Réduire l'impact de l'infobésité pour améliorer le cadre de travail
La donnée (data) est vue comme le nouvel or noir pour les entreprises, mais à trop la stocker, l'échanger sans la traiter... Attention à la marée noire !
Au cours des deux dernières années, nous avons pu mesurer les avantages de la numérisation de l’espace de travail. Les mesures de confinement décidées par le gouvernement, ayant imposé le télétravail pour limiter la propagation du Covid-19, ont mis en évidence l'importance des services dans le Cloud pour assurer la continuité des activités alors que les collaborateurs restaient chez eux, en toute sécurité.
Malgré les réticences managériales, le télétravail ou une approche hybride devrait petit à petit s’imposer comme la nouvelle norme. Une enquête récente a ainsi révélé que 79 % des dirigeants d'entreprise accorderaient aux collaborateurs dont le poste le permet de partager leur temps et leur lieu de travail entre bureau, domicile ou tiers-lieu. Selon une autre étude, l'attrait pour le travail hybride est tel que 31% des salariés envisagent de quitter leur emploi s'ils devaient retourner au bureau à plein temps.
Les avantages d’une entreprise numérique ne sont toutefois pas sans contrepartie. Si les données générées par de multiples utilisateurs sur de multiples plateformes, peuvent être utiles aux entreprises, la masse d’information peut s’avérer trop importante et menacer les efforts de productivité de l’entreprise. L’"infobésité" est un défi à résoudre au plus tôt, avant qu'elle n’affecte de manière irrévocable l'humeur et l'efficacité des collaborateurs.
Du bureau "présentiel" au bureau numérique
Alors que le pire de la pandémie est derrière nous, le travail hybride semble se pérenniser. Les organisations doivent repenser leur fonctionnement. Les mesures exceptionnelles, mises en place en urgence au moment des confinements sont obsolètes ; il faut désormais s'assurer que les architectures informatiques et les process sont solides, sécurisés et répondent aux besoins de l'entreprise, de ses salariés et de ses clients.
Les entreprises sont incitées à passer d’un fonctionnement basé sur le lieu de travail à un modèle plus agile, adapté aux relations interpersonnelles dans un environnement numérique. Le Cloud, associé à une infrastructure réseau rapide, résiliente et à large bande passante, permet de fournir un service, partout et à tout moment. C’est à la fois essentiel pour les nouvelles formes de travail mais aussi pour la pérennité des entreprises dans un monde où l'expérience client compte plus que jamais. Ainsi la transformation numérique des entreprises s'accompagne d'une avalanche de données : l’infobésité.
Infobésité : le diable est dans la surabondance de détails
Si le partage de l'information est utile et nécessaire, notamment pour assurer la continuité des activités en mode hybride, une surabondance d'informations peut avoir l’effet inverse sur les collaborateurs. Trop d’information tue l’information… mais aussi la créativité, la productivité, la proactivité, les relations interpersonnelles pour aboutir, à terme, à déshumaniser l’organisation ou impacter négativement la culture d'entreprise.
En effet, comme les communications se font de plus en plus souvent par le biais d’espaces numériques dits "collaboratifs", le risque est grand de perdre le concept historique d'esprit d'équipe en entreprise. Initialement conçu pour développer la capacité à partager un maximum d'informations, et apporter efficacité, efficience et résilience, le collaboratif numérique relègue de fait les relations interpersonnelles au second plan. La conversation autour de la machine à café ne sera jamais aussi informelle qu’autour de la dite machine à café.
L’infobésité pose aussi d’importantes questions d’ordre environnemental. Selon un récent rapport d'IDC, la quantité de données numériques créées au cours des cinq prochaines années sera plus de deux fois supérieure à la totalité des données créées depuis la naissance du stockage numérique. Selon l'Agence Internationale de l'Energie (AIE), les datacenters représentent actuellement près d’1 % de la demande mondiale en électricité, soit 0,3 % de toutes les émissions mondiales de CO2. Si ce pourcentage ne semble pas particulièrement élevé, les modélisations suggèrent que la consommation d'énergie des centres de données de certains pays pourrait atteindre 15 à 30 % de la consommation totale d'électricité nationale.
Ainsi, la lutte contre les effets délétères de l'infobésité sera l'un des principaux défis des entreprises et des espaces de bureau de demain.
Alléger la data pour une bonne hygiène numérique
Malheureusement, notre appétence pour les innovations et les récents développements technologiques tels que la 5G et le Cloud sont les principaux responsables de l'infobésité. Cependant, ces mêmes technologies, utilisées à bon escient, pourraient également nous permettre d’y remédier. L'Intelligence Artificielle (IA), la réalité augmentée et virtuelle (AR/VR) et le Edge Computing sont autant d'exemples de solutions qui doivent être envisagées pour lutter contre l'infobésité.
L'IA et les algorithmes du machine learning allègent significativement la charge de travail dédiée à l'analyse du volume considérable, et croissant, de données; alors que le Edge Computing améliore la vitesse et l'efficacité du traitement des données, tout en réduisant la dépendance à des datacenter trop énergivores. Enfin, la RA et la RV rétablissent la collaboration plus directe entre collaborateurs, où qu'ils se trouvent, pour restaurer les interactions humaines et interpersonnelles. C’est d’ailleurs dans cette optique que le Metaverse, de monde en RV conceptualisé depuis le jeu Second Life (2003), est actuellement développé.
Après avoir initié la transformation numérique du bureau, avec un caractère d’urgence, les entreprises doivent penser leurs bureaux numériques pour un usage à long terme et définir les règles de sécurité et d’hygiène qui s’y appliqueront, comme cela est fait dans des locaux physiques.
Les entreprises doivent donc définir et œuvrer à une meilleure hygiène numérique. Est-il nécessaire d'acquérir autant de données ? Collecter pour collecter des données répond-il à un enjeu stratégique ? Les entreprises devraient plutôt réfléchir aux données indispensables pour comprendre leur marché, leurs clients et prendre des décisions importantes pour se concentrer sur la collecte et l'analyse de ces seules données. Cela représente pour elles un gain d’efficacité, avec l'implication de beaucoup moins de ressources en temps et en hommes.
Le bureau numérique est une réalité, essentielle pour le monde dans lequel nous vivons et travaillons aujourd'hui. Mais les entreprises doivent être conscientes du risque d'infobésité et veiller à prendre des mesures pour minimiser les effets qu'une dépendance excessive à une surabondance d'informations peut avoir sur leur productivité, le bien-être de leurs employés et leur empreinte écologique.