sous-représentation des femmes dans les postes de direction est cependant loin d'être univoque. En France, des initiatives législatives ont été adoptées dans ce sens, visant à imposer des quotas de femmes dans les conseils d'administration des grandes entreprises. Certains préconisent même l'introduction de quotas plus contraignants. 

Des quotas de 40% d'ici 2030 ? La question des quotas fait débat, mais il est nécessaire de prendre des mesures audacieuses pour atteindre une parité réelle. Les opposants aux discriminations positives argumentent qu'ils pourraient conduire à une stigmatisation des femmes nommées dans ces postes, en les considérant comme des choix par défaut plutôt que sur la base de leurs compétences. 

Une autre approche intéressante proposée par Deloitte, suggère d'étendre le champ d'application des quotas pour favoriser la parité dans d'autres milieux professionnels. Cette proposition offre une vision plus globale de la question, reconnaissant que la diversité et l'équité des sexes ne se limitent pas aux postes de direction, mais s'étendent à tous les niveaux de l'entreprise.

Promotion de l'équité salariale et de l'inclusion au sein de l’entreprise

Au-delà des quotas, il est crucial d'adopter une approche holistique pour promouvoir la diversité et l'inclusion aux postes de direction. Des initiatives telles que la sensibilisation des managers, la formation à la lutte contre les biais inconscients et la mise en place de programmes de mentorat peuvent contribuer à créer un environnement propice à la progression des femmes vers des postes de direction. 

Le mentorat est aussi un levier non négligeable à la montée des femmes à des postes de direction et d'exécution. Les mentorées bénéficieraient de la création d'un réseau professionnel diversifié, essentiel pour surmonter les obstacles auxquels les femmes sont confrontées dans l'industrie technologique et des filières STEM (science, technologie, ingénierie et mathématiques), en général.  

Les femmes dirigeantes ont en effet le devoir et le pouvoir de remodeler les politiques d'inclusion et de diversité au sein des entreprises technologiques. Des personnalités comme Isabelle Kocher, ancienne directrice générale d'Engie, ont mis en place des actions concrètes pour garantir une rémunération et un accès aux postes à responsabilités équitables. Engie a mis en place un programme de mentoring ambitieux qui accompagne 100 femmes par an en France. Une opération fructueuse comme 40% des femmes passées par ce programme sont aujourd’hui dans le comité de direction d'une business unit de l’entreprise. 

D’autres entreprises telles que Salesforce ont mis en place des politiques ambitieuses pour promouvoir la diversité, impactant positivement leur image et leur attractivité en tant qu'employeur.  Par exemple, l’initiative « 1000 femmes pour la Tech », portée par la patronne de Salesforce France, Emilie Sidiqian et Marie Petitcuenot, Directrice Impact vise à encourager les femmes à s'orienter vers des métiers de la Tech, qu’il s’agisse d'encourager l’inclusion en entreprise ou dans le cadre de retour à l'emploi. 

En fin de compte, la sous-représentation des femmes dans les instances dirigeantes des entreprises ne peut être résolue par une solution unique. La question de la féminisation des postes de direction est complexe et nécessite une approche nuancée, où l’engagement collectif, tant de la part des hommes que des femmes est nécessaire. Les chiffres parlent d'eux-mêmes, et il est temps de transformer les aspirations en réalités tangibles pour une économie plus équitable et performante.