Bien se positionner pour bien communiquer

Pour réussir nos communications, le positionnement que nous adoptons vis-à-vis de nous-même et de nos interlocuteurs est un facteur clé. L’analyse transactionnelle et l’approche système nous donnent des moyens concrets pour ajuster au mieux notre positionnement.

Qu’est-ce que les positions de vie ?

Les positions de vie ou positions sociales, formalisées par Eric Berne, ont été représentées par Frank Ernst junior en 1978 dans un tableau intitulé « enclos OK ». Les positions de vie correspondent à la façon dont nous nous positionnons par rapport à nous-mêmes et par rapport aux autres. Ce positionnement résulte de la combinaison de deux facteurs.

Le premier, nous concerne personnellement. Il correspond à l’image que nous nous faisons de nous-mêmes ou formulé différemment de la valeur que nous nous attribuons. Nous considérons-nous comme quelqu’un de bien ? comme porteur de valeur ? nous faisons-nous confiance ? nous acceptons-nous ? Si nous répondons positivement à ces questions, l’analyse transactionnelle dit que nous sommes "OK+" ou en accord positif avec nous-mêmes. Au fond, nous nous considérons comme quelqu’un non pas de parfait mais de bien. Nous avons une bonne image de nous-mêmes, nous considérons que nous agissions le mieux possible dans les situations auxquelles nous sommes confrontées. Si au contraire, nous répondons négativement, elle dit que nous sommes «OK-» ou en  désaccord  avec nous-mêmes. Nous avons alors une mauvaise image de nous-mêmes.

Le second, concerne l’autre ou les autres en général (par exemple nos collaborateurs pour un manager), celui ou ceux avec qui nous allons communiquer. Quelle image avons-nous de lui ou d’eux. Comme pour nous, nous pouvons en avoir une image positive (ils sont bien..) nous dirons qu’ils sont « OK+" ou négative.


Les quatre positions de vie

Quand on combine les deux facteurs évoqués, nous avons quatre positions de vie possibles.

La première position de vie symbolisée (OK+/OK+) : je suis quelqu’un de bien, les autres aussi. On se trouve alors dans une position dite de coopération. Dans cette position nous allons pouvoir échanger, communiquer de façon constructive. Cela même si nous sommes en désaccord sur certains points, car à la base, il y une attitude de respect et de reconnaissance qui favorise l’établissement d’un climat et d’une relation de confiance. C’est bien évidemment le positionnement la plus favorable pour communiquer, progresser, coopérer, résoudre les problèmes, réaliser des projets, négocier des compromis/accords gagnants/gagnants.

La deuxième position de vie symbolisée (OK+/OK-) : je suis quelqu’un de bien mais l’autre ou les autres ne le sont pas, ou du moins, ils sont moins bien que moi. On se trouve dans une position dite de domination/supériorité, de survalorisation de soi et de dévalorisation des autres. J’ai la solution, pas les autres ; je sais, ils ne savent pas.

Ce positionnement qui vise à soumettre les autres ne permet pas d’établir une communication constructive, positive. Cette position peut donner l’illusion de gagner lorsque les autres, par exemple nos collaborateurs,  obéissent, acceptent, se soumettent mais elle ne permet pas d’obtenir de l’adhésion. En fait, elle génère chez les autres : frustration, déception, rancœur, voire désir de vengeance. En outre, elle nous prive de ce que les autres peuvent apporter en termes d’idées, de solutions…. Elle fait l’impasse sur l’intelligence collective. Enfin, cette position est potentiellement la plus conflictuelle car ceux que l’on veut soumettre peuvent réagir et parfois avec violence. On perçoit aisément de quelle valeur ajoutée le manager va se priver.

La troisième position de vie symbolisée (OK-/OK+) : je ne suis pas quelqu’un de bien, les autres sont bien ou du moins sont mieux que moi. On se trouve dans une position dite de dévalorisation/dépendance/infériorité, sous-estimation de soi, voire de soumission et de valorisation/survalorisation des autres. Ils ont la solution, pas moi ; ils savent, pas moi.

Ce positionnement entraîne des comportements de retrait, de passivité, de dépendances avec la production d’une image de soi négative et la production d’émotions et de sentiments comme la frustration, la déception, la peur. Il ne permet l’établissement d’une communication constructive, positive. Nous laissons la main aux autres, nous nous mettons en dépendance des autres. On comprend aisément que ce positionnement ne permet pas de manager et encore moins d’exercer un leadership.

La quatrième position de vie symbolisée (OK-/OK-) : je ne suis pas quelqu’un de bien, les autres non plus. On se trouve dans une position dite de résignation, de démission, voire de désespérance. Je n’ai pas la solution, les autres non plus ; je ne sais pas, les autres non plus.

Ce positionnement qui fort heureusement touche rarement de façon définitive la totalité de la personne amène à ne pas agir, voire à ne pas communiquer (à quoi ça sert) ou à communiquer pour faire un constat d’impuissance, de fatalisme négatif. Positionnement évidemment inadapté au management, au leadership ou tout simplement à une réelle coopération.


Nous entraîner à adopter un positionnement (OK+/OK+)

Ce positionnement nous l’avons dit est le plus propice à l’établissement d’une relation et d’une communication positive. En outre, ce positionnement est celui qui naturellement nous satisfait le plus. Il répond à notre tendance profonde d’être humain d’établir des relations harmonieuses de confiance. C’est ce que nous trouvons dans les relations amoureuses, amicales, fraternelles, complices….

Pour adopter ce positionnement (OK+/OK+) nous devons conscientiser au mieux 

ce qui fait notre valeur : nos connaissances, nos compétences, nos capacités, nos talents, ce que nous avons réussi, là où nous continuons à progresser, les enseignements que nous avons tiré de nos échecs, nos qualités morales...

ce qui fait la valeur de nos interlocuteurs : leurs connaissances, leurs compétences…

Le positionnement (OK+/OK+) est le seul qui permettra de communiquer constructivement et de coopérer. Cela parce que le manager a confiance en lui et en ses collaborateurs. Confiance ne veut pas dire aveuglement, mais confiance en la capacité de chacun à faire de son mieux et à progresser là où c’est nécessaire. Rappelons que dans l’analyse transactionnelle comme dans la PNL, on retrouve un postulat tout à fait essentiel : « chacun de nous, dans une situation donnée, telle qu’il la perçoit, fait de son mieux et fait les meilleurs choix parmi ceux qu’il connait.» Le progrès, c’est donc notre capacité à enrichir/élargir la palette de nos choix et à appréhender les situations de la façon la plus objective possible. Cela passe par un réel travail d’observation et de compréhension de soi, des autres et des situations auxquelles nous sommes confrontées.

Outre la confiance mutuelle, le positionnement (OK+/OK+) repose sur une reconnaissance mutuelle. Reconnaissance de sa valeur par soi et les autres (les collaborateurs dans notre exemple); reconnaissance de la valeur des autres (ici les collaborateurs).


Une approche complémentaire empruntée à la systémique : les relations fonctionnelle et dysfonctionnelles

Comme nous allons le voir, dans une relation on peut adopter trois positions :

-    Une position haute : par exemple, en tant que manager je dirige, je donne des directives, je tranche,

-    Une position égalitaire : par exemple, nous recherchons ensemble manager et collaborateurs la meilleure solution,

-    Une position basse : par exemple, en tant que collaborateur j’applique les directives qui me sont données.


Les relations fonctionnelles

Une relation sera fonctionnelle lorsque les intéressés acceptent la répartition des pouvoirs (position haute, égalitaire ou basse) car ils considèrent qu’elle convient au contexte, à la situation, aux rôles acceptés par les uns et les autres.

-   En tant que manager, j’adopterai une position « haute » lorsqu’il est de ma responsabilité de donner certaines directives (missions à remplir, stratégie à suivre…), position qu’attendent mes collaborateurs,

-    Manager et collaborateurs, nous adoptons une position égalitaire quand ensemble, nous réfléchissons à l’organisation à mettre en place pour remplir les missions,

-    Manager, j’adopterai une position basse lorsque je demande à un de mes collaborateurs expert sur un sujet de bien vouloir m’expliquer les choses.

Si nous relions cela aux positions de vie, lorsque nous sommes en position (OK+/OK+) et que le contexte s’y prête, nous pouvons adopter l’une quelconque des trois positions (haute, égalitaire ou basse). Car dans la position haute il n’y a pas d’intention de domination et dans la position basse il n’y a pas de soumission. Quelle que soit la position, on s’accorde de la valeur et on en accorde aux autres. Ce qui caractérise les relations fonctionnelles, c’est leur souplesse. Quel que soit le rôle de chacun, sa position hiérarchique (manager ou collaborateur) on adoptera la position qui convient le mieux à la situation en fonction du contexte, des rôles, des compétences de chacun et des buts poursuivis.


Les relations dysfonctionnelles

Les relations dysfonctionnelles correspondent à une rigidité de la position adoptée cela indépendamment du contexte.

Par exemple, si on relie cela aux positions de vie :

-    Un positionnement (OK+/OK-) correspond à l’adoption systématique/rigide d’une position haute. Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que ce n’est pas le type même de la relation qui est dysfonctionnel, c’est son usage non contextualisé, inadapté aux circonstances présentes,

-    Un positionnement (OK-/OK+) correspond à l’adoption systématique/rigide d’une position basse. Là aussi non contextualisée,

-    Un positionnement (OK-/OK-) correspond à l’adoption systématique/rigide d’un positionnement égalitaire négatif.


Que conclure ?

Pour un manager, pour les collaborateurs et plus largement pour toutes personnes, adopter un positionnement (OK+/OK+) au sein duquel on joue pertinemment avec souplesse des trois positions haute, basse ou égalitaire, c’est ce qui permet de communiquer, de coopérer et de grandir avec efficacité et plaisir. C’est aussi ce qui permet à chacun d’être une personne significative pour elle et pour les autres, donc d’avoir une identité valorisante et valorisée.