Le leader sourche d'attachement

Le leadership suppose que l’on décide volontairement, indépendamment du lien hiérarchique ou de la position, de suivre une personne. Cette adhésion volontaire ne peut se réaliser que si se noue une relation d’attachement entre la personne (collaborateur ou autre) et le leader.

Qu’est-ce qu’une relation d’attachement

Pour un adulte, on peut définir la relation d’attachement, comme une relation qui permet de répondre à des besoins émotionnels et cognitifs importants pour lui ; citons :

  • Se sentir accepté inconditionnellement tel que l’on est
  • Se sentir apprécié, aimé
  • Être reconnu dans ses compétences, dans ses actions, dans ses résultats
  • Être en sécurité
  • Savoir, être informé
  • Comprendre (ce qui se passe, le sens des actions et des projets….)
  • Avoir confiance en soi, en l’autre, en les autres

De tous ces besoins, on peut dire que ce qui domine, lorsqu’on s’attache à quelqu’un, c’est d’abord se sentir rassuré. C’est pourquoi, on parle "d’Attachement sécure". On estime qu’en moyenne, un adulte a de trois à six figures d’attachement principales (vie privée et vie professionnelle confondues). Ces figures ne sont pas figées, elles peuvent évoluer au cours de la vie et au fil des expériences.

Rappelons que ce besoin d’attachement apparaît très précocement chez le bébé qui a besoin d’une figure parentale d’attachement, qui lui apporte sécurité et quiétude.

Lorsque l'on se trouve dans un contexte (privé ou professionnel) où l’on a le sentiment :

  • de ne pas trouver de réponses aux besoins ci-dessus évoqués,
  • de ne pas pouvoir "Compter sur", qu’il faut se débrouiller seul, et/ou qu’il faut taire ses sentiments, et/ou qu’on ne peut pas exprimer ses besoins, on parlera de situation "Insécure".

Dans le monde professionnel, ça se rencontrera notamment lorsque l’on a des managers qui répondent aux abonnés absents ou qui ont des postures autoritaires/autocratiques.

Un manager ou tout dépositaire d’un pouvoir, s’il veut devenir un leader a donc intérêt à mettre en œuvre des comportements qui favoriseront "l’Attachement sécure".

Il faut également bien comprendre que créer positivement une relation sécure d’attachement, ce n’est pas mettre l’autre dans la dépendance, mais c’est lui permettre au contraire une meilleure croissance, à commencer par le développement de ses capacités d’autonomie.

Les avantages de "l’Attachement sécure"

Lorsqu’une personne, notamment un collaborateur dans une entreprise, peut développer ce type d’attachement, il va plus facilement :

  • S’investir
  • Oser proposer
  • Être ouvert au changement, à l’innovation
  • Prendre des initiatives
  • Acquérir de nouvelles connaissances et compétences
  • Développer des relations constructives avec son manager, ses collègues, ses différents partenaires de travail
  • Faire confiance
  • Avoir une meilleure capacité de résilience face aux difficultés et aux accidents de la vie
  • Être capable de demander de l’aide
  • Apporter de l’aide

Que peut faire un leader pour favoriser l’émergence des attitudes et des comportements d’attachement sécure ?

L’attachement d’une personne à son manager pour transformer ce dernier en leader, est plus ou moins facile et rapide selon les personnes et leur vécu antérieur. Un leader va donc devoir construire des contextes relationnels/émotionnels et organisationnels qui répondent aux critères suivants :

  • Faire preuve d’un respect inconditionnel des personnes
  • Être à l’écoute
  • Faire preuve d’empathie
  • S’intéresser sincèrement aux personnes
  • Développer sa capacité à faire lucidement confiance (en tenant compte des compétences et des capacités émotionnelles et techniques des personnes)
  • Identifier les valeurs ajoutées individuelles et collectives qu’il peut apporter (transfert de compétences, expression de signes de reconnaissance…)
  • Informer
  • Donner du sens
  • Donner le droit à l’erreur
  • En cas de problème, ne pas chercher de coupable mais des solutions
  • Associer, coconstruire, codécider
  • Déléguer
  • Tenir ses engagements
  • Être exemplaire
  • Accepter et gérer au mieux la complexité et les oppositions qui caractérisent les relations humaines au sein d’un collectif : solidarité et concurrence/rivalité ; complicité et opposition ; convergence et divergence des intérêts, motivations convergentes et divergentes, ….
  • Faire du "Caregiving" (prendre soin de)
  • Pour conclure

Ce sont les autres (nos collaborateurs, nos amis….) qui font de nous ou non un leader. Pour être un leader, il faut être/devenir une source d’attachement. Il faut bien intégrer le fait que la performance, la capacité à évoluer, la mobilisation des compétences, le développement de ces dernières, la santé émotionnelle, la santé tout court sont largement conditionnés par la qualité des relations que le leader saura instaurer, notamment par sa capacité à construire des contextes sécures.  Tout cela, n’est pas seulement le fait de discours, mais de la réalité des comportements mis en œuvre par le leader. Cela est d’autant plus important aujourd’hui dans un monde souvent perçu comme insécure car marqué par l’incertitude, le changement continu, la précarité des positions acquises, c’est-à-dire un monde producteur d’insécurité et d’anxiété. Ajoutons qu’un leader qui favoriser cette relation d’attachement, bénéficiera lui-même de retours relationnels plus positifs, marqués notamment par l’empathie et la reconnaissance. Ainsi, on casse les relations de pouvoir asymétriques en y substituant des relations marquées par la réciprocité positive.